FREE PALESTINE
9 janvier 2011

reportages de Baudouin Loos

Lettre ouverte de Gaza : deux ans après le massacre, une exigence de justice.

Gaza, deux ans après la guerre

Vendredi 24 décembre 2010

L’opération israélienne « Plomb durci » et ses 1.300 morts n’a été effacée ni des cœurs ni du paysage.

REPORTAGE

BANDE DE GAZA

DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL

Un vieil âne qui a cessé de braire depuis longtemps se tient immobile dans un petit enclos près d’une tente dressée dans les décombres d’une maison. A côté, dans le foyer familial reconstruit à la hâte avec des blocs de parpaing, des bâches et de la tôle ondulée, l’ombre d’une femme vaque aux tâches ménagères. Quelques enfants nu-pieds jouent en riant. « Les Juifs », nous dit simplement Mohammed, en désignant ce qui fut sa maison de deux étages. Les Juifs : comme tous les Palestiniens depuis l’arrivée des premières grosses vagues d’immigration dans les années 1920, Mohammed ne parle pas d’Israéliens.

Nous sommes à Izbet Abed Rabbo, l’extrême nord-est de Jabalya. D’ici, Israël n’est qu’à deux kilomètres, peut-être moins. Un soleil généreux réchauffe la scène. L’homme a 55 ans, il en paraît au moins dix de plus. Son quartier fut l’un des plus touchés lors de l’attaque israélienne de l’hiver 2008-2009. Une trentaine de civils ont été tués. « Ils nous ont dit de partir ; quand on est revenu, il n’y avait plus rien, plus de cinquante maisons avaient été rasées. Pourtant, j’en suis sûr, il n’y avait pas de militants armés ici. » Deux des fillettes blessées à Izbet Abed Rabbo ont été soignées à Bruxelles, l’une d’elles, très gravement touchée, y demeure toujours.

« Personne n’est venu nous aider, raconte Mohammed en offrant un thé bouillant. J’ai un cousin qui a reçu un peu d’argent, moi on me paie de promesses. Le ciment coûte trop cher, le seul disponible vient des tunnels à la frontière égyptienne, mais je n’ai pas d’argent. Et puis, même si je reconstruisais, ils pourraient revenir et tout démolir à nouveau. On entend les tanks tous les jours, et ils tirent. »

Son fils Souhail, 29 ans, et quelques voisins se mêlent à la conversation, qui s’anime. « Je préférais encore l’occupation, lance Mohammed, au moins on avait du travail en Israël. J’ai travaillé 27 ans pour un patron israélien, qui était bon avec moi. » Un murmure réprobateur accueille ses propos. « Papa, tu oublies les incursions, les perquisitions nocturnes, les arrestations, les barrages, les humiliations ! », s’exclame son fils.

Mais Mohammed n’en démord pas. « Je n’ai plus vu mon boss depuis dix ans, il m’a pourtant envoyé 5.000 shekels (1.000 euros) quand ma femme a été tuée dans un bombardement en 2003, et 2.000 après la guerre, c’est un type bien, je vous le dis ! » Il crache par terre de dépit. « Qu’on ne me parle plus de nationalisme, dit-il en haussant la voix. Ma maison n’existe plus, on vit à cinq dans deux petites pièces, et le Hamas, lui, construit ses mosquées sans s’occuper des gens dans le besoin. Quel avenir ont nos enfants ? »

Le Hamas ! La férule du mouvement islamiste palestinien sur la bande de Gaza, entamée par une victoire électorale en 2006 et entérinée par une prise violente du pouvoir l’année suivante, fait ici l’objet de tous les commentaires, mais le plus souvent à voix basse.

A Jabalya, le plus grand camp de réfugiés qui jouxte la ville de Gaza, un groupe d’hommes d’une quarantaine d’années accepte de nous parler. Réunis à un carrefour, ils regardent le temps passer en grillant des cigarettes. « Je suis assis à cet endroit depuis le jour de 2003 où j’ai perdu mon job en Israël, dit l’un d’eux. La situation va de mal en pis, vous savez. Avant, on avait encore un peu d’aide, maintenant, c’est fini, sauf de la part de l’Unrwa (l’agence onusienne pour les réfugiés). Le Hamas a reconstruit les maisons de ses membres ; regardez la mienne là-bas, moi je n’ai pas eu cette chance. »

A ces mots, un de ses condisciples se lève et se lance dans une diatribe : « Pour nous sauver, il faut deux choses : prier Dieu et se débarrasser du Hamas, qui utilise la religion pour asseoir son pouvoir et se moquer de la démocratie. On trouve dans les magasins des produits envoyés par l’aide internationale, est-ce normal ? Et en plus on vit dans la peur de la répression, les gens du Hamas tirent une balle dans le genou de ceux qui s’opposent à eux. »

A la question de savoir pourquoi il dit craindre le Hamas et ose le critiquer en pleine rue, cet homme à la barbe poivre et sel répond candidement : « On voit peu de journalistes étrangers, alors je me lâche un peu de manière spontanée, mais c’est vrai, on a peur, je vous l’assure… »

