La « flottille des femmes » vers Gaza quittera le Liban dimanche 22 août
Photo : L’organisatrice de la « flottille des femmes », Samar al-Hajj, annonce à la presse le départ prochain du Mariam, qui doit briser le blocus israélien de la bande Gaza, dans le port de Tripoli, au Liban, le 19 août 2010. Hussein Malla/AP/SIPA
Les quelque cinquante femmes qui vont embarquer souhaitent briser le blocus israélien...
C’est
pour dimanche. Le comité organisateur de la « flottille des femmes » a
annoncé ce jeudi que le bateau d’aide humanitaire, qui doit briser par
la mer le blocus israélien de la bande de Gaza, quittera dimanche le
Liban pour Chypre.
Des religieuses, des intellectuelles et une femme enceinte
Le bateau, qui bat pavillon bolivien
(et non Saoudien- Dj. B.), « partira pour Chypre dimanche à 22 heures
locales (minuit lundi matin, heure française) du port de Tripoli », a
indiqué à la presse Samar el-Hajj, l’organisatrice de l’expédition.
Baptisé « Mariam » en l’honneur de la Vierge Marie, le cargo chargé de
médicaments et d’instruments médicaux est actuellement amarré au port de
Tripoli, dans le Nord du Liban, et ne doit transporter que des femmes, de divers pays et religions.
A son bord, un groupe de religieuses américaines, des médecins, des
avocats, des militantes, des journalistes, la chanteuse libanaise May
Hariri, et même une femme enceinte. Cette dernière a décidé de
participer à la « flottille des femmes » car elle considère que le
blocus est injuste : « Ces gens ont besoin d’aide », selon elle. Ces
quelque 50 femmes (dont 30 Libanaises) ont toutes pris le nom du bateau
pour identité, et se reconnaissent par le numéro qui y est accolé,
« pour éviter de subir les pressions des ambassades », indique Samar
el-Hajj, l’une des organisatrices.
« Aucun rapport avec le Hezbollah »
« Nous sommes des femmes indépendantes désireuses de briser le blocus de Gaza », avait auparavant expliqué Samar el-Hajj, notant que ces militantes n’étaient affiliées à aucun mouvement. « Cela n’a aucun rapport avec le Hezbollah »,
le parti chiite libanais. C’est Free Gaza (une coalition
d’organisations pro-palestiniennes et déjà organisatrice de la
« flottille de la liberté », cible d’un arraisonnement israélien
sanglant le 31 mai dernier) qui est en charge de la logistique du
projet.
Le mouvement, soutenu par des personnalités dont le prix Nobel de la paix 1976 ou l’intellectuel juif américain Noam Chomsky,
est accusé par Israël d’accueillir des éléments favorables au Hamas et
d’autres islamistes représentant une menace pour sa sécurité. De plus,
si Samar Al-Hajj affirme que la « flottille des femmes » est purement
humanitaire, Israël ne voit pas d’un bon œil le départ du bateau du
Liban, pays avec lequel il est techniquement en état de guerre.
Départ repoussé
Ainsi, alors que l’équipage du Mariam avait espéré partir il y a
plusieurs semaines, son départ a été repoussé : l’Etat hébreu a lancé
une mission diplomatique au Liban pour empêcher la mission. Malgré tout,
le gouvernement libanais a donné son autorisation pour que le bateau
rejoigne Chypre, la première étape de son périple, tout en se
déchargeant de toute responsabilité, a rapporté mardi le Guardian.
« L’ambassadeur de Chypre à Beyrouth a tenté de nous convaincre de ne
pas y aller en affirmant que son pays n’allait pas nous donner
l’autorisation pour nous diriger vers la bande de Gaza », a expliqué
Samar el-Hajj à l’AFP, ajoutant « mais nous insistons : nous n’avons pas
d’armes et nous irons à Gaza », sans pour autant préciser comment les
militantes comptaient s’y prendre.
