Juifs, musulmans : nous portons tous les cicatrices de Gaza
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Juifs, musulmans : nous portons tous les cicatrices de Gaza
By Esther Benbassa
Created 01/06/2010 - 10:05
Un an a passé depuis l'offensive israélienne contre Gaza. Celle-ci exhibe pourtant les cicatrices toujours ouvertes des attaques israéliennes. Le mur érigé pour protéger les Israéliens des attentats les assiège eux-mêmes. Des deux côtés, l'espoir n'est pas à l'ordre du jour. Quant aux puissances internationales, elles ne font pas suffisamment acte d'autorité pour contraindre les parties en présence à un pas décisif.
L'Europe, hantée par le poids du génocide des Juifs, manque à la fois du crédit et de la volonté nécessaires. Submergé par les dossiers de politique interne, préoccupé par son prochain mandat, soucieux de ménager ses lobbies -y compris les organisations juives qui pèsent de tout leur poids pour assurer un soutien indéfectible à Israël, surtout quand on sait que les Juifs américains votent massivement démocrate- Barack Obama paraît pieds et mains liés.
De nouvelles forces juives américaines comme J Street s'agitent bien pour tenter d'infléchir cet appui inconditionnel dans une direction positive, en appelant à la résolution du conflit par des voies diplomatiques sous la gouvernance des États-Unis et à la création d'un État palestinien. Elles sont encore loin d'être majoritaires.
La collectivité juive française, la plus importante d'Europe, ne semble en tout cas pas prête à imiter son homologue d'outre-Atlantique. Certes, elle n'est pas faite d'un seul bloc, mais il faut reconnaître qu'elle donne l'impression d'agir sur ce dossier comme un seul homme.
Ses institutions « représentatives » suivent les directives israéliennes au mot près, et l'on pourrait même dire qu'elles font du zèle. Non seulement nombre de ses dirigeants surfent depuis quelques années sur la vague d'islamophobie qui traverse la France, mais ils s'efforcent de culpabiliser et de paralyser les médias et les politiciens français en mettant en avant la montée de l'antisémitisme.
Ils l'attribuent aux milieux arabo-musulmans, pour occulter l'insoutenable politique israélienne à l'endroit des Palestiniens, contribuant à créer ainsi la confusion entre musulmans et Palestiniens, et accréditant la dérive d'une certaine extrême-gauche et de certains de nos concitoyens, amalgamant quant à eux sans nuances Israéliens et Juifs.
À la faveur de la seconde intifada, le thème d'un regain d'antisémitisme s'était déjà invité dans l'arène politique française, se combinant à celui, sacro-saint, de la sécurité. Beaucoup en avaient joué, notamment une droite cherchant à assurer en 2002 la réélection de Jacques Chirac.
Le gouvernement israélien, alors sous la férule d'Ariel Sharon, taraudé par ses inquiétudes démographiques et soucieux de contrer la forte natalité des Palestiniens, en avait quant à lui profité pour tenter -sans grand succès- de créer un mouvement d'émigration juive de France vers Israël.
Tout récemment, juste à la veille du premier anniversaire de la catastrophe de Gaza, on a une fois de plus assisté à un sursaut de panique. Comme pour prendre les devants face aux retombées éventuelles d'un tel anniversaire après les fêtes de fin d'année, on a brandi d'inquiétantes statistiques.
Le ministre de l'Intérieur -le même qui avait suscité la polémique en déclarant, en septembre 2009 : « Quand il y en a un [un Arabe], ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes »- s'est vu décerner, le 13 décembre de la même année, un Prix de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme par l'Union des patrons juifs de France, dont le site web se distingue par une rhétorique antimusulmane du plus mauvais goût.
Certes, les 704 faits antisémites recensés sur les neuf premiers mois de l'année 2009, plus du double de ceux enregistrés à la même période l'année précédente, révèlent une progression notable. Mais le ministre lui-même l'a imputée en partie à la situation internationale et à l'exacerbation du conflit israélo-palestinien.
