FREE PALESTINE
7 août 2013

Israël : Nous ne pouvons pas perdre notre démocratie, nous n’en avons jamais eu !

Israël : Nous ne pouvons pas perdre notre démocratie, nous n’en avons jamais eu !

mercredi 7 août 2013 - 07h:01

Tsafi Saar – Haaretz


L’illusion d’une démocratie en Israël n’est que l’une des nombreuses illusions pour la croyance desquelles nous, les Israéliens, avons été éduqués.

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                                                                                     « L’armée (d’occupation) la plus morale du monde en action. » 

Bien des hymnes funèbres ont été entendus déplorant la mort de notre démocratie avec la loi sur la Gouvernance votée en première lecture à la Knesset la semaine dernière.

Il y a lieu de se lamenter : c’est effectivement une mesure législative mauvaise et dangereuse. Mais pour qu’une chose meure, encore faut-il qu’elle ait vécu. Existait-il une démocratie en Israël avant le vote sur la Gouvernance ? La réponse est non.

Pendant toutes les 65 années d’existence d’Israël, cet État n’a jamais été un État démocratique. Depuis sa fondation jusqu’en 1966, Israël a imposé une loi martiale sur les communautés arabes dans son territoire. Depuis l’occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza en 1967 jusqu’à aujourd’hui, Israël impose sa loi aux milliers d’habitants palestiniens de ces territoires : une population occupée qui a vu ses libertés et ses droits fondamentaux supprimés.

Il n’y a eu qu’une illusion de démocratie ici, ou bien une démocratie pour les seuls juifs. Termes évidemment contradictoires. Ce n’est que l’une des nombreuses illusions pour la croyance desquelles nous, les Israéliens, avons été éduqués. Il n’est pas facile de découvrir à quel point la vie et l’éducation ici sont gorgées d’endoctrinement, parce qu’en ne faisant qu’érafler légèrement la surface, on ne révèle que la couverture qui recouvre une réalité complètement différente. Certains d’entre nous le découvre dès leur plus jeune âge, d’autres plus tard. Il y a aussi ceux qui ne le découvre jamais, peut-être préfèrent-ils même ne pas le voir.

Parmi les exemples les plus frappants il y a les mythes comme « faire fleurir le désert », ou la déclaration « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » ; des concepts de base du sionisme qui expriment une vision du monde ignorant les habitants de cette terre. Il y a le « travail hébreu  », l’aspiration que les juifs qui ont investi cette terre travaillaient de leurs propres mains au lieu de diriger les autres, ce qui a été perçu comme positif jusqu’à ce que nous comprenions que cela signifiait l’exclusion des Arabes natifs de ce travail. Un autre phénomène mis sur un piédestal est la renaissance de la langue hébraïque. Même si c’était un heureux miracle, il a été rendu possible lui aussi en écartant de nombreuses autres langues et cultures, et pas rarement par la violence ; cela paraît déjà moins réconfortant.

Il existe aussi des clichés comme « notre main est tendue dans la paix », comme nos politiciens ont coutume de le dire alors qu’ils sont toujours à fignoler des ruines. Dans d’autres versions, encore en usage aujourd’hui, il y a des mantras comme « pas de partenaire pour la paix  ». Et qui peut oublier « l’armée la plus morale du monde » ? Cette même armée qui vient récemment d’arrêter un enfant palestinien de cinq ans pour enquête, et cet État qui projette d’expulser 1300 Palestiniens de leurs maisons dans les collines du sud d’Hébron pour économiser du temps et des ressources, pour ne citer que ces deux exemples parmi d’innombrables autres.

Ce sont là des pensées ennuyeuses. Est-il possible que tout ce qu’on nous a enseigné, ou au moins la plus grande partie, soit faux ? Quel est le sens de tout cela ? Et en posant ces questions, nuit-on à notre existence ici ? Si notre existence ici doit être basée sur une forte poigne, sur l’élimination des autres, le nationalisme, le chauvinisme et le militarisme, alors, la réponse est oui. Mais est-ce vraiment le cas ?

Dans l’histoire du sionisme, il y avait d’autres options que celle de la force du style Ben-Gourion. Par exemple, le chemin indiqué par les professeurs Zvi Ben-Dor Benite et Moshe Behar, dans leur livre récemment publié, Pensée juive pour un Moyen-Orient moderne : écrits sur l’identité, la politique et la culture. Des intellectuels juifs originaires du Moyen-Orient au début du XXe siècle avaient prévenu contre l’adoption d’une arrogance européenne à l’égard des habitants de cette terre, et appelé à un dialogue respectueux avec eux. Mais leurs paroles sont tombées dans des oreilles de sourds. La faction Brit Shalom d’Hugo Bergmann et Gershom Sholem avait aussi proposé une autre voie dans les années trente, qui n’a pas été acceptée. (*)

L’État qui s’est établi ici n’était pas, malgré ses prétentions, « la seule démocratie au Moyen-Orient ». Il semble que la première condition pour vraiment fixer cette situation, si c’est encore possible, est de reconnaître que nous n’avons pas aujourd’hui perdu une démocratie. Il n’y en a jamais eu ici.



(*) Désillusion sioniste. Ils devront pousser leur raisonnement jusqu’au bout : il n’existe pas de bonne voie pour voler le pays d’un peuple. (ndt)

4 août 2013 - Haaretz - Scribd - traduction : Info-Palestine/JPP

Commentaires
C
Le fait de pouvoir publier cet article dans un journal Israelien, est la preuve formelle qu'Israel est une démocratie!
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