FREE PALESTINE
10 avril 2012

Soif de Justice, les droits des Palestiniens à l'eau

Campagne "Soif de Justice, les droits des Palestiniens à l'eau et à l'assainissement" et guide de l'activiste

Par Thirsting for Justice

Article du 27 mars 2012

Le jeudi 22 Mars, la Journée mondiale de l'eau a été célébrée comme un moyen d'attirer l'attention sur l'importance de l'eau douce. Chaque jour, des êtres humains consomment beaucoup d'eau pour leurs besoins quotidiens, gaspillant plus de litres que nécessaire. Une utilisation efficace de l'eau est impérative car, même si elle est réutilisable, l'eau n'est pas une ressource inépuisable. Dans les territoires palestiniens occupés notamment, l'accès à suffisamment d'eau et donc l'approvisionnement alimentaire est sous pression.

Campagne 'Soif de Justice, les droits des Palestiniens à l'eau et à l'assainissement' et guide de l'activiste

Jeudi dernier, lors de la Journée mondiale de l'eau, une protestation appelée « Soif de justice » a eu lieu en face de la Haute Cour israélienne de Justice à Jérusalem pour manifester pour le droit des Palestiniens à l'eau. Une autre manifestation avait lieu en même temps à Ramallah. Des employés de l'autorité palestinienne de l'eau, l’association Emergency Water Sanitation and Hygiene group (EWASH) et des étudiants marchèrent vers le ministère de l'Agriculture pour remettre une pétition. Dans cette pétition, ils ont réclamé plus d'actions sur la situation actuelle de l'eau dans les territoires palestiniens occupés.

Bien que le droit à l'eau soit un droit humain universel, les autorités israéliennes refusent aux Palestiniens leur accès fondamental à l'eau.

La consommation moyenne quotidienne d'eau palestinienne est d'environ 70 litres par personne, bien en dessous des 100 litres recommandés par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour couvrir les besoins domestiques et des services publics. En revanche, la consommation moyenne quotidienne israélienne par habitant est environ quatre fois la moyenne palestinienne (300 litres). Ceci est en contraste avec les niveaux européens où, par exemple la consommation journalière moyenne d'eau au Royaume-Uni est de 149 litres par personne alors qu'en France elle est de 287 litres par personne.

Les politiques et pratiques israéliennes limitent l'accès des Palestiniens à l'eau à laquelle ils ont droit en vertu du droit international. Israël contrôle toutes les sources d'eau douce en Cisjordanie . Les Palestiniens ne sont autorisés, selon les Accords d'Oslo, qu’à prendre 20 pour cent du « potentiel estimé » de la nappe phréatique de montagne située sous la Cisjordanie  ; Israël récupère le reste. De ce fait, les Palestiniens de la Cisjordanie sont obligés d'acheter plus de la moitié de leur eau à Israël. Israël vole l'eau de l'aquifère de montagne dont une part équitable doit revenir aux Palestiniens, et la leur revend.

Dans la bande de Gaza, 90 à 95 % de l'aquifère côtier, dont les habitants de Gaza dépendent, est contaminée en raison de la surexploitation et de la contamination par les eaux usées, ce qui la rend impropre à la consommation humaine. Les Palestiniens de Gaza n'ont guère d'autres sources d'eau à leur disposition.

La campagne « Soif de Justice » vise à mobiliser les citoyens européens afin qu’ils exigent de leurs gouvernements qu’ils fassent pression sur Israël pour changer ses politiques et pratiques afin de se conformer au droit international et de respecter les droits humains des Palestiniens. La campagne se poursuivra jusqu'à la fin de l'année 2012.

Objectifs de la campagne

"Israël" doit respecter les droits des Palestiniens à l'eau et l'assainissement ; les Palestiniens de Cisjordanie en particulier doivent avoir l’accès et le contrôle de leur part de l'aquifère afin qu'ils puissent satisfaire leurs besoins en eau. Depuis 1967, Israël n'a pas autorisé les Palestiniens à creuser de puits dans l'aquifère occidental, la plus grande et la plus productive source d'eau en Cisjordanie . L'Union Européenne doit appeler Israël à lever les restrictions et à respecter ses engagements en permettant aux Palestiniens d'y avoir des puits.