Israël utilisera les « mesures nécessaires » pour les arrêter
L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Gabriela Shalev, a en effet
averti que Israël se réserve le droit d’utiliser les « mesures
nécessaires » en conformité avec le droit international pour arrêter le
navire. Les participantes connaissent bien les dangers de ce type de
périple, et Samar Al-Haj leur a rappelé qu’une confrontation était très
possible. Elle leur recommandé de faire « des analyses de sang », au cas
où le bateau serait attaqué et où certaines passagères auraient
« besoin d’une transfusion sanguine ».
Elle a ajouté que les organisateurs allaient tout faire pour ne pas
provoquer Israël et montrer qu’ils sont totalement pacifiques. « Nous n’allons même pas porter des couteaux de cuisine »,
dit-elle. L’une des passagères a affirmé qu’en cas d’assaut militaire
israélien, elles « ne prévoient pas de se battre ou d’attaquer », mais
ne quitteront pas le navire.
Israël prêt à empêcher de force un bateau d'entrer à Gaza
Israël se réserve le droit, selon son ambassadrice à l'ONU, d'utiliser « tous les moyens nécessaires » pour empêcher un bateau d'aide humanitaire, avec à bord des militantes pro-palestiniennes, d'entrer à Gaza.
L'ambassadrice d'Israël à l'ONU, Gabriela Shalev, a ainsi averti le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, dans une lettre.
Elle affirme que le groupe organisateur du voyage « est soupçonné d'avoir des liens avec l'organisation terroriste Hezbollah ».
Tout en étant parfaitement au courant des canaux officiels autorisés pour acheminer de l'aide à la bande de Gaza, les organisateurs « cherchent à provoquer une confrontation et à faire monter la tension dans notre région », poursuit la lettre.
« Étant donné l'actuelle situation de conflit armé entre l'organisation terroriste Hamas et l'État d'Israël (…), Israël se réserve le droit, en conformité avec le droit international, d'utiliser tous les moyens nécessaires » pour empêcher ce bateau de « violer le blocus naval de Gaza ».
Le Liban refuse de céder aux menaces d'Israël
Le Liban refuse de céder aux menaces d'Israël d'intercepter le bateau d'aide humanitaire, a indiqué vendredi le ministre libanais des Transports.
« Nous ne tenons pas compte des désirs et des demandes de Barak (Ehud Barak, ministre israélien de la Défense) et tout ce qu'il dit nous importe peu », a déclaré Ghazi Aridi. « Nous continuons à exercer notre souveraineté sur notre sol et à prendre les décisions que nous jugeons appropriées », a dit le ministre.
Le ministre libanais a précisé, que les autorités chypriotes n'avaient pas encore accordé au bateau l'autorisation d'accoster à Chypre ni de passer par les eaux territoriales de ce pays pour se rendre à Gaza.
Le gouvernement chypriote a rappelé ce vendredi dans un communiqué que l'interdiction de se rendre à l'enclave palestinienne à partir des ports chypriotes était toujours en vigueur.
« Nous irons à Gaza »
Fin juillet, Ehud Barak avait prévenu que son pays intercepterait tout navire faisant partie d'une flottille qui partirait du Liban pour se diriger vers la bande de Gaza, affirmant considérer qu'empêcher le départ d'une telle flottille relevait de la responsabilité du gouvernement libanais.
« Le Mariam partira pour Chypre dimanche à 22H00 locales (19H00 GMT) du port de Tripoli », a indiqué jeudi à la presse Samar el-Hajj, organisatrice de l'expédition Israël et le Liban étant techniquement en état de guerre, aucune liaison maritime n'est possible entre les deux pays.
« Mais nous insistons: nous n'avons pas d'armes et nous irons à Gaza », a-t-elle ajouté.
Un assaut mené le 31 mai par l'armée israélienne contre une flottille humanitaire internationale qui faisait route vers Gaza avait coûté la vie à neuf passagers turcs.
Chypre n'avait pas autorisé les bateaux de cette flottille à appareiller à partir de ses ports, la contraignant à rester au large de l'île avant de se diriger vers Gaza.
(afp)