Pierre Schori encourage les gouvernements européens à abandonner le silence passif de l'UE par rapport au conflit au Moyen-Orien
THE
ARAB WORLD
|
It’s time the EU told Israel
that enough is enough
Summer 2010
Ami de longue date d'Israël, le vétéran
politicien suédois Pierre Schori encourage les gouvernements européens à
abandonner le silence passif de l'UE par rapport au conflit au Moyen-Orient et
à en parler ouvertement.
« J'avais six ans quand mes parents ont ouvert
leur hôtel à Malmö, où ils ont reçu pour recevoir quelques-unes des 30.000
personnes, parmi lesquels de nombreux juifs, sauvés des camps de la mort
d'Hitler par le comte Bernadotte de Suède. Un demi-siècle plus tard, en 1995,
j'ai été le premier ministre suédois à signer un protocole d'accord avec M.
Shimon Pérès afin de soutenir conjointement le développement agricole en
Afrique.
Mes sentiments pour le peuple d'Israël sont
toujours les mêmes, mais l'exceptionnalisme israélien a malheureusement
transformé le rêve de jeunesse du socialisme égalitaire des kibboutz en un Etat
qui inflige les punitions collectives à un autre peuple sans Etat, et déchaîne
une violence militaire disproportionnée dans les territoires qu'il occupe en
total déni du droit international.
Les points de vue des commentateurs israéliens
exprimant leur angoisse et leur frustration doivent être entendus parce qu'ils
représentent l'autre Israël qui n’est pas celui de ceux qui ont encore l’espoir
d'une solution pacifique à deux Etats.
L'administration Obama a besoin du
soutien de l'Europe pour un New Deal au Moyen-Orient. Obama a identifié dès le
départ l'expansion illégale des colonies israéliennes comme un obstacle majeur
à la paix. Lorsque la volée de contre arguments officiels israéliens ont suivi,
l'UE a de nouveau gardé le silence.
Par le passé, l'Union a déjà fait montre d’une politique unie, active et
progressiste. Lors de leur sommet de Venise en 1980, les dirigeants européens
ont reconnu le droit du peuple palestinien à l'autodétermination et prôné la
solution à deux Etats. Mais deux décennies plus tard, sous la pression de
l'administration Bush et de son soutien inconditionnel à Israël, l'Union a
adopté un profil inexplicablement bas.
Les efforts occasionnels de l'UE pour être plus concrète ou plus insistante -
par exemple, pendant les dernières heures de la présidence suédoise en Décembre
2009-ont été accueillis par l'argument habituel que «ce serait mettre à mal le
processus de paix". Le processus de paix était entre-temps devenu un
slogan derrière lequel Israël a continué en toute impunité sa colonisation
incessante de terres palestiniennes.
Mais Israël a franchi une limite avec la guerre de Gaza il y a un an, et c'est
également l'avis de l'administration Obama. Washington considère désormais le
conflit israélo-palestinien comme étant directement lié à d'autres crises où
les intérêts stratégiques américains sont impliqués. L'armée américaine voit maintenant
l'intransigeance d'Israël comme une menace à la présence américaine l
'Amérique au Moyen-Orient, et cela met ses soldats en danger.
Il est temps pour les gouvernements de l'UE de gérer les relations de l'UE avec
Israël tout aussi sérieusement que le fait sérieusement que le Parlement
européen et les diplomates de l'Union européenne à Jérusalem. Afin qu’un nombre
croissant d'institutions influentes et d’acteurs politiques en Europe
commencent à exercer des pressions importantes pour un changement politique de
la part de l'UE.
Fin février de cette année, la Cour de justice européenne à Luxembourg a jugé qu’ Israël ne pouvait pas faire passer pour
ses propres produits ceux réalisés par les colons sur des territoires
palestiniens occupées. Le verdict concernait une entreprise allemande de
boissons gazeuses, Brita, qui achète les sirops d'une société israélienne
appelée Soda-Club de Mishor Adumim en Cisjordanie occupée. Plus tôt, en
Novembre l'année dernière, les 21 ambassades de l'UE situés à Ramallah avait
présenté des mesures garantissant que les produits fabriqués à Jérusalem-Est ne
sont pas exportés vers l'UE en vertu de l'accord d'association UE-Israël. Ces
recommandations n'ont cependant, pas été, prises par les ministres des Affaires
étrangères de L’UE, tout comme cela s'est produit dans le cadre de la guerre en
Irak alors que certains dirigeants de l'UE ont refusé d'agir contre une
violation du droit international, au mépris de l’avis des experts juridiques et
de l'opinion publique.
