FREE PALESTINE
8 août 2012

Soutien international au Lajee Center

GroupeInternationauxJulien revient d’un voyage d’un mois dans le camp de réfugiés d’Aïda à Bethléem. Il a en outre participé du 5 au 19 juillet dernier au 11eCamp d’été International du Lajee Center qui a rassemblé une trentaine de volontaires des Etats-Unis, d’Angleterre, d’Irlande, d’Ecosse, d’Espagne, d’Italie, d’Australie, de Belgique. Au centre du programme : la plaine de jeux, son achat, son aménagement.

 

À la découverte de la Palestine

Jeudi 5 juillet. Dans la petite école de Beit Jala, à un vol d’oiseau d’Aïda, les volontaires arrivent. Un voyage éprouvant pour beaucoup. Car c’est une première expérience avec la Palestine qui les attend. Et déjà c’est un choc, un bouleversement. Cela l’est pour tous ceux qui y voyagent. Car que dire de l’accueil, de la chaleur, du courage d’un peuple sous occupation depuis 64 ans. Conférences, visites, documentaires ont participé à leur faire découvrir le pays.

 

Mais pour ceux qui comme Fabrizio, Elena ou moi y vont depuis des années, le choc n’en est pas moindre. Car la situation change et vite. Au cœur d’un conflit régional, des bouleversements du monde arabe, un peuple mène une lutte décisive. Pour sa survie, pour son existence, pour ses droits. Sous une pression de l’occupation toujours plus forte avec toutes les conséquences que cela implique.

Ecole

Travail volontaire

Au programme également, du travail volontaire. Il s’agit d’aménager la plaine de jeux en phase d’achat. Alors qu’une équipe nettoie le terrain, d’autres sélectionnent des pierres qu’une troisième équipe cimente sur les murs de béton qui entourent le terrain. D’autres plantent des arbres ou mettent en place un réseau de poubelles. Les internationaux se démènent sous 35 degrés de moyenne avec des pointes à 47 degrés. Mais quel plaisir que de voir les balançoires enchanter une myriade d’enfants, les familles s’asseoir à l’ombre des oliviers ou les jeunes jouer au mini-foot. Et tout cela à moins de 100 mètres d’un point fortif ié israélien, le tristement célèbre camp militaire du Tombeau de Rachel.

Travail2

 

Une jeunesse sous pression

Mais la jeunesse palestinienne est sous pression et cela  se voit de plus en plus. Quel exutoire trouver dans un camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie occupée ? Une pression liée à l’occupation certes mais également à la pression sociale, et à celle d’une Autorité Palestinienne qui n’en finit pas de s’éloigner du cœur du peuple.

Mohammed, Mounjed, Moussa, Khader, Shlomo, Ibrahim, Fadi, Ahmad, Majdi, Ammar, Daoud et bien d’autres ont tous dans les 25 ans. Une bande d’amis d’enfance qui a grandi dans le feu de la Seconde Intifada (2000-2007), dans les ruelles du camp d’Aïda. Tous ou presque ont connu  la prison, pour certains 8 ans. Qui un père tué, qui un enfant malade, qui blessé par balle, qui harcelé par les services de sécurité israéliens.

Sans emplois, ils tournent en rond mais doivent parfois subvenir aux besoins de leur jeune famille. Alors on se débrouille, il faut bien travailler. On ouvre une boulangerie qui fermera 3 mois plus tard. On conduit un taxi, on travaille dans des hôtels flambant neufs… vides. Tout cela n’offre guère comme autre perspective que de travailler, à contre cœur, pour l’Autorité Palestinienne (AP), dans ses services de sécurité dont la mission essentielle consiste à empêcher… toute action anti-israélienne ou à fournir une pléthore de gardes aux officiels de l’AP.

Tous ces jeunes n’en peuvent plus d’une vie de misère, beaucoup rêvent de voyager ou de partir, mais cela ne reste qu’un rêve car comment faire sans argent. Et puis il y a la famille. Il serait inimaginable d’abandonner parents, femmes, enfants.

Alors l’exutoire qu’ils ont sont les plaisirs interdits comme se mettre une cuite de temps en temps, puis de plus en plus souvent.

Ou alors c’est internet, seule connexion au monde extérieure

Mais, malgré tout, cette jeunesse reste combative. Elle connaît un haut taux de diplômés universitaires, c’est une jeunesse réaliste, avide de liberté et d’espoirs. Car que faire si ce n’est lutter en étudiant, en restant là, en existant.

 

Des salaires en retard et diminués, une vie de plus en plus chère

Pour la génération de leurs pères aussi c’est une lutte continuelle pour le travail. La bonne nouvelle cette année pour Mohammed et sa famille est que son père a obtenu une permission de travailler à Jérusalem. Mais pour ne pas avoir à attendre des heures au check-point, il ne revient que rarement à la maison. Près de 3 semaines sans le voir parfois. Son frère Ibrahim travaille à Ramallah dans la Sécurité de l’AP. Il revient une semaine sur deux. C’est une famille chanceuse, deux personnes y travaillent. Encore faut-il que les salaires arrivent.