Nul doute que cette montée d'antisémitisme, aussi blâmable soit-elle, est directement liée à la politique israélienne. Ironie de l'histoire, ceux qui avaient fondé le mouvement sioniste l'avaient fait pour mettre les Juifs d'Europe à l'abri de l'antisémitisme en créant pour eux un foyer national.
Les Juifs français ne pourront plus s'abriter derrière leurs souffrances passées ou présentes et s'engager tête baissée dans les campagnes menées contre les musulmans en France. Non seulement cette stratégie n'aide en rien Israël, mais elle renforce l'hostilité chez ceux qui combinent, à tort et à des degrés divers, le soutien à la cause palestinienne, la critique d'Israël et l'antisémitisme historique.
Si, aujourd'hui, nombre de politiciens en France et en Europe désignent les musulmans comme boucs émissaires, n'oublions pas qu'hier ce sont les Juifs que l'on désignait comme tels. Le débat sur l'identité nationale n'est pas nouveau non plus. Les Juifs, qui en portent les stigmates, devraient s'en souvenir et se dire qu'ils risquent, eux aussi, de ne pas en sortir indemnes.
À la diaspora juive -dont la propre paix dans les pays où elle vit dépendra largement d'une résolution du conflit israélo-palestinien- de rappeler à Israël ce que le monde attend de lui. Vœu pieux en ce début de nouvelle année civile ?
Israël accusé par l'ONU de crimes de guerre à Gaza [1]
Proche-Orient : le défi dangereux des colons de Cisjordanie [2]
Links:
[1] http://www.rue89.com/2009/09/17/israel-accuse-par-lonu-de-crimes-de-guerre-a-gaza
[2] http://www.rue89.com/2009/12/13/proche-orient-le-defi-dangereux-des-colons-de-cisjordanie-129791
Esther Benbassa « Pour l’avenir, il y a un roman national à réécrire »
Directrice d’études à l’École pratique des hautes études, Esther Benbassa estime nécessaire de débattre de la France telle qu’elle est.
L’auteure de Être juif après Gaza (CNRS éditions, 2009) ne rate pas une occasion pour s’impliquer dans des combats qu’elle estime justes. En décembre dernier, elle a décidé de faire partie d’un collectif qui prône l’ouverture d’un « autre débat » que celui lancé par le gouvernement. Les membres de ce collectif, comprenant des intellectuels, des chercheurs, des écrivains, des journalistes travaillant sur le post-colonialisme ou l’immigration rejettent l’initiative d’Éric Besson, dont le but, considèrent-ils, est de manipuler l’opinion. Esther Benbassa la qualifie même de dangereuse car elle lève le tabou du racisme.
Pourquoi demandez-vous l’arrêt du débat sur l’identité nationale, alors qu’Éric Besson s’entête à vouloir le poursuivre?