La vie dans la bande de Gaza reste d’abord une lutte quotidienne contre la déprime. L’expression « prison à ciel ouvert » est sur toutes les lèvres. Pour les personnes, les autorisations d’entrée et de sortie du territoire, côté israélien comme côté égyptien, constituent toujours l’exception. « Un institut local s’est attiré les foudres du Hamas, raconte un ingénieur à Gaza, en publiant un sondage qui montrait que 45 % des jeunes gazaouis ne voyaient leur salut que dans l’exil : moi, j’étais surtout étonné que ce chiffre ne soit pas plus élevé ! »

Il y a cependant des progrès, même s’ils restent limités. Après le drame du Mavi Marmara, ce navire turc attaqué par l’armée israélienne le 31 mai alors qu’il cinglait vers Gaza (neuf tués), Israël, sous la pression internationale, a été contraint de desserrer l’étau du siège. De nombreux biens interdits jusque-là ont refait leur apparition à Gaza. Dont le chocolat et les jouets…

Un premier « mall » à l’américaine (bâtiment érigé en galerie commerciale) a ouvert ses portes en grande pompe à Gaza il y a quelques semaines – une certaine propagande antipalestinienne y a même vu la preuve que les Gazaouis n’ont guère à se plaindre.

De taille modeste, le complexe comporte deux étages de boutiques et aussi un petit supermarché où la plupart des produits en vente proviennent d’Israël. Ce dimanche midi, jour ouvrable, peu de chalands se pressent au portillon, moins de vingt personnes. « Nos prix sont compétitifs, explique une jeune vendeuse aux rares yeux bleus, mais les gens n’ont pas beaucoup d’argent. »

Le mall, chuchote-t-on, a été ouvert par des hommes d’affaires proches du Hamas. Ce qui rend plus insolites encore la lingerie féminine sexy en vente dans plusieurs boutiques du premier étage ou encore la mixité dans le snack du rez-de-chaussée.

Du 12e étage d’un immeuble qui domine le front de mer dans le quartier chic de Rimal, Ahmed el-Farra, un homme d’affaires dynamique de 37 ans, voit les choses de haut : « 80 % de la population dépend de l’aide alimentaire depuis deux ans, cela ne peut continuer. Le secteur privé doit être le moteur de l’avenir, mais pour cela il faut que nous puissions importer les matériaux de construction, ce qu’Israël prohibe toujours sauf pour quelques institutions internationales et encore, au compte-gouttes. (1) En 2005, le secteur privé employait 150.000 personnes, ils ne sont plus un dixième actuellement après les destructions de la guerre. »

Pour ce globe-trotter né au Koweït qui a étudié à Damas et en Californie avant de bosser à Malte et au Japon, la priorité est de vaincre « la culture d’assistés » qui gangrène Gaza. « Il faut changer notre image, on en a le potentiel. Nous ne mendions pas la nourriture, qu’on nous donne la possibilité de la produire et même de l’exporter ! Pour l’instant, l’allégement de ce siège dévastateur et la première autorisation d’exportation limitée de fraises et de fleurs coupées restent des mesures trop superficielles. »

« La population tente de vivre malgré tout, commente l’ingénieur cité plus haut. Elle s’adapte aux circonstances, mais le moral reste très bas, surtout en raison de la claustrophobie, du chômage, de l’eau qui n’est pas potable à 90 % et des nombreuses coupures d’électricité. » La vente des petits générateurs chinois importés par les tunnels de contrebande à la frontière égyptienne continue d’ailleurs à faire florès.

Un nouvel engin de transport a fait son apparition dans la bande de Gaza depuis deux ans : la moto. De marques chinoises également pour la plupart, ces engins de 150 cc sont importés en pièces détachées par les tunnels. Ils font fureur et on les voit désormais partout. Par milliers.

Le port du casque, en revanche, semble inconnu ici. « Tous les jours arrivent à l’hôpital plusieurs motards grièvement blessés, qui restent parfois handicapés à vie », assure un Gazaoui qui travaille dans l’humanitaire médical. Une partie des blessés vient du « Goush Katif », l’ancien bloc de colonies juives évacué par Israël en 2005, dans lequel des jeunes ont mis en place une sorte de circuit de motocross où ils s’affrontent avec fièvre.

A l’université Al-Azhar de Gaza, au contraire, le calme règne. Les étudiants, en période d’examens, se montrent studieux. A quel avenir songent-ils ? « Incertitude », « frustration », « sans espoir » viennent aux lèvres d’un groupe d’étudiants en comptabilité interrogés à la cafétéria. « On fera n’importe quel boulot, sûrement pas comptable, ose l’un d’eux, on devra même peut-être aller travailler dans les tunnels à la frontière ! »

Un seul, dans le groupe, dit déjà connaître son avenir professionnel et l’entreprise qui l’engagera. « Normal, nous glisse quelqu’un, sa famille est avec le Hamas. » La politique n’est jamais loin, à Gaza. A la question de savoir quel homme politique ils estiment le plus influent, l’étudiant proche du Hamas s’exclame « Haniyeh », un autre lance « Marwan Barghouti », le chef du Fatah emprisonné à vie par Israël. « Arafat ! », lâche un troisième, avant d’ajouter avec un petit sourire amer : « Personne, quoi… »

 BAUDOUIN LOOS

 

(1) John Ging, le directeur de l’Unrwa à Gaza, regrettait devoir constater, le 1er décembre, que, depuis la guerre de 2008-2009, Israël n’avait approuvé que six projets de construction d’écoles sur cent dont l’agence de l’ONU a un besoin urgent.