Les Palestiniens de Gaza doivent être autorisés à remettre en état leur aquifère et développer des solutions alternatives, y compris avoir accès à leur part de l'aquifère de montagne de Cisjordanie et au Jourdain.

Les Palestiniens doivent être autorisés à développer les infrastructures :
- Les matériaux de reconstruction et d'entretien doivent être autorisés à entrer dans la bande de Gaza sans délai. Il est urgent que les Palestiniens soient autorisés à moderniser les installations de traitement des eaux usées pour accroître leur capacité et minimiser l'impact sur la santé publique.
- La construction dans la zone C, qui comprend 60% de la Cisjordanie et est encore sous total contrôle militaire israélien, doit être autorisée sans délai, et les démolitions doivent cesser immédiatement. Le système de permis doit cesser d'entraver la construction de petites infrastructures telles que la connexion aux réseaux d'eau et d'égouts ou la construction de stations d'épuration.

Une plus grande responsabilisation pour les violations du droit international :
L'Union européenne et les États membres doivent exiger qu'Israël indemnise les retards ou les destructions des projets financés par l'UE. Il faut demander à Israël d’indemniser les collectivités pour les projets bloqués et les ressources qu'il s'est appropriées, en accord avec ses obligations en tant que la Puissance occupante.

Vous pouvez signer la pétition ici :
http://www.ipetitions.com/petition/marseille-declaration/

L'Autorité palestinienne de l'eau a également publié un communiqué de presse qu'on peut lire ici :
http://www.pwa.ps/Portals/_PWA/English_world_water_day.pdf

(Traduction : Régine Fiorani)

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GUIDE DE L'ACTIVISTE
de la Campagne "Soif de Justice",
le droit des Palestiniens à l'eau et à l'assainissement



La coalition EWASH (Groupe d'urgence pour l'eau, l'assainissement
La coalition EWASH (groupe pour l'eau, l'assainissement et l'hygiène) dans les Territoires palestiniens occupés, une coalition de 30 grandes organisations humanitaires, lance la campagne Soif de justice (1), à travers son Groupe de travail sur le plaidoyer (ATF). Cette campagne a pour objectif de mobiliser les citoyens européens pour qu'ils demandent à leurs gouvernements de faire pression sur Israël afin qu’il modifie son comportement et qu’il se conforme au Droit international et aux droits humains des Palestiniens.

Foire aux questions (FAQ)



Quelle est la quantité d’eau consommée par les Israéliens et par les Palestiniens ?
La consommation palestinienne moyenne d’eau par jour est de 70 litres par personne, bien au-dessous des 100 litres recommandés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui sont nécessaires pour couvrir les besoins domestiques et publiques. En revanche, la consommation quotidienne moyenne d'un habitant israélien est quatre fois supérieure à celle d’un Palestinien (300 litres) (2). Ceci contraste avec les niveaux européens selon lesquels la consommation moyenne de l’eau en Grande Bretagne par exemple est de 149 litres par personne, alors qu’en France elle est de 287 litres par personne (3).

Quelle est la raison de cet écart ?
Les politiques et les pratiques israéliennes limitent l'accès des Palestiniens à l'eau à laquelle ils ont droit en vertu du Droit international. Israël contrôle toutes les sources d'eau douce en Cisjordanie . Selon les accords d'Oslo, les Palestiniens n'ont droit qu'à 20 % du « potentiel estimé » de l'aquifère de montagne au sud de la Cisjordanie , alors qu'Israël en extrait (4) le reste. En conséquence, les Palestiniens en Cisjordanie sont obligés d'acheter en Israël plus de la moitié de l'eau dont ils ont besoin. Israël prend cette eau de l'aquifère de montagne, à laquelle pourtant les Palestiniens ont droit de manière équitable (5).

