FREE PALESTINE
5 août 2011

L’Amérique latine s’invite en Palestine

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L’Amérique latine s’invite en Palestine
En décembre 2010, le Brésil, l’Argentine, la Bolivie, le Guyana puis l’Equateur ont reconnu l’Etat palestinien « à l’intérieur des frontières de 1967 » — rejoignant ainsi le Costa Rica, Cuba, le Nicaragua et le Venezuela, qui l’avaient fait dès sa proclamation, en 1988. Une nouvelle preuve de l’émancipation d’une région où Israël a souvent facilité la mise en œuvre de la politique américaine ?
Par Maurice Lemoine

http://www.monde-diplomatique.fr/2011/02/LEMOINE/20123

« Par l’intermédiaire de cette lettre, le Brésil reconnaît l’Etat palestinien, dans ses frontières de 1967 » : ainsi commence le courrier adressé par M. Luiz Inácio Lula da Silva, le 3 décembre 2010, au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Pour spectaculaire qu’elle paraisse, l’annonce ne constitue nullement un précédent. Lorsque, se référant à la résolution 181 (novembre 1947) de l’Organisation des Nations unies (ONU), l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) proclama, en novembre 1988, la création de cette entité, celle-ci fut immédiatement reconnue, en Amérique latine, par Cuba, le Venezuela, le Nicaragua et le Costa Rica. Mais on en resta là.
Il faut attendre 2009 — il s’agit ici d’un raccourci — pour que le Proche-Orient refasse spectaculairement surface dans la région. Le 6 janvier, accusant Israël « d’avoir mis en œuvre une utilisation planifiée du terrorisme d’Etat contre le peuple palestinien » lors de l’opération « Plomb durci » à Gaza, le président vénézuélien Hugo Chávez rompt ses relations diplomatiques avec Tel-Aviv, immédiatement imité par la Bolivie, d’où M. Evo Morales fustige le « Conseil d’insécurité » de l’ONU. Le Venezuela échangera des ambassadeurs avec la Palestine dès le mois d’avril suivant.
A Caracas et à La Paz, comme à La Havane ou Managua, nul n’oublie la traditionnelle politique de Tel-Aviv, parfait supplétif de l’Oncle Sam quand celui-ci veut se faire discret. Ainsi lorsque, en 1977, le président américain James Carter interrompt les ventes d’armes au Guatemala, en raison des violations massives des droits humains, Israël prend le relais. Durant l’insurrection sandiniste (1979), ses fournitures à la garde nationale du Nicaragua ne s’interrompront que quinze jours avant la fuite du dictateur Anastasio Somoza.
Officier à la retraite de l’armée israélienne ayant formé et entraîné en Colombie, en 1988, des « narcoparamilitaires », le mercenaire Yair Klein a récemment déclaré que ses agissements étaient à l’époque « approuvés par les gouvernements israélien et colombien (1) ».
Sérieux contentieux avec Israël
En Colombie, pays des massacres et des fosses communes, le ministre de la défense Juan Manuel Santos (aujourd’hui président) a reconnu, en 2008, une étroite coopération : « Le terrorisme se combat surtout et avant tout par le renseignement et, en la matière, Israël peut nous aider et apporter beaucoup (2). »
Liée à l’establishment militaire de Tel-Aviv, l’entreprise de sécurité privée CST Global — pour n’évoquer qu’elle — a passé de très gros contrats avec les gouvernements colombien, péruvien et hondurien, et entraîne leurs forces de répression (3). Bref, il existe un sérieux contentieux entre les forces progressistes du continent et Israël.
C’est toutefois dans un autre registre que les événements se précipitent depuis décembre dernier, l’Argentine, la Bolivie, l’Equateur, le Chili et le Guyana (président en exercice de l’Union des nations sud-américaines [Unasur]) ayant emboîté le pas au Brésil, ainsi, plus tard, que le Pérou, qui, du 13 au 16 février, accueillera le sommet Amérique du sud - pays arabes (ASPA). L’Uruguay et le Paraguay annoncent qu’ils feront de même en 2011.
Tous n’avancent pas du même pas : alors que Brasília, Quito, La Paz et Buenos Aires mentionnent explicitement les frontières en vigueur avant la guerre des six jours (1967) — concernant la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est —, le Chili et le Pérou évitent cette claire condamnation de l’occupation. Toutefois, au-delà de cette différence qui n’a rien d’anodin, une combinaison de facteurs explique la convergence entre des Etats aux positions progressistes plus ou moins affirmées et des gouvernements considérés proches de Washington.
Revendiquant un siège de membre permanent au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, le Brésil réaffirme son rôle de puissance émergente et expédie une réponse dépourvue d’ambiguïté aux Etats-Unis qui ont accueilli avec dédain sa tentative de médiation, en 2010, en compagnie de la Turquie, dans la crise iranienne.
Une réprobation grandissante
Comme le Brésil, les autres pays de la région ont de bonnes raisons d’envoyer un signe d’amitié aux pays arabes et du Proche-Orient : ils s’ouvrent commercialement à cette partie du monde, depuis le premier sommet de l’ASPA, en 2005. Indépendamment de son alignement sur Washington, le Chilien Piñera doit compter, en interne, avec une communauté palestinienne d’environ quatre cent mille personnes — la plus importante numériquement hors sa sphère d’origine (4). Enfin, il est difficile, même à un pays aussi droitier que le Pérou, de se tenir à l’écart de la dynamique régionale d’intégration.
Comme il se doit, face à cette reconnaissance massive, chacun joue sa partition. Le porte-parole de la Chambre des représentants américaine l’a estimée « contre-productive ». Côté israélien, on dénonce « ces nouvelles manœuvres » entreprises par les Palestiniens. Parfaitement synchrone, la ministre des affaires étrangères colombienne María Angela Holguín a (sans rire) précisé : « Quand il y aura la paix avec Israël, nous reconnaîtrons la Palestine (5). »
Il n’empêche, ce tournant reflète l’indépendance nouvelle de l’Amérique latine et la réprobation grandissante devant l’impasse des pourparlers directs que favorise l’apathie complice des Etats-Unis au Proche-Orient.
Maurice Lemoine.
Le Mouvement Citoyen Palestine, rejoint ouvertement les nombreuses voix palestinienne ou pas, juive ou pas, qui portent la position d’un état unique sur la totalité de la Palestine historique.

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