Encadré : les indicateurs clés sur la situation humanitaire à Gaza

Résumé de l’évaluation de 22 ONG internationales publiée le 30 novembre 2010.

 

• 80 % de la population dépend de l’aide internationale.

• 61 % de la population est en situation d’insécurité alimentaire.

• Le taux de chômage atteint 39 %.

• Les pannes d’électricité durent généralement 4 à 6 heures par jour, et souvent davantage.

• 60 % de la population de Gaza ne reçoit de l’eau courante qu’une fois tous les 3 à 4 jours, pendant 6-8 heures.

• 50 à 80 millions de litres d’eaux usées non traitées ou partiellement traitées sont rejetés à la mer chaque jour.

• Environ 90 % de l’eau destinée aux résidents n’est pas potable et est contaminée par des sels et des nitrates.

• 75 % des logements sérieusement endommagés en raison de l’opération Plomb durci n’ont pas été reconstruits


Les tunnels ne sont plus ce qu’ ils étaient

 

Mercredi 29 décembre 2010

REPORTAGE

RAFAH

DE NOTRE ENVOYE SPECIAL

L’arrivée dans la zone des tunnels, à Rafah, tout à côté de la frontière égyptienne, constitue un spectacle assurément insolite : à perte de vue, des centaines et des centaines de tentes de toutes tailles qui furent un jour blanches se côtoient sur plusieurs kilomètres. Chaque tente correspond à l’entrée d’un tunnel de contrebande, par où des marchandises interdites à Gaza par Israël sont introduites dans le petit territoire palestinien.

Ce « tunnel business » a pris son essor après le « coup » du Hamas en juin 2007 ???, quand Israël décida de resserrer le blocus économique déjà en place. « C’était le bon temps, avoue Nabil, qui dirige les opérations d’un tunnel important. Depuis l’assouplissement du siège israélien, cet été, les affaires ne marchent pluscomme avant. Jusqu’en juillet, on importait de tout, de l’électroménager, de la nourriture, des médicaments. Maintenant, il reste le ciment et l’acier, surtout. Il y avait plus de deux mille tunnels, combien en reste-t-il ? Peut-être le tiers... »

Celui de Nabil travaille en tout cas à plein régime. Sous nos yeux, le manège tourne comme ceci : un gros câble métallique actionné par un moteur relié à une génératrice bruyante tire des étuis de caoutchouc de sept-huit mères de longueur. Dans chaque étui, une centaine de tuyaux d’acier. L’aller et retour, pour un étui, prend un quart d’heure. Une fois les tuyaux déchargés, ils sont promptement emmenés par des petits camions.

Une dizaine d’ouvriers s’activent à cettte embouchure de tunnel particulière : ici, étant donné la longueur de la marchandise, l’entrée est horizontale. L’ouverture de la plupart des autres tunnels est horizontale. Le tunnel de Nabil fait 700 mètres - la frontière se situe à moins de 100 mètres. « La longueur peut varier de 400 à 1.500, explique-t-il. Il faut près d’un an pour creuser les plus longs. Souvent, les ouvriers qui creusent tombent sur d’autres tunnels, il faut s’y retrouver ! »

Le boulot reste dès plus dangereux. « Il y a régulièrement des victimes, raconte Ibrahim, un jeune homme en pleine force de l’âge. Des tunnels peuvent s’effondrer naturellement car c’est très sablonneux, d’autres sont victimes de bombardements israéliens, puis il y a les actions sporadiques des autorités égyptiennes. Elles n’hésitent pas à envoyer des gaz toxiques ou à submerger les tunnels d’eaux usagées ; avant elles prévenaient, maintenant ce n’est plus le cas, mais on sait par nos amis de l’autre côté quand la police se déploie et on déguerpit au plus vite ».

Les Egyptiens, qui tiennent à faire échouer l’expérience islamiste du Haams à Gaza, avaient construit un épais mur métallique souterrain cette année. En pure perte : « Nous avons tous rapidement trouvé le moyen de trouer leur mur », s’amuse Ibrahim.

Comment se répartit la « manne » du business ? Nabil répond sans hésiter. « Il faut donner 50% au côté égyptien, appelez ça bakchich si vous voulez. Je dois donner 7% au propriétaire du terrain. Ici, je paie mes gars une vingtaine de dollars par jour, avant c’était bien plus, mais il y a moins de boulot... »

Il existe une sorte des « loi des tunnels », que le Hamas fait respecter. « On ne peut tout importer, attention : les personnes, les drogues, les armes, l’alcool, tout cela est strictement interdit et peut mener en prison. Le Hamas a ses propres tunnels et là je ne sais pas ce qu’ils font... ».