A Gaza, 90 à 95 % de l'aquifère côtier, duquel dépend les habitants de Gaza, est pollué à cause de la surextraction et de la contamination des eaux d’égout. L’eau est donc impropre à la consommation humaine. Les Palestiniens de Gaza n'ont guère d'autres ressources d'eau à leur disposition. L'aquifère est épuisé et en danger d’effondrement (6). Les restrictions imposées par Israël dans le cadre de son blocus rend la réhabilitation de l'aquifère et la recherche d'alternatives extrêmement difficiles. Les Palestiniens de Gaza ne sont pas autorisés à bénéficier de l'eau de l'aquifère de montagne. Israël limite également l'entrée des matériaux nécessaires pour la construction, la réparation et la réhabilitation des infrastructures qui permettent une gestion améliorée de l'eau. Le dessalement de l’eau de mer est une alternative trop coûteuse et non viable dans le contexte actuel, étant donné les pénuries d'électricité fréquentes à Gaza, associées au blocus imposé par Israël.

Quels sont les impacts de ces politiques ?
Les pénuries d’eau sont courantes en Cisjordanie , en particulier pendant les mois d’été, quand Israël rationne l’eau des communautés palestiniennes. En revanche, les colonies israéliennes en Cisjordanie ont un accès illimité à l’eau, à des pelouses bien arrosées et à des piscines. Alors que les Israéliens rationnent l’utilisation de l’eau, cela se fait dans le cadre de régimes durables menés par le gouvernement.
A Gaza, la majorité de la population est obligée d’acheter de l’eau pour boire et cuisiner auprès des fournisseurs privés parce que l’eau du robinet est de mauvaise qualité (7). Elle n’est souvent même pas conforme aux normes minimales de qualité fixées par l’OMS et est coûteuse pour de nombreux ménages, surtout dans un environnement où l’économie a été décimée à cause des opérations militaires et du blocus israéliens.

Les Palestiniens peuvent-ils traiter leurs eaux usées ?
Seulement 31 % des Palestiniens en Cisjordanie sont connectés au réseau d’égout, avec une seule station d'épuration des eaux usées en opération. Ceci est dû au refus d'Israël d'accorder les autorisations ou le certificat de sécurité militaire israélien nécessaires pour la construction et l’exploitation des installations et des réseaux d’assainissement et de traitement des eaux usées. Le processus d'approbation de la station d'épuration de Salfit par exemple, financé par une agence de développement allemande, est arrêté par Israël depuis 1996.
A cause du blocus imposé par Israël sur Gaza, qui engendre des restrictions d'importation de matériaux et d'équipement nécessaires au développement et à la réparation des infrastructures, la situation de l’eau et de l’assainissement a atteint un point de crise (8). Le mauvais entretien et la faible capacité des stations d'épuration des eaux d’égout (ainsi que les restrictions sur l'entrée de carburant et de l'électricité) a entraîné le déversement de 60 à 80 millions de litres d’eaux d’égout non traitées ou partiellement traitées dans la mer Méditerranée par jour et la contamination des aquifères souterrains.

Quels autres obstacles à l’accès à l’eau et à l’assainissement rencontrent les Palestiniens ?
Dans 60% du territoire de la Cisjordanie (connu en tant que zone C), l’administration civile israélienne exige des communautés palestiniennes de demander des permis (qui sont rarement accordés) pour tous les projets de développement tels que la réhabilitation des puits et l’extension des réseaux. Les communautés ont donc souvent recours à des constructions sans permis, étant donné la difficulté d’en obtenir un, risquant ainsi la délivrance d’ordres de démolition (9). Le coordonnateur résident des Nations-Unies et des Affaires humanitaires pour les Territoires palestiniens occupés, Mr. Maxwell Gaylard a déclaré : « Il est difficile de comprendre le raisonnement derrière la destruction des systèmes de base de collecte des eaux
pluviales, dont certains sont très anciens, qui servent les communautés rurales et bergères palestiniennes marginalisées où l’eau est déjà rare et où la sécheresse est une menace toujours présente ». (Février 2011)
A Gaza, plus de 30 km de réseaux d’eau et 11 puits exploités par les autorités de l’eau ont été endommagés et détruits par l’armée israélienne lors de l’opération du Plomb durci. Le rapport de la mission d’établissement des faits de l’ONU sur le conflit à Gaza (le rapport Goldstone) a jugé que cette destruction est « délibérée et systématique » ; la plupart de l’infrastructure n’est pas encore réparée à cause du manque d’accès aux pièces de rechange.