Esther Benbassa. Nous n’appelons pas à cesser de débattre mais à conduire un autre échange qui ne porte pas sur l’identité nationale et qui serait une sorte de radiographie de la France. Il faut sortir de ce débat stérile sur l’identité nationale rappelant les discussions des années trente lorsque les ligues fascistes criaient? : « La France aux Français? ! » Esther Benbassa. Il est dangereux d’abord parce qu’il caresse les mauvais instincts des gens et fait sauter le tabou du racisme. Des personnes osent dire à haute voix ce qu’elles écrivaient anonymement. Il n’est qu’un cache-misère pour parler de l’autre, de l’immigré qui ne ferait pas partie de l’identité nationale. De plus, ce débat est tourné contre l’islam comme l’était l’antisémitisme contre les juifs au XIXe siècle. Or on sait à quoi avait abouti l’antisémitisme des années trente. En quoi consiste précisément l’« autre débat » que vous appelez de vos vœux ? Esther Benbassa. On veut un débat ?sur la France telle qu’elle existe aujourd’hui, avec des états généraux, des colloques et bien d’autres initiatives. Il faut réécrire les manuels scolaires, l’histoire, car, dans la saga nationale qu’est l’histoire de France,? il y a celle des anciens colonisés et celle des immigrés. La décolonisation n’a toujours pas été digérée. Il faut recentrer la réflexion vers d’autres enjeux et proposer de façon concrète des outils de compréhension pour les populations. Et expliquer que le débat sur l’identité nationale est un débat nationaliste, qui cache le déficit de la France, le chômage et les luttes sociales. C’est un débat typiquement politicien, électoraliste à la veille des régionales. En prônant un « autre débat », n’est-ce pas d’une certaine manière le fait de rester dans le débat sur l’identité nationale que vous condamnez? ? Esther Benbassa. Nous n’avons jamais parlé de l’identité nationale et n’avons pas l’intention de le faire. ?Mais il existe bien une question sur ce qu’est la France aujourd’hui et on ne doit pas éviter d’y répondre. L’identité nationale est un jeu de mots pour désigner le « vrai » Français. Et le « vrai » ?est celui qui n’est pas immigré, qui n’est pas noir, pas arabe, celui qui n’est pas musulman. Au contraire, notre collectif regarde vers l’avenir et on estime ?qu’il y a un roman national à réécrire avec les histoires de ceux qui composent ce pays. Qui aujourd’hui peut dire ?qu’il a une seule identité? ? La question même est absurde, elle nous dépasse. ?De plus, un débat, cela se prépare, ?cela se réfléchit et cela regarde l’avenir. ?Or le débat lancé par Éric Besson est de nature conjoncturelle.
Vous dites que ce débat sur l’identité nationale est dangereux…
Par Collectif | 24/12/2009 | 16H35
« Un grand débat sur l'identité nationale », des centaines de milliers de connexions, des rencontres en province dans les préfectures et 40 000 contributions (dont de nombreux « dérapages ») sur le site du ministre Eric Besson… Un succès ? Les critiques virulentes à gauche et les doutes à droite se multiplient depuis quelques jours et donnent, déjà, un sentiment contraire en cette veille de Noël.
Des intellectuels, des chercheurs, des écrivains, des journalistes qui travaillent sur le colonial, l'immigration et le postcolonial proposent ici, tout en refusant depuis le début de participer à cette manipulation, une alternative au faux débat actuel (nous publions ici une version courte de l'appel).
Nous savons tous que la manière de poser une question et d'en présenter le contexte et ses présupposés déterminent souvent la réponse. Il faut donc lire soigneusement les discours du ministre, de ses collègues et des députés qui soutiennent le gouvernement, et analyser les références proposées par le ministère pour « guider » les débats.
Les réponses des internautes ou des personnes qui participeront au débat n'y changeront pas grand-chose, les dés sont pipés, la réponse est déjà là : les Français doivent honorer la France, son drapeau, ses grands hommes, son hymne national, son passé glorieux, mais les Français doivent aussi respecter ses valeurs de générosité et d'ouverture… bref le retour à un nationalisme de symboles, étriqué, excluant, qui ne répondra pas aux questions les plus contemporaines.
De toute évidence le débat, sans le nommer, ne cesse de tourner aussi (à la veille des élections régionales) autour du thème de l'immigration (en particulier postcoloniale) et de ses conséquences sur l'« identité nationale », même si de nombreuses personnalités de l'UMP et d'anciens Premiers ministres commencent à sentir le « vent mauvais » et s'écartent de la démarche.
Pourtant, sur le site, pas une référence sur l'immigration, sur la colonisation ou sur l'esclavage ! Le véritable débat est toujours dans l'ombre. Le message est clair : évitons ces sujets qui fâchent et revenons aux principes fondamentaux des « pères fondateurs » de la Nation, actualisés par les thuriféraires de la fierté nationale.