Bachar, rencontré à Khan Younès, à dix kilomètres d’ici, nous a accompagnés à Rafah. C’est un ancien travailleur des tunnels, il a perdu son boulot. « C’est vrai que les gens sont heureux que les marchandises passent à nouveau depuis Israël, elles sont de meilleure qualité et moins chère, vous pensez ! » Bachar va quand même faire le tour des tentes, pour trouver du boulot. « Il faut biern vivre, j’ai trois enfants à nourir, moi ! » B. L.

 

Le Hamas au centre des critiques

Lundi 27 décembre 2010

Le mouvement islamiste tient la bande de Gaza d’une main de fer

REPORTAGE

BANDE DE GAZA

DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL

Des drapeaux verts, celui de l’islam et… du Hamas, par milliers : de Beit Hanoun, dans le nord, à Rafah, au sud, personne, dans la bande de Gaza, ne peut ignorer que le mouvement islamiste palestinien qui domine le petit territoire côtier a célébré le 14 décembre ses 23 ans d’existence. On en était, en 1987, aux frémissements initiaux de la première intifada. Que d’eau a coulé depuis lors…

Le Hamas contrôle la bande de Gaza d’une main de fer. Tout le monde le dit ou, en tout cas, le pense. Car une chape de plomb a recouvert les esprits. « Si la moindre critique peut vous mener en prison parce que vous avez été dénoncé par un voisin que vous croyiez votre ami, eh bien ! la plupart des gens choisissent de se taire, résume un habitant de Nusseirat, dans le centre de la bande. Ils veulent contrôler nos vies, jusqu’à nous empêcher de boire de l’alcool. Ils mettent leurs hommes à tous les postes. Alors, la population fait le gros dos, affecte de s’islamiser, tout le monde va à la mosquée le vendredi, prie tous les jours. Les gens s’adaptent. »

Rude charge, mais qu’on entendra à maintes reprises. Et que d’aucuns alourdissent ! « L’une des forces du Hamas, c’était sa probité par rapport au Fatah d’Arafat, discrédité par une corruption inouïe, explique un ex-confrère anonyme qui a cessé d’écrire. Mais le Hamas fait de même. Voyez les maisons, les voitures qu’ils possèdent soudain, d’où tiennent-ils cela ? »

Dans son salon cossu à Gaza, le psychiatre Iyad Sarraj, une autorité morale de la place, veut nuancer le tableau. « Les frères ennemis, l’Autorité palestinienne à Ramallah et le Hamas ici, sont d’accord sur le fait qu’ils peuvent violer les droits humains ! C’est presque tribal : quand un “fataoui” est arrêté et torturé à Gaza, un “hamzaoui” subit le même sort en Cisjordanie et vice versa. Mais, pour la corruption, il n’y a pas photos : les gens du Hamas n’arrivent pas à la cheville de ceux du Fatah… Et, politiquement, le Hamas est devenu un mouvement modéré qui accepte un Etat palestinien dans les frontières de 1967. »

Fayçal Abou Shahla, un des rares caciques du Fatah restés à Gaza, n’aurait pas aimé entendre ces propos. Dans les bureaux du parlementaire où une vingtaine de militants désœuvrés sirotent leur thé, il affecte de garder un moral d’acier. « Israël croit étrangler le Hamas avec son blocus, en réalité c’est la population qui étouffe, pas le Hamas. Celui-ci règne par la violence et refuse la réconciliation avec le président Abbas à Ramallah comme en atteste son refus de signer le document d’unité nationale mis au point par nos frères égyptiens. »

La peur, chez certains…

Certains intellectuels vivent également dans la précarité. « Je commence à avoir peur, confie chez lui dans son appartement Ibrahim Ibrash, politologue à l’université Al-Azhar et ex-ministre d’Abbas. Il y a deux mois, la police est venue confisquer mon ordinateur puis j’ai été convoqué au commissariat où j’ai refusé de signer un papier par lequel je renonçais à critiquer le gouvernement. Si je dois me taire, qui parlera ? »

De son côté, Ahmed Fayyad, 37 ans, le correspondant du site internet de la télévision qatarie Al-Jazira est devenu célèbre à son corps défendant il y a trois mois. « C’était à Khan Younès, nous explique-t-il dans son modeste bureau à Gaza-ville. J’assistais à une fête pour enfants quand une bousculade s’est produite car ils avaient accepté trop de monde dans le stade. J’ai voulu prendre des photos mais un policier s’est rué sur moi et m’a sévèrement battu. Après, j’ai remué ciel et terre pour qu’on parle de ce traitement indigne, les organisations locales de droits humains et des confrères ont accepté de médiatiser mon affaire. »

Notre collègue palestinien a bien mené sa barque, ce qui n’est sans doute pas le cas de tout le monde. « Personne ne comprenait car Al-Jazira, dans l’esprit des gens en tout cas, est proche du Hamas. Comme la chaîne en a parlé, cela fit du bruit. Même le Premier ministre Ismaël Haniyeh a condamné l’agression et le chef de la police est venu chez moi s’excuser ; j’espère que cette aventure pourra contribuer à faire diminuer les attaques contre la liberté d’expression, celles-ci existent d’ailleurs aussi en Cisjordanie, dominée par le Fatah… »