Quelles sont les obligations d’Israël ?
Israël est la puissance occupante en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. En vertu du Droit international humanitaire, une puissance occupante est responsable du bien-être de la population civile et doit assurer aux citoyens les besoins essentiels pour survivre : la nourriture, l’eau, les soins médicaux et l’abri. Selon la convention de Genève (10), les Palestiniens ont un accès garanti à l’eau potable, l’eau pour l’hygiène personnelle et l’assainissement.
Israël a ratifié le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) où le droit à l’eau est inscrit. En septembre 2010, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a affirmé pour la première fois que le droit humain à l’eau et à l’assainissement est juridiquement contraignant (11). Néanmoins, Israël est l’un des trois pays qui n’ont pas reconnu ces deux droits.

Comment peut-on changer la situation ?
La campagne « Soif de justice » vise à mobiliser les citoyens européens pour qu’ils demandent à leurs gouvernements de faire pression sur Israël afin qu’il change son comportement, qu’il se conforme au droit international et qu’il respecte les droits des Palestiniens. Les liens étroits qu’entretiennent les Etats membres de l’Union européenne avec Israël leur permettent d’influencer fortement le changement. En outre, l’Union européenne a affirmé son attachement aux droits des Palestiniens, dont le droit à l’eau et à l’assainissement.
La campagne « Soif de justice » travaille directement avec les communautés locales en Cisjordanie et dans la bande de Gaza afin que leurs voix puissent être entendues et que leurs histoires soient connues dans le monde entier.

Que demandons-nous ?
La campagne se poursuivra jusqu'à la fin de 2012. Nous demandons :

1. qu’Israël respecte les droits des Palestiniens à l'eau et à l'assainissement :
• en particulier, que les Palestiniens en Cisjordanie aient accès et contrôlent leur part de l'aquifère afin de pouvoir satisfaire leurs besoins en eau. Depuis 1967, Israël ne permet pas aux Palestiniens de creuser des puits dans l'aquifère occidental, la source d'eau la plus large et la plus productive en Cisjordanie . L'Union européenne doit demander à Israël de lever les restrictions et de respecter ses engagements en permettant aux Palestiniens d’y avoir des puits.
• que les Palestiniens dans la bande de Gaza soient autorisés à réhabiliter leur aquifère et à développer des alternatives, y compris l'accès à leur part de l'aquifère de montagne en Cisjordanie et au Jourdain.

2. que les Palestiniens soient autorisés à développer des infrastructures :
• que l’entrée des matériaux de reconstruction et d'entretien dans la bande de Gaza soit autorisée sans délai. Il est urgent de donner le droit aux Palestiniens de moderniser les installations de traitement des eaux d’égout pour accroître la capacité et minimiser l'impact sur la santé publique.
• que la construction dans la zone C en Cisjordanie soit autorisée sans délai et que les démolitions soient arrêtées immédiatement. Le système de permis entrave les petites constructions telles que la connexion aux réseaux d'eau et d'égout ainsi que la construction de stations d'épuration.

3. Qu’il y ait une plus grande responsabilisation sur les violations du droit international
• L'Union européenne et les Etats membres exigent une indemnisation par Israël pour avoir freiné
ou détruit des projets financés par l'UE. Il sera demandé à Israël d’indemniser les collectivités pour les projets entravés et pour les ressources appropriées, conformément à ses obligations en tant que puissance occupante.