Pourtant, derrière le « débat sur l'identité nationale » se tapit un autre débat, omniprésent, sur le passé colonial de la France et ses héritages dans le présent (immigration, connaissance de cette histoire, guerre des mémoires, place de l'islam, pseudo-repentance…).
Le président de la République, dans une tribune, mélange les notions d'intégration et d'assimilation, renvoyant à une dialectique qui risque de provoquer des amalgames. La question est moins en effet « Qu'est-ce qu'être Français ? » mais bien, dans ce « grand débat », qui ne dit pas son nom : « Peut-on être noirs, Arabes, Asiatiques, ultramarins et Français ? » Car nous sommes encore, comme le rappelle très justement dans une tribune Yazid Sabeg, « hantés souterrainement » par l'histoire coloniale (Le Monde, 7 novembre 2009).
Cinq ans après le coup de feu sur la « colonisation positive » (fin 2004) qui va aboutir à la loi de février 2005 (et notamment à son article premier sur la reconnaissance de l'œuvre coloniale de la France), nous est proposé un second round sur un retour à l'« identité de la France », qui s'annonce d'ores et déjà comme une entreprise réactionnaire.
En toile de fond, les immigrés, leurs enfants (et petits-enfants). Mais pas n'importe lesquels. Ceux qui sont plus « colorés » que les autres. Ceux qui sont les « héritiers » du temps des colonies, ceux qui seraient avides de « communautarisme », ceux qui ne s'assimilent pas (comme nous l'explique la pasionaria Elisabeth Lévy chez Yves Calvi ou dans les colonnes du Figaro Magazine).
En un mot, « ceux qui n'aiment pas la France », sifflent l'hymne national ou manifestent lorsque l'Algérie se qualifie pour la Coupe du monde, terrorisent les banlieues, détruisent l'économie de « nos » paradis exotiques, et veulent diversifier la République tant « ethniquement » qu'en terme de religion. Ils nous font perdre « notre âme », notre « essence » et obligent leurs « sœurs » à porter la burqa.
À ignorer, et pire, à stigmatiser ces composantes de la société française en parlant « d'assimilation », le débat sur l'identité est piégé : à la recherche d'une essence nationale, il exclut du champ du « national » les formes d'altérité qui sont la marque de notre société mondialisée et de sa constante créolisation.
Comment réagir face à ce tsunami identitaire lancé par le ministre et appuyé par le président de la République : y participer selon le cadre posé et accepter la manipulation, refuser de contribuer à ce débat tronqué en période électorale et rester silencieux, recadrer le débat sur les véritables enjeux et entrer en résistance ?
On l'aura compris, nous penchons depuis plus d'un mois vers la seconde option comme beaucoup de signataires de l'appel de Mediapart, tant le « débat » est biaisé et joué d'avance (ce qui explique notre silence jusqu'alors).
En même temps, le silence et le refus du débat laissent nos concitoyens face à la seule machine gouvernementale, c'est d'ailleurs ce que vient de souligner avec justesse Yves-Charles Zarka dans une tribune publiée par Le Monde sous le titre « Pour en finir avec le piège de l'identité nationale ».
C'est pourquoi nous n'aurons de cesse, dans les prochains mois, de recentrer la réflexion vers d'autres enjeux et de proposer de façon concrète des outils de compréhension pour les Français. En même temps, nous avons conscience de la saturation relative de l'opinion sur ces questions, du refus de la grande majorité des médias d'aborder cette problématique, et du manque d'intérêt des politiques pour un « débat » qui serait peu électoral.
Pour autant, nous avons choisi d'agir, pour aller au-delà du seul appel à l'interdiction du « ministère de l'ambiguïté » ou à l'auto-interdiction de toute prise de parole qui risque de faire croire que nous n'aurions plus rien à dire sur nos « identités » en France.