La réconciliation entre les factions palestiniennes paraît bien lointaine, minée par les meurtres, la torture, la haine. Ahmed Youssef, vice-ministre des Affaires étrangères du régime du Hamas, blâme, lui, les Européens. « L’Europe n’aide-t-elle pas un seul camp contre l’autre, lui donnant beaucoup d’argent alors que ce gouvernement de Ramallah est tout fait illégitime ? C’est hypocrite. L’Autorité palestinienne est poussée à collaborer en matière de sécurité avec Israël, ce qui est inacceptable car ce pays reste sans aucun doute l’ennemi, qui occupe toujours notre terre et s’en prend indistinctement aux nationalistes et aux islamistes. »

Ahmed Youssef, qui s’attache toujours à présenter un visage modéré, minimise les critiques populaires contre le Hamas. « Certes, la division entre Gaza et la Cisjordanie a polarisé les tensions. Il y a ici quelque 100.000 fonctionnaires gazaouis qui sont toujours payés à ne rien faire par Ramallah et qui essaient de miner le pouvoir du Hamas. Pour le reste, je doute qu’il y ait vraiment du mécontentement : la liberté règne à Gaza, comme la sécurité, et d’ailleurs des gens nous critiquent ouvertement, ce qui en est la preuve. Mais c’est vrai que des groupes tentent de nous saboter. Pourtant les conditions de vie s’améliorent mais que peut-on espérer avec un siège qui ôte toute notion d’accès à l’extérieur ? » BAUDOUIN LOOS

Pas de pêche miraculeuse à Gaza

Au sud de Gaza, les pêcheurs du petit port de la ville font grise mine. « Nous ne sommes pas autorisés à dépasser une limite imposée par Israël de 3 milles marins (5,5 km), maugrée Hamed dans sa barbe en servant un thé bouillant. Sinon, c’est simple, ils tirent sur nous, il y a eu plusieurs tués ces dernières années et les blessés sont presque quotidiens. »

Sur son bateau de dix mètres, le quinquagénaire et deux collègues astiquent leurs filets. Cela fait quarante ans qu’il pêche. « Les bonnes années ? Il faut remonter aux décennies 70 et 80. Je ramène maintenant environ 1 % de ce que je pêchais comme quantité de poissons à l’époque ! »

Avec une côte de 41 km, les ressources halieutiques devraient constituer la principale source alimentaire naturelle du petit territoire. Mais, pour les 4.000 pêcheurs, la vie n’a cessé de se compliquer. Les accords d’Oslo, il y a seize ans, prévoyaient une limite de 20 milles nautiques ; celle-ci s’est rétrécie comme peau de chagrin au gré des décisions unilatérales d’Israël qui dit craindre la contrebande.

« Malgré les restrictions et le danger de prendre la mer, notre profession attire toujours plus de monde, en raison du chômage des 100.000 ouvriers qui travaillaient avant en Israël », se plaint encore Hamed. Autour de lui, deux gamins essayent tant bien que mal d’aider les adultes. « Leurs parents n’ont plus d’argent et ne les envoient plus à l’école. »

Parfois, quand la pêche se révèle vraiment trop mauvaise, Hamed comme les autres se rendent en douce du côté égyptien. « Et là-bas nous achetons du poisson à nos confrères égyptien pour le revendre ici, une situation étrange… »

Au lendemain de notre visite au port, la nouvelle tombait : un jeune homme s’est noyé en soirée après que son embarcation eut été prise en chasse par la marine israélienne au large de l’Egypte. Selon des témoins, son bateau s’est retourné après avoir essuyé des tirs. L’armée a indiqué ne pas être au courant de l’incident. Ziyad el-Bardawil avait 15 ans. B. L.

 

 

 

 

 

 

 

Raji Sourani : « Nous avons atteint
le point le plus bas de notre histoire »

mercredi 29 décembre 2010

Entretien avec le directeur du centre palestinien pour les droits de l’homme à Gaza.

ENTRETIEN

GAZA

de notre envoyé spécial

Vous êtes le directeur du centre palestinien pour les droits de l’homme à Gaza. Osez-vous les mêmes critiques envers le Hamas qu’envers Israël ?

Quand les membres du Hamas étaient arrêtés, torturés, déportés, etc., nous les avons défendus contre l’oppression israélienne ; quand Arafat est arrivé ici - en 1994, NDLR - comme le “ roi de Palestine “, il les a harcelés à son tour, fermant des institutions islamiques, des mosquées. On les a encore défendus, je fus même mis en prison et devins le premier prisonnier politique d’Arafat pour cette raison après avoir d’ailleurs refusé de devenir son ministre de la Justice ! Tout cela n’était pas politiquement correct et on en a payé le prix. Désormais, on critique le Hamas au pouvoir à Gaza et on l’a fait avant les autres. Les arrestations illégales, la torture, les entraves à la liberté d’expression, etc., nous ne faisons pas de compromis. Ils nous connaissent, ils savent que nous ne sommes pas une opposition politique, que nous nous concentrons sur les droits de l’homme. Sans quoi nous perdrions notre crédibilité.

Comment jugez-vous la situation à Gaza ?