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ETUDES DE CAS
DANS LA BANDE DE GAZA, le Wadi Gaza, EN CISJORDANIE Nabi Saleh



Bande de Gaza - Wadi Gaza

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60 à 80 millions de litres d’eaux d’égout se déversent chaque jour dans la mer Méditerranée dans la bande de Gaza. La plupart des eaux d’égout viennent du Wadi Gaza, une zone humide naturelle située au milieu de la Bande de Gaza. Il n’y a pas de traitement des eaux usées dans toute la zone du Wadi ; c’est dû, entre autre, aux restrictions d’entrée à Gaza des matériaux de construction et de réhabilitation des infrastructures. Le Wadi sent le pourri et l’eau est fortement polluée par les déchets chimiques, par les ordures et par les eaux d’égout. Etant donné la pénurie de stations d’épuration, beaucoup de familles ont recours aux fosses septiques ou aux réservoirs septiques pour collecter les eaux d’égout et les eaux usées de leurs maisons. Certains ménages sont obligés de vider les eaux d’égout directement dans le Wadi puisqu’il n’y a ni système de collecte, ni traitement, ni installation d’égout. Souvent, lorsqu’il pleut, le Wadi déborde et les maisons sont inondées par des eaux d’égout.

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Rencontre : les ramasseurs de graviers

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Hamza, 14 ans, ramassant de cailloux dans le Wadi Gaza



Il y a peu d’emplois disponibles dans la Bande de Gaza à cause des restrictions au développement économique et du blocus imposé par Israël, le taux de chômage s’élevant ainsi à 45 %. Cependant, en raison de l’incapacité des habitants d’acheter des agrégats pour la construction, le ramassage de graviers est une possibilité de travail dans le Wadi Gaza. Les ramasseurs de graviers trouvent, dans les eaux polluées, les cailloux qu’ils trient selon leur taille. Ils peuvent même travailler dans les eaux sales du Wadi, s’exposant ainsi à des risques de maladies. Il sont sujets aux maladies liées à l’eau. Ce n’est pas un travail bien rémunéré, mais vu le manque d’alternatives, beaucoup n’ont pas le choix. Les enfants ramassent souvent des cailloux et sont payés très peu, 10 NIS (3 dollars américains) par chariot plein de cailloux, ce qui prend toute une journée de travail pour le remplir.


Rencontre : Omar At-Tawil et sa famille

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Omar et sa famille (photo Ghada Snunu)



Omar At-Tawil, 40 ans, habite près du Wadi Gaza, au village Al-Mughraqa. Il est marié et il a cinq enfants. Omar et sa famille souffrent de l’odeur nauséabonde des eaux d’égout non traitées qui débordent du Wadi depuis qu’il a emménagé à Al-Mughraqa il y a 15 ans. Omar raconte : « Je me sens très embarrassé lorsque mes amis viennent me rendre visite, à cause de l’odeur odieuse qui vient du Wadi et des insectes qui se multiplient la nuit … Mes visiteurs ne peuvent pas rester longtemps. » La famille d’Omar utilise une crème anti-moustique et laisse les lumières éteintes afin d’éloigner les moustiques. Un jour, l’une des filles d’Omar est allée jouer avec ses amis dans le Wadi (l’unique espace ouvert proche de la maison), Omar a dû l’amener le lendemain à l’hôpital car elle avait de la fièvre et de la diarrhée. Omar ne peut pas surveiller ses enfants tout le temps et ne peut pas les empêcher de sortir. La femme d’Omar souffre d’asthme ; la mauvaise qualité de l’air engendrée par de la pollution du Wadi nuit à sa santé et déclenche souvent ses crises d’asthme. Omar aimerait déménager, mais il n’a pas les moyens pour le faire étant donné le prix élevé de location que la famille devrait payer. Omar conclut : « J'aimerais me réveiller un jour et voir que les eaux d'égouts dans le Wadi Gaza ont disparu. »


Cisjordanie : Nabi Saleh

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Photo Cara Flowers



Nabi Saleh est un village qui est situé à 12 kilomètres de Jérusalem et qui compte 668 habitants. La plupart du village est classé zone C, faisant ainsi partie des 60% de la Cisjordanie qui est sous contrôle militaire israélien total. La colonie israélienne Halamish, établie en 1977, se trouve à quelques mètres seulement. Les villageois ont accès à environ 33 litres d’eau par personne par jour. Pourtant, la quantité d’eau d’approvisionnement via le réseau peut varier. En effet, le village ne reçoit parfois pas assez d’eau pour l’usage quotidien, à cause des restrictions israéliennes à l’acheminement de l’eau jusqu’au réseau de distribution municipal. Autrefois, le village dépendait de plusieurs sources d’eau dans les environs, complétant l’approvisionnement limité via le réseau. Mais l’armée israélienne et les colons israéliens vivant à proximité interdisent fréquemment les habitants de Nabi Saleh de se servir de ces sources d’eau.