Peu de temps après son entrée en fonctions, la nouvelle "ministre des
Affaires étrangères" de l'Union européenne, la baronne Catherine Ashton, a
été interpellée directement par le Parlement européen après son approbation le
10 mars dernier du rapport Goldstone qui accuse Israël de crimes de guerre et
appelle à la poursuite des responsables israéliens à La Haye. La résolution du
Parlement européen invitait le Haut Représentant et les États membres de l'UE
"à exiger publiquement la mise en œuvre des recommandations [] du rapport
et la responsabilisation pour toutes les violations du droit international, y
compris les crimes de guerre présumés."
L'effort de lobbying de la part de groupes européens juifs a si intense que
l’eurodéputé irlandais Proinsias de Rossa, président de la délégation du comité
de liaison du législatif palestinien EP a déclaré que le vote était devenu «un
test de la crédibilité de l'engagement du Parlement en faveur des droits de
l'homme , indépendamment de considérations politiques ".
Il appartient maintenant aux gouvernements membres de l'UE de montrer le
même/cet engagement. "L'UE devrait mettre fin à son approche les yeux
bandés sur les actions israéliennes et introduire le droit international et les
droits de l'homme comme la pierre angulaire de son approche politique en Israël
et en Palestine", a soutenu le think thank CEPS (Center for European
Policy Studies) en Janvier 2009, et l'ancien commissaire aux relations
extérieures de l'UE, Chris Patten, a dénoncé le fait que les donateurs internationaux
endossent la plupart des coûts causés par l'occupation d'Israël qui, en vertu
de la Convention de Genève, devraient être assumés par Israël lui-même. Il a
ajouté que de nombreux projets de l'UE avaient été réduits en ruines par les
Forces de défense israéliennes et a demandé, comme le font de nombreux
contribuables européens: "Combien de temps les donateurs peuvent-ils
justifier ces dépenses?
Les gouvernements de l'UE semblent esquiver cette question, mais le secrétaire
général Ban Ki-moon a montré plus de courage quand il a envoyé en Israël une
facture de 11 millions de dollars pour l'indemnisation des dommages aux biens
des Nations Unies. Israël a accepté de payer sans précédent 10 M $ de dollars
et a déclaré que le règlement devrait être considéré comme un geste de bonne
volonté envers l'ONU. Israël n'avait pas de tels sentiments pour les
Palestiniens. Selon l'ONU, outre les 1.400 Palestiniens morts, l'offensive sur
Gaza a détruit plus de 50.000 logements, 800 propriétés industrielles et 200 écoles.
Alors, combien de temps devrons-nous
attendre pour que l'UE envoie à Israël une facture semblable? Au cours de
la dernière année, l'UE et ses membres ont contribué environ pour € 1 milliard,
de l'aide, mais la guerre de Gaza a laissé une forte impression sur l'opinion
publique européenne. En Suède, la guerre fera certainement partie de l'élection
générale de cette année; plus de 45 projets qui coûtent aux contribuables
suédois 14 M € ont été détruits ou rendus inutilisables, parmi eux le réseau
électrique de Gaza et un système d'égouts important. L'opposition,
composée des sociaux-démocrates, des Verts et du Parti de gauche, s'est engagée
à rompre toute coopération en matière de défense et de mettre fin à tout
contrat d'armement avec Israël. Reconnaissant que le boycott du Hamas était
contre-productif, les trois partis ont déclaré que la Suède va travailler au
sein de l'UE pour soutenir les élections libres et équitables dans l'ensemble
de la Palestine, et que l'UE doit respecter le gouvernement démocratiquement
élu et lui offrir un soutien . Ils ont également dit que la Suède doit être
prête à participer à une force de paix mandatée par l'ONU dans la région.
Les dirigeants européens doivent montrer que
l'Union n'est pas un tigre de papier, qu'aucun pays est au-dessus du droit
international et que non seulement le peuple d'Israël, mais aussi le peuple de
Palestine, sous blocus israélien, méritent notre solidarité et notre droit à la
protection.