Il s’agit d’un cas sans précédent, avec 1,5 million de gens enfermés, Israël contrôlant terre, ciel et mer. Ce territoire est le plus étranglé sur terre ! Avec 50% de sans-emploi, 90% sous le seuil de pauvreté. C’est comme des animaux de ferme qu’on nourrit de l’extérieur, ce n’est pas moi qui le dit mais le CICR – Comité international de la Croix-Rouge – et toute une série d’ONG. Que le siège ait été un peu allégé n’y fait rien : on est en présence de crimes de guerre, de punition collective contre la population civile, qui doivent cesser immédiatement. Si le but d’Israël est d’affaiblir le Hamas, c’est raté, on assiste au phénomène inverse : le Hamas se porte de mieux en mieux, assoit son contrôle sur le territoire.

Israël fait valoir de récents assouplissements qui améliorent la vie quotidienne…

C’est un non-sens ! Et un mensonge. On veut ainsi institutionnaliser le siège, le crime. Les organisations de droits humains et même l’UE réclament la levée immédiate du siège. J’ai dit à Mme Ashton qu’en laissant faire Israël ça n’aiderait pas. Qui parle encore d’indépendance ici ? On tente de sauver les droits élémentaires, la santé, le logement, la scolarité, on en est toujours là. Et les choses vont en se détériorant. Toute une génération de Gazaouis n’a jamais connu la liberté de mouvement. Pendant ce temps-là, en Cisjordanie, les colonies juives continuent de s’étendre, sabotant un futur Etat et établissant un apartheid de facto, sans oublier le nettoyage ethnique à Jérusalem. C’est simple : les Palestiniens n’existent pas. Nous avons atteint le point le plus bas de notre histoire, alors qu’Israël est au sommet de son pouvoir et aussi de son arrogance. Le Hamas et le Fatah se disputent pour quoi ? Pour avoir le droit de diriger la décharge publique de Gaza et les enclaves de Cisjordanie ? Quel gâchis !

D’aucuns blâment le déchirement entre le Hamas et le Fatah.

Il n’existe aucune excuse pour aucun parti palestinien par rapport à cette division. Il faut certes tenir compte des facteurs externes qui incitent à la division, principalement les Etats-Unis et Israël. Mais bon, il faudra surmonter nos divisions, on peut – il faut ! – avoir raison des haines fratricides. Propos recueillis à Gaza par BAUDOUIN LOOS

 

« Les Palestiniens refusent les diktats »

jeudi 30 décembre 2010

ENTRETIEN

Sami Abou Zouhri, vous êtes le porte-parole du Hamas à Gaza. Comment votre mouvement voit-il les choses deux ans après l’attaque israélienne contre la bande de Gaza ?

La vie est dure à Gaza, les gens souffrent. La raison tient dans le siège que nous subissons et l’agression israélienne continuelle. La population comprend que le siège est politique. Mais la situation est stable car les Palestiniens refusent les diktats israéliens. En fait, ce blocus a un effet opposé à son but : le Hamas gagne plus de soutien populaire !

Il existe une puissante volonté de la rue de voir le Hamas et le Fatah enfin se réconcilier, mais cette perspective semble plus lointaine que jamais…

Cela correspond certainement à une vraie volonté populaire, mais c’est compliqué, ne le nions pas. Le Fatah dépend de ses soutiens internationaux, surtout celui des Etats-Unis, et ceux-ci s’opposent à cette réconciliation, y mettent même leur veto.

Le Fatah a pourtant signé le document de réconciliation rédigé par les Egyptiens, et pas le Hamas, pourquoi ?

Nous avons des réserves à propos des points relatifs à la sécurité en Cisjordanie et à Gaza, le Fatah affirmant ne parler que de Gaza, pas de la Cisjordanie. Il y a aussi un différend à propos de l’élection d’un comité agréé par tous les partis, que le Fatah refuse.

Le Hamas a-t-il peur de se présenter devant les électeurs comme le prévoit ce document ?

La grande manifestation organisée à l’occasion de notre 23e anniversaire à la mi-décembre a au contraire encore montré notre popularité, puisque des centaines de milliers de supporters sont venus nous féliciter. Nous n’avons pas peur, nous avons la confiance du peuple. D’ailleurs, nous corrigeons nos erreurs.

L’interdiction de la manifestation du Fatah pour le 6e anniversaire du décès d’Arafat constitua-t-elle une de ces erreurs ?

Non. Hélas ! le Fatah veut utiliser ce genre d’événement pour tenter une déstabilisation.

Des journalistes ont été battus par des policiers, vous comptez cela dans les « erreurs » ?

C’est arrivé. Et nous condamnons ! Quand des agents dépassent les lignes rouges contre des civils, nous agissons sans pardon, et des dizaines de policiers ont été arrêtés et une partie limogés.

On entend aussi beaucoup parler de corruption de la part des dirigeants du Hamas…

Il s’agit de la propagande du Fatah. Il faut donner des noms et prouver leur implication coupable, pas se contenter de simples rumeurs mal intentionnées. Il paraît que je suis moi-même un corrompu car j’ai acquis une nouvelle maison. Mais je suis professeur à l’université et je gagne ma vie, ainsi que ma femme.