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Rencontre : Manal Tamimi, membre de la serre coopérative pour femmes

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Manal Tamimi, membre de la serre coopérative pour femmes (photo Cara Flowers)



La serre coopérative a été installée par quatre femmes qui cherchaient avec enthousiasme à fournir des fruits et des légumes frais à leurs familles et à gagner un peu d’argent supplémentaire. La coopérative dépendait de l’eau de la source Ein Al Qaws. Parlant de leurs produits, l’une des membres du groupe dit : “C’était juste un peu, mais ça valait le coup.” Manal Tamimi, membre de la coopérative explique : “Nous avons cultivé des choses et ça a été une réussite ; et le plus important est l’aspect nutritif, nous n’avons pas utilisé de produits chimiques dans notre agriculture.” Le toit en plastique de la serre a des déchirures et des trous causés par des bombes lacrymogènes tirées par l’armée israélienne, qui entre régulièrement dans le village pour arrêter des activistes qui protestent contre sa présence sur leur terre. En janvier dernier, l’armée israélienne a interdit l’accès à la source d’eau de la coopérative pour le bénéfice des colons. Actuellement, la serre est sèche et la coopérative se démène pour cultiver des légumes. Ses membres sont en train d’essayer l’installation d’un système de collecte des eaux pluviales pour irriguer les cultures, mais cela ne leur permettra de cultiver qu’une partie de leur serre. Elles auront toujours besoin de l’approvisionnement de la source d’eau.


Rencontre : Um Helmi

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Um Helmi (photo ci-dessus) habite au centre de Nabi Saleh. Elle a 4 fils et 2 filles et elle s’inquiète de ne pas avoir assez d’eau. Elle témoigne : “Nous n’avons pas reçu d’eau depuis un mois à cause de la faible quantité provenant du réseau, nous sommes donc obligés d’acheter des citernes [d’eau] mais elles sont chères. Quand c’est le cas, nous devons définir les priorités et pour pouvoir payer l’eau, je dois prendre l’argent consacré normalement à d’autres dépenses, comme l’éducation des enfants et les soins de santé.” Um Helmi a fait construit un système de collecte des eaux pluviales et une nouvelle citerne afin d’assurer une quantité d’eau suffisante pour sa famille.

"Mon fils va se marier bientôt. Il va emménager, avec son épouse, juste en face. Nous allons partager avec eux notre citerne et les eaux de pluie, mais je sais qu'il n'y en aura pas assez pour nous tous," raconte-t-elle. "Cette situation est injuste. Nous voyons que la colonie voisine est verte et dispose des pelouses toute l'année. C'est douloureux de ne pas avoir accès à la même quantité d'eau. Tout ce que nous voulons, c'est la justice."

Rejoignez la campagne Soif de Justice
www.thirstingforjustice.org
www.ewash.org
info@thirstingforjustice.org




Pour le lancement de notre campagne, nous vous invitons à rejoindre les Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza sur une pétition photo :

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1. Ecrivez une bannière avec un message en faveur des droits des Palestiniens à l’eau et à l’assainissement, en incluant le nom de notre campagne « Soif de justice »
2. Prenez une photo en levant la bannière. Envoyez votre photo en pièce jointe par email à info@thirstingforjustice.org. Assurez-vous d’y inclure votre nom et votre ville.
3. Nous publierons votre photo sur notre site et nous l’utiliserons pour montrer aux dirigeants élus que leurs électeurs veulent une action urgente soutenant les droits des Palestiniens.