Dans un premier temps, il faut revenir à l'essentiel et comprendre l'histoire. Il faut faire connaître ce passé colonial/esclavagiste et l'histoire de l'immigration des Suds dans notre pays, dont nos contemporains ignorent presque tout. Cette histoire et ses « apports » (comme le demande le ministre) ne feront plus « débat » lorsque la connaissance aura transcendé les fantasmes.
C'est ce que montre, par exemple, l'exposition Générations. Un siècle d'histoire culturelle des Maghrébins qui vient d'ouvrir à la CNHI, c'est ce que proposent sous forme de comparatisme franco-américain les rencontres à l'ENS autour des « Minorités visibles en politique » ou le coffret de huit livres « Un siècle d'immigration des Suds en France ». Il faut enseigner, comparer, transmettre et non débattre avant d'avoir acquis un savoir.
Dans un second temps, certains d'entre nous ont pris l'initiative (dès juin 2009) de lancer le 20 janvier 2010 (un an après le mouvement social dans les outre-mers et pour le 50e anniversaire des indépendances africaines) un appel rassemblant une centaine de contributeurs reposant sur des propositions concrètes pour une « République multiculturelle et post-raciale » capable d'être le reflet de nos histoires et de la diversité de notre pays.
Enfin, pour replacer ce débat franco-français dans les enjeux internationaux, une partie d'entre nous, en mars 2010, proposera l'ouvrage « Ruptures postcoloniales » avec une quarantaine d'auteurs de tous horizons, références dans plus d'une dizaine de pays des questions postcoloniales, pour analyser les mutations de notre temps et expliquer pourquoi les « enjeux identitaires » doivent être appréhendés en même temps « ici » et « ailleurs ».
Dans la même perspective, plusieurs ouvrages, rencontres et colloques ont déjà proposé cette année ou proposeront « d'autres débats » tout au long du premier trimestre 2010, avec pour point d'orgue début février 2010 où des contre-colloques viendront en réponse de celui annoncé par le ministre. Ces initiatives, parmi beaucoup d'autres, sont les armes de l'intelligence et du savoir, face aux fantasmes et à l'émotion.
Après avoir commémoré la destruction d'un mur à l'Est (1989-2009), il convient d'en abattre un autre : celui de nos imaginaires collectifs qui, à l'égard des populations des Suds ou ultramarines, n'a pas encore été déconstruit. C'est un des enjeux majeurs auxquels notre génération est confrontée et nous devons relever le défi avant que d'autres crises traversent nos outre-mers ou nos quartiers.
Alors oui, il faut choisir « son » débat et ce n'est pas celui de « l'identité nationale », mais bien celui de la manière dont se construisent nos identités collectives et nos valeurs communes, républicaines, dans la France postcoloniale, cinquante ans après les indépendances africaines.
Voir l'appel dans son intégralité sur www.achac.com.
Le collectif « Pour un véritable débat » :
Nicolas Bancel (historien, université de Lausanne), Esther Benbassa (directrice d'études, EPHE), Pascal Blanchard (historien, laboratoire Communication et Politique CNRS), Florence Bernault (historienne, université du Wisconsin), Ahmed Boubeker (sociologue, université de Metz), Marc Cheb Sun (directeur de la rédaction, Respect mag), Catherine Coquery-Vidrovitch (historienne, professeur émérite de l'université de Paris VII), Didier Daeninckx (écrivain et romancier), François Durpaire (historien, chercheur-associé à l'université Paris I), Yvan Gastaut (historien, université de Nice), Vincent Geisser (sociologue-politologue, IREMAM CNRS), Didier Lapeyronie (sociologue, université de Bordeaux 2), Gilles Manceron (historien, LDH), Achille Mbembe (historien, université de Witwatersrand/Johannesburg), Elikia M'Bokolo (historien, EHESS), Fadila Mehal (présidente des Mariannes de la diversité), Thomas (historien, université d'UCLA).