Que se cache-t’il derrière la proposition israélienne de transformer 139.000 dounams sur les rives de la Mer Morte en Terres d’Etat?
Par ARIJ
Le 28 Juin 2009, le Bureau d'Enregistrement des Terres de la colonie de
Ma'ale Adumim a publié dans le journal palestinien Al-Qods 12 avis
publics pour l'enregistrement de 139.000 dounams situés le long des
rives nord et ouest de la Mer Morte en tant que propriétés de
l’Administrateur des Terres de l'État d'Israël.
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Carte des terres près de la Mer Morte visées par Israel (agrandir la carte)
L'avis au public demandait à toute personne ou entité affectée par le
processus d'enregistrement de déposer ses objections auprès du Bureau
de Coordination de Beit El dans les 45 jours, même si le Bureau
d’Enregistrement des Terres d'Israël ne traite aucune objection (quand
il y en a) sur ce sujet puisqu’il se considère comme l’héritier
légitime et le propriétaire de toutes les terres publiques de l'État
d'Israël, y compris les terres de la Cisjordanie.
En fait, cette procédure n'est pas nouvelle. Elle a été adoptée par
Israël depuis des décennies et lui a permis, tout au long des années
d'occupation, de transformer les terres palestiniennes en Terres d’Etat
d’Israël après qu’elles aient été classées « terres abandonnées ou
communes » comme dans le cas des terres voisines des Rives de la Mer
Morte.
Par conséquent, la question est : Qu’est-ce qui ce qui incite Israël à
prendre une telle mesure, ce qui n’est qu’un autre moyen d'étendre et
d’imposer son contrôle sur les terres palestiniennes.
La réponse se trouve dans les points suivants:
1 - Redéfinir le statut juridique des terres :
A cet égard, il faut noter que les terres visées étaient classées en
«Zone C» et se trouvaient sous contrôle israélien selon l’Accord
intérimaire d'Oslo II, qui a été signé par l’Organisation de Libération
de la Palestine (OLP) et Israël, en Septembre 1995.
Israël a cherché pendant des décennies à redéfinir le statut juridique
de l’ensemble des terres publiques et d'Etat telles qu’elles étaient
identifiées avant la guerre de 1967 quand elles se trouvaient sous
administration jordanienne, en «terres abandonnées» que l'Etat occupant
(Israël) pourrait plus tard redéfinir en «Terres d’État' sous contrôle
de l'Etat d’Occupation israélienne.
En faisant cela, l’objectif d’Israël est d'anticiper les futures
négociations avec les Palestiniens au sujet de ces terres (classées en
«Zone C») pour en conserver une partie du contrôle ou compter sur ces
terres pour prendre le contrôle de plus de terres dans d'autres régions
de Cisjordanie, en particulier, les terres situées entre la Ligne
d'Armistice de 1949 (Ligne Verte) et le tracé du Mur de Ségrégation
Israélien.
2 - Renforcer la Mainmise d’Israël sur les rives de la Mer Morte:
A cet égard, on se doit de mentionner que les droits sur l'eau des
Palestiniens pour l'exploitation de la Mer Morte, qui incluent mais
sans s'y limiter, les investissements ou les loisirs, ont été éliminés
par Israël malgré ce qui avait été convenu sur cette question pendant
l’accord d'Oslo.
Le fait est que les Palestiniens ont droit à 194 km2 de la mer Morte,
et que l'enregistrement des terres adjacentes aux rives de la Mer Morte
prive les Palestiniens de leurs droits d'accès et/ou de leur
utilisation.
En d'autres termes, si Israël réussit à faire passer l'enregistrement des terres visées de Zone «C» en Terres d'Etat, les Palestiniens perdront leurs droits à la zone de la Mer Morte,
ce qui représente près de 2,5% de la Cisjordanie et transformera toute
future négociation "possible" sur la « Question des droits" de
négociation des droits en des «Supplications et du Marchandage ».
3 - Elimination du concept de contiguïté géographique pour un État palestinien:
Si Israël réussit à enregistrer les terres visées dans les avis publics
en Terres d’Etat, il réalisera son objectif de rompre la contiguïté
géographique entre le nord et le sud de la Cisjordanie, ce qui signifie
que les Palestiniens se déplaçant du sud au nord et inversement,
devront traverser un territoire contrôlé par Israël.
Cette nouvelle situation est conforme au Plan du Mur de Ségrégation
Israélien qui entoure Jérusalem-Est Occupée de trois côtés et l'isole
des autres gouvernorats de la Cisjordanie, puisque les terres visées
fusionnent avec le Mur de Ségrégation autour du bloc de colonies de
Maale Adumim et forment une barrière physique et géographique de
territoire contrôlé par Israël tout le long des Rives de la Mer Morte
et de la frontière Est de la Cisjordanie.
Ce développement est destiné à pousser les Palestiniens à accepter une
proposition israélienne pour relier les parties nord et sud de la
Cisjordanie par la construction de tunnels et de routes de
contournement palestiniens dans les zones contrôlées par Israël
qu’Israël a déjà prévus et dont il a déjà commencé les travaux, ce qui
élimine toute possibilité d'établir un État palestinien souverain avec
une contiguïté territoriale, et c'est ce que Israël a toujours cherché
depuis son occupation du territoire palestinien en 1967 : Etablir un État palestinien de ghettos et de cantons sans souveraineté.
Par conséquent, il semble que les avis publics publiés dans le journal
palestinien Al-Qods pour l'enregistrement de 139.000 dounams situés le
long des rives nord et ouest de la Mer Morte en tant que propriété de
l’Administrateur des Terres d'Israël soit un nouveau pas vers ce qui
est encore à venir et une expression de la façon dont Israël a l’intention de contrecarrer la pression internationale pour l’arrêt de la construction des colonies.
Israël a toujours mené ses négociations avec les Palestiniens et les
autres pays avec lesquels il a conclu des traités de paix en se basant
sur un code du compromis.
En ce qui concerne la situation palestinienne, Israël continue de
réfléchir aux moyens d'échapper aux vrais problèmes, en disant qu’il a
un plan pour geler la construction dans certaines colonies en échange
de la reprise de la construction dans d'autres grands blocs de colonies
qu’Israël a déjà annexés à l'ouest du mur (entre le Mur de Ségrégation
et la Ligne d'Armistice de 1949-Ligne Verte), et déclaré à maintes
reprises qu’il les conserverait dans tout accord futur avec les
Palestiniens.
Source : http://www.poica.org/ | ||
Traduction : MG pour ISM |