Autres façons de participer

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Connectez-vous sur : www.thirstingforjustice.org
1. Devenez fan de “Soif de justice” sur Facebook.
2. Demandez à l'Union européenne de prendre des mesures en signant notre pétition web.
3. Jumelez votre école ou votre ville avec les communautés de la Cisjordanie et de la bande de Gaza qui font partie de notre campagne. Consultez notre site pour plus de détails.
4. Diffusez le message :
• Organisez une conférence. Nous pouvons vous fournir un dossier de présentation ou trouver des intervenants dans votre région.
• Projetez nos films documentaires.
• Devenez ambassadeur de « Soif de justice ». Consultez les instructions sur le site Internet.
5. Consultez notre site web pour voir les mises à jour régulières, les nouvelles et les actions de la campagne !


GLOSSAIRE
- Eaux d’égout : Les eaux usées brutes ou partiellement traitées, qui comprennent les matières fécales et les urines humaines, sont souvent déversées dans de nombreuses régions de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, puisque Israël empêche la construction de stations d’épuration des eaux usées.

- Fosse septique : De nombreux ménages en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza utilisent ses fosses de rétention, car le nombre de ménages connectés à l’infrastructure d’égouts est limité. C’est le cas dans le Wadi Gaza. Mais les fosses septiques doivent être vidées, ce qui coûte beaucoup alors que de nombreux ménages n’ont pas les moyens de le faire régulièrement. Ces fosses ne traitent pas les eaux usées, lesquelles nuisent à l’environnement si elles y sont vidées directement, comme c’est le cas dans le Wadi Gaza.

- Réservoir septique : Certains ménages disposent de réservoirs septiques pour traiter les eaux usées domestiques. Les réservoirs fonctionnent souvent mal dans la Bande de Gaza, polluant les sources d’eau souterraine.


Notes de lecture :

1. Visiter le site : www.ewash.org
2. Amnesty International (2009), Troubled Waters: Palestinians Denied Their Fair Share of Water [Eaux troubles : les Palestiniens privés de leur part équitable de l’eau]
3. UNDP (2006) Beyond Scarcity: power, poverty and the global water crisis [Au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l'eau]
4. Banque mondiale (2009), Assessment of Restrictions on Palestinian Water Sector Development [Evaluation des restrictions sur le développement du secteur de l›eau palestinien]
5. Convention on the Law of the Non-navigational Uses of International Watercourses (1997) [La convention sur le droit d’utilisation des cours d›eau internationales à des fins autres que la navigation (1997)]
6. UNEP (2009) Environmental Assessment of the Gaza Strip following the escalation of hostilities in December 2008 – January 2009 [L'évaluation environnementale de la bande de Gaza suite à l›escalade des hostilités en décembre 2008 - janvier 2009]
7. Palestinian Hydrology Group, Unicef, Water, Sanitation and Hygiene Household Survey Gaza, April 2010 [Le Groupe palestinien d’hydrologie, UNICEF, Enquête sur l’eau, l’assainissement et l›hygiène domestique, avril 2010]
8. COHRE (2008), Hostage to Politics: the Impact of Sanctions and the Blockade on the Human Right to Water and Sanitation in Gaza [Otage des politiques : l'impact des sanctions et du blocus sur le droit humain à l'eau et à l'assainissement dans la bande de Gaza]
9. UN OCHA (2009), Restricting Space: The Planning Regime Applied by Israël in Area C of the West Bank [Restriction de l’espace: Le régime de planification appliqué par Israël dans la zone C en Cisjordanie ]
10. COHRE (2008), Policies of Denial: Lack of Access to Water in the West Bank [Politiques de refus : manque d'accès à l'eau en Cisjordanie ]
11. Amnesty International (2010), UN Affirms the Right to Water and Sanitation as Legally Binding [l’ONU affirme le droit, à caractère juridiquement contraignant, à l›eau et à l’assainissement] (accessible en février 2011)
12. Document - Nations Unies : Historic re-affirmation that rights to water and sanitation are legally binding [Réaffirmation historique du caractère juridiquement contraignant des droits à l’eau et à l’assainissement]
13. EU Statement - United Nations Human Rights Council: Human rights situation in Palestine and other occupied Arab territories (2010) [Rapport de l’UE – Conseil des droits de l’homme des Nations Unies : la situation des droits de l’homme en Palestine et dans les autres territoires arabes occupés (2010)]
14. Humanitarian crisis in Gaza dire as unemployment rises, warns UN agency

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