Ayed a la quarantaine. Marié et père de 4 enfants, il est enseignant dans une école de bédouins près de Hébron. Une route harassante matin et soir. C’est la mi-juillet et le salaire de juin n’est pas encore tombé. L’AP a beau annoncé l’arrivée prochaine des salaires, rien ne vient ou finalement 60%. Pourtant il faut payer les langes ou le lait de la petite Jude, nourrir Salma, Rouhaida, Suhayb et son épouse Ghada. Le salaire moyen est de 300 euros mensuels. Mais quand l’essence coûte 2 euros le litre et que la vie devient de plus en plus chère, c’est une lutte quotidienne pour nouer les deux bouts. Alors Ayed sous-loue deux de ses chambres à des internationaux.

En attendant à Ramallah, c’est le défilé des grosses voitures et des belles villas des officiels du Fath.

 

One, two, three, four… Occupation no more

Nous sommes une trentaine d’internationaux et quelques palestiniens à faire face à cinquante soldats israéliens ce matin-là. Tous les samedis, c’est la même histoire. La tension est palpable quand l’officier lit l’ordre de quitter la zone « militaire » dans les cinq minutes. Nous sommes pourtant sur les terres des habitants palestiniens de Beit Hommar. Mais une colonie israélienne installée non loin de là menace leurs terres. On peut d’ailleurs distinguer aux portes de la colonie, des colons près à en découdre avec nous. Nous crions de plus belle « One, two, three, four, occupation no more », comme tous les samedis.

Sauf que cette fois notre présence est sanctionnée par une nouvelle loi « anti-terroriste » : tout international travaillant ou militant dans une organisation palestinienne, quelle qu’elle soit, risque l’emprisonnement ou la déportation.

Le Mur quant à lui continue sa course, comme dans le village de Wallaja coupé en deux.

Les check-point imposent à tout déplacement une planification minutieuse.

La nuit, ce sont les descentes de soldats dans les ruelles du camp. Trois en quelques jours. Des amis sont « bingo », recherchés. Pourquoi ? On n’en sait rien. Au mieux, un mot griffonné sur un bout de papier les enjoindra de se présenter au poste d’Atzion sur la route d’Hébron. Un centre d’interrogatoire où l’on sait quand on y entre mais jamais quand on en sortira. Comme Ali Wall qui a déjà fait deux ans de prison, arrêté à nouveau et dont nous sommes sans nouvelles depuis des semaines.

 

L’espoir des enfants d’Aïda : leur plaine de jeux

La nouvelle génération de réfugiés, celle de moins de 18 ans, qui représente 50% de la population du camp d’Aïda connaîtra sans doute des bouleversements importants tant localement que régionalement. En attendant, l’Unicef reconnaît à ces enfants le droit à jouer et à s’amuser. Cela leur est possible grâce à la plaine de jeux que le Lajee Center a installé pour eux sur un terrain en court d’achat.

Jeux 1

Encore la moitié du prix à payer

Les négociations autour de l’achat du terrain avec son riche propriétaire palestinien ont été difficiles. Il a demandé jusqu’à 240.000 dinars jordaniens pour les quelques 2000 m² du terrain. Le prix final a finalement été fixé à 150.000 dinars jordaniens. À ce jour, la moitié du prix a été, difficilement, payé. Reste le solde d’ici début 2013.

 

Une question de survie pour le Lajee Center

C’est l’existence même du Lajee Center qui est en jeu. L’achat de la première partie du terrain a quasiment épuisé ses fonds. Ce n’est que grâce au soutien de ses amis étrangers, dont les Amis belges du Lajee Center, que les responsables du Lajee ont pu honorer leur premier engagement financier. En attendant les activités quotidiennes du centre doivent continuer : la troupe de Dabke, l’unité média, les activités avec les enfants…

Le Lajee Center a donc plus que jamais besoin de vous, de votre générosité pour assurer aux enfants d’Aïda le droit de jouer et continuer à assurer ses activités indispensables à ces enfants.

 

Que faire ?

Faites un don, devenez membre des Amis belges du Lajee Center, faite connaître le projet autour de vous ou encore ce blog.

Album photo du camp d'été international ici

INeedU

 

 

En date du 5 août, le Lajee Center avec l'aide de ses amis internationaux a réussi à payer la moitié du prix d'achat soit 75.000 dinars jordaniens (85.508 euros). Reste à payer le même montant.

 

Le prochain paiement doit être effectué pour le 1er septembre soit quelques 8.000 euros. Les enfants de Aïda ont encore besoin de vous, de vos proches, de vos amis pour collecter encore de l'argent.

 

De son côté, Les amis belges du Lajee Center, organise le Samedi 25 août prochain une action de collecte Rue Neuve de 14h à 18h. Plus d'informations suivront sur ce blog.

 

Une réunion de préparation à cette action aura lieu le 18/8 à 15h, à La Clé, 276 Chaussée de Haecht, 1030 Bruxelles.

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