On entend des déclarations contradictoires sur le fait que le Hama accepterait ou non un Etat dans les frontières de 1967…

Non, la position du Hamas sur l’acceptation des frontières de 1967 rappelée par Ismaël Haniyeh est partagée par tout le monde. Mais personne n’accepte qu’on récompense Israël en le reconnaissant. Le droit international n’exige pas qu’on reconnaisse Israël pour disposer d’un Etat. Notre position là-dessus n’est pas négociable. Je sais pertinemment bien qu’en Occident cela reste très difficile à comprendre et la propagande israélienne ne manque pas d’exploiter cette incompréhension pour marquer des points. L’Occident devrait ne pas perdre de vue les centaines de milliers de personnes qui furent chassés par les Israéliens. Nous n’oublions pas nos droits. Les Occidentaux voient les Israéliens en victimes des nazis sans voir qu’ils se comportent comme ces derniers !

Vous ne pouvez comparer. Il y a tout de même eu six millions de juifs tués pendant la dernière guerre mondiale…

Ce n’est pas une question de chiffres. Mais de crimes, comme ceux commis contre les enfants de Gaza, où même les écoles ne sont pas un lieu sûr.

A propos de Guilad Shalit, ce soldat israélien détenu quelque part à Gaza, vous pourriez améliorer votre image en lui accordant des visites de la Croix-Rouge internationale…

On sait que les Israéliens veulent le libérer par tous les moyens, donc on ne leur donnera pas cette chance. Quant aux négociations pour un échange de prisonniers, elles patinent depuis que (le Premier ministre israélien) Netanyahou a fait marche arrière. J’ajoute que la communauté internationale est biaisée : elle s’émeut pour Shalit, un soldat fait prisonnier lors d’une opération militaire, et pas du tout pour les 8.000 prisonniers politiques palestiniens arrachés à leurs foyers et détenus en Israël depuis des années.

Le Hamas entretient-il des contacts avec des dirigeants occidentaux, malgré son statut de « mouvement terroriste » ?

Il existe de nombreux contacts, souvent publics. Parfois même avec des membres de coalitions au pouvoir dans des pays européens. Cela n’a rien apporté de concret jusqu’ici mais c’est un signe important : beaucoup comprennent que le Hamas ne doit pas être ignoré.

Confirmez-vous qu’un éventuel accord que l’Autorité palestinienne conclurait avec Israël pourrait être soumis à un référendum ?

C’est bien trop hypothétique. On verra. Mais nous pensons qu’un accord n’est pas réalisable car les Israéliens ne sont pas décidés à nous accorder nos droits et les Américains ne sont pas prêts à exercer des pressions sur Israël.

Quelle relation entretenez-vous avec l’Iran, recevez-vous de l’argent, des armes ?

Nous avons des relations avec l’Iran comme, par exemple, avec la Russie. Pourquoi refuserions-nous le soutien d’un pays musulman alors que nous sommes sous occupation ? Je refuse de commenter l’aspect financier. Quant aux armes, l’Iran n’a rien à voir avec notre armement. C’est tout de même étrange : l’Occident s’interroge sur qui soutient l’occupé et personne ne parle de ceux qui soutiennent l’occupant !

Le Hamas a des relations difficiles avec l’Egypte qui veut l’échec de votre expérienceà Gaza…

Nous ne sommes jamais intervenus dans le jeu politique intérieur égyptien. L’Egypte est un grand pays et il serait dans l’intérêt des deux parties d’avoir de bonnes relations.

Vous-même avez eu un frère torturé et décédé dans une prison égyptienne en octobre 2009… Vous avez pardonné ?

A titre personnel, je ne pardonne pas, j’ai commis un avocat pour poursuivre qui de droit en Egypte. Mais l’intérêt public prime. C’est dur pour moi, mais cela ne change pas notre vision, nous représentons le peuple.

Propos recueillis à Gaza par BAUDOUIN LOOS

 

« Le Hamas a choisi le chemin de la guerre »

Jeudi 30 décembre 2010

ENTRETIEN

Yigal Palmor, vous avez vécu en Belgique durant votre jeunesse, et êtes maintenant porte-parole des Affaires étrangères israéliennes. A Gaza, les gens parlent tous du siège comme d’une punition collective…

Je ne puis commenter des impressions subjectives. Israël ne s’en prend pas à la population mais au gouvernement de facto du Hamas en place depuis son coup sanglant de juin 2007. Ce mouvement a choisi le chemin de la guerre contre nous, contre l’Egypte et même contre l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. Cette situation n’est pas le résultat de la volonté israélienne et le siège découle des choix du Hamas.

Pourtant la communauté internationale, à commencer par l’Union européenne, vous demande de lever ce siège « immédiatement », elle se trompe ?

Il existe certes une différence d’analyse entre nous et les Européens. Car ces derniers ne portent pas la même responsabilité ; il est aisé de prêcher l’ouverture depuis Bruxelles, mais nous sommes responsables de la sécurité de nos citoyens, dont ceux qui vivent près de la bande de Gaza. On peut aussi se demander pourquoi les Européens ne réclament pas la même levée de siège à l’Egypte, qui a aussi une frontière fermée avec Gaza…

Après la mésaventure du Mavi Marmara le 31 mai et les 9 militants turcs tués, Israël a assoupli le siège, mais on constate que les mesures annoncées prennent beaucoup de temps à se concrétiser, l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les réfugiés, par exemple, se plaint que seuls les plans pour 6 écoles sur 100 à construire ont été approuvés par Israël…

Je m’inscris en faux contre les allégations de l’Unrwa. Le FMI a constaté une croissance de 16% à Gaza pour les six premiers mois de 2010...

Oui mais c’est en comparaison avec la période la plus noire, exceptionnelle, celle qui suivit la guerre de 2008-2009…

Sans doute viennent-ils de loin et je ne dis pas que Gaza devient Singapour, mais dire que rien ne bouge relève de la mauvaise foi. D’ailleurs, on annonce que les tunnels entre Gaza et l’Egypte commencent même à servir pour l’exportation !

Les Gazaouis se plaignent amèrement de l’interdiction des matériaux de construction (ciment, fer…).

Cette interdiction concerne en effet le secteur privé car il y a trop de risque que ces matériaux aboutissent dans les mains du Hamas, qui les utiliserait pour des constructions militaires, des bunkers, etc. En revanche, l’importation de ces marchandises est permise dans le cadre de projets d’institutions internationales.

L’image d’Israël souffre notamment parce que ce pays refuse de geler la construction dans les colonies juives dans les territoires occupés avant la reprise des négociations…

Nous savons que cette image s’est détériorée. Je dirais deux choses : d’abord, formellement, selon aucun accord signé avec l’Autorité palestinienne, Israël ne s’est engagé à arrêter la construction dans les implantations, ce point figurant avec d’autres comme le sort de Jérusalem ou la question des réfugiés au menu des négociations. Pourquoi extraire ce point et en faire une condition préalable ? Israël pourrait en faire autant et compliquer tout davantage.

Vous critiquez donc Washington, qui insiste sur ce point aussi ?

Cela concerne tous ceux qui croient bon de faire valoir cette condition préalable. Mon second point se rapporte à la bonne volonté israélienne, mise en doute par votre question. Nous avons fait un grand geste, sans recevoir de contrepartie, quand nous avons évacué la bande de Gaza en 2005, cela ne nous a pas apporté le calme, au contraire.

Mais l’évacuation n’a pas été coordonnée avec Abbas, certains disent qu’Israël a presque donné les clés au Hamas…

Nous nous attendions à plus de volonté du côté de l’Autorité palestinienne pour faire avancer les choses. Lors de la campagne électorale qui suivit, en mars 2006, le Premier ministre d’alors, Ehoud Olmert, promouvait la continuation des retraits. C’est vrai que la victoire électorale du Hamas, en janvier de la même année, est venue brouiller les cartes.

Revenons au gel de la colonisation…

Eh bien ! lors du gel que nous avons fait respecter entre novembre 2009 et septembre 2010, il n’y a pas eu de contrepartie palestinienne ou arabe, comme le réclamaient les Américains. On demande toujours plus à Israël de manière unilatérale.

Des dizaines de rabbins ont aussi terni l’image d’Israël tout récemment en signant un appel pour que les Israéliens juifs ne louent pas ou ne vendent pas d’appartement à des Israéliens arabes…

En effet et c’est une honte absolue ! Cet appel a été catégoriquement rejeté pour toutes les autorités de l’Etat et par les plus grands rabbins. Cela dit, cet épisode n’est pas du tout représentatif de la population israélienne.

Un sondage vient pourtant de montrer une majorité de sondés d’accord avec les rabbins racistes…

Les vrais sondages ce sont les élections et, que je sache, nous n’avons pas une majorité de parlementaires qui correspondrait par exemple au Vlaams Belang ou au Front national…

  Propos recueillis à Jérusalem par BAUDOUIN LOOS

La bande de Gaza

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Des Palestiniens se précipitent vers le lieu de l’impact d’un missile israélien, à Beit Lahiya, le 29 décembre 2008


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Evacuation d’une victime d’un bombardement israélien, à Beit Lahiya, le 29 décembre 2008
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Un Palestinien blessé par un bombardement israélien, à Beit Lahiya, le 29 décembre 2008

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Bombardement israélien sur Beit Hanoun, le 29 décembre 2008


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Des Palestiniens courent se mettre à l’abri pendant un bombardement israélien sur Jabalya, le 29 décembre 2008


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Les décombres d’une mosquée bombardée par l’aviation israélienne, à Jabalya, le 29 décembre 2008

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Les destructions consécutives à un bombardement israélien sur Jabalya, le 29 décembre 2008

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Le père de cinq fillettes victimes de la barbarie israélienne pleure en tenant son fils blessé, à Rafah, le 29 décembre 2008

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Les funérailles de trois enfants victimes de la barbarie israélienne, à Rafah, le 29 décembre 2008

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Les funérailles de cinq fillettes victimes de la barbarie israélienne, à Rafah, le 29 décembre 2008
  


الطيران الحربي الإسرائيلي يشن ثلاث غارات على مدينة غزة
par al Jazeera
 

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