4 ans, trois balles dans le dos
Article de la DH sur la situation des enfants palestiniens soignés en Belgique
4 ans, trois balles dans le dos
(07/04/2009)
L'enfant est soignée chez nous, comme quatre autres Palestiniens.
Une prise en charge contestée
BRUXELLES
Samar n'a pas eu le temps de croiser le regard des soldats israéliens qui se sont introduits dans sa maison de Gaza. La petite fille de 4 ans s'est écroulée après avoir reçu trois balles dans le dos.
Samar a survécu à ces tirs et a pu être transportée vers notre pays le 14 janvier dernier, comme cinq autres enfants palestiniens, à qui la Belgique a offert une aide humanitaire. Aujourd'hui, la petite Samar est toujours paralysée des jambes et n'est pas sortie une seule fois de l'hôpital où elle est soignée depuis son arrivée à Bruxelles. Les médecins lui donneraient 10 % de chance de remarcher un jour.
Mais pour qu'elle puisse retrouver l'usage de ses jambes, Samar devrait passer par une longue phase de revalidation qui, idéalement, devrait se faire dans un centre adapté chez nous.
Contrairement à l'un des six enfants palestiniens soignés en Belgique, Samar n'est donc pas près de retrouver ses parents à Gaza.
La fillette, comme les quatre autres jeunes encore pris en charge en Belgique, est venue avec un accompagnateur, son oncle, logeant actuellement à Yvoir, dans la province de Namur, au centre de la Croix Rouge. Une longue distance sépare donc l'enfant de 4 ans de la seule personne qu'elle connaisse vraiment ici.
Ce que regrette le député Ecolo Fouad Lahssaini, qui conteste plus largement encore la manière dont la Belgique a pris en charge ces petits Palestiniens. "C'est une aide comparable à un effet d'annonce. On a médiatisé l'arrivée de ces enfants chez nous et le suivi de cette aide ne s'est pas fait correctement. On a rapidement évacué les proches de ces enfants, et même certains d'entre eux, vers le centre d'Yvoir. L'oncle de la petite Samar doit ainsi faire de longs trajets pour venir voir sa nièce. Il voudrait rentrer chez lui, à Gaza. La petite, elle, voudrait à ses côtés sa maman qu'elle n'a plus vue depuis trois mois. Le souci, c'est qu'on la considère comme un corps malade et non un être humain avant tout", regrette le député, déplorant également le retard pris dans le processus de revalidation dont aurait déjà dû bénéficier la petite survivante du drame de Gaza.
"Il y a effectivement eu des problèmes techniques que la ministre a promis de résoudre", nous répond-on au SPF Santé publique.
Nawal Bensalem
© La Dernière Heure 2009
Question de M. Fouad Lahssaini à la vice-première ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique sur "les enfants palestiniens soignés en Belgique"
Fouad Lahssaini (Ecolo-Groen!) : Après l'accueil à grand bruit d'enfants palestiniens blessés de Gaza dans notre pays, j'apprends que certains membres du groupe concerné sont invités à rentrer dans leur pays, les autorités estimant que les soins nécessaires ont été dispensés. Selon certains, la présence des accompagnateurs de ces enfants n'est plus nécessaire car ils montreraient une attitude trop revendicative.
Pourquoi ces retours sont-ils envisagés, alors que les médecins estiment que dans certains cas une période de deux à trois mois est encore nécessaire au rétablissement ? L'oncle d'une petite fille de quatre ans complètement paralysée a ainsi été invité à quitter la Belgique, alors qu'à mon sens, la présence d'un membre de sa famille est encore nécessaire auprès d'elle.
Laurette Onkelinx, ministre (en français) :
Je suis presque choquée par vos propos ! La Belgique est le premier et le seul pays européen à accueillir des enfants, ce qui n'a pas été simple !
Le 14 janvier, six enfants gravement blessés ont été accueillis. La solidarité des hôpitaux a été extraordinaire. Certains de ces enfants ont véritablement été sauvés par nos médecins. Un enfant, guéri, est déjà retourné à Gaza. Cinq sont donc toujours ici. La petite fille dont vous parlez n'a pas quatre mais six ans. Elle est toujours hospitalisée et les démarches sont faites pour la transférer dans un centre de revalidation en Belgique. Il n'a jamais été question de la renvoyer à Gaza ! Elle est accompagnée de son oncle et on espère que sa maman pourra rapidement venir l'accompagner. Pour l'instant, c'est une dame d'origine marocaine qui est à son chevet en permanence.
Un autre enfant, qui est guéri, est sur le point d'être rapatrié. L'état de santé de deux autres enfants nécessitera des soins pendant un certain temps encore.
Fouad Lahssaini (Ecolo-Groen!) : Je n'ai pas dit que la fillette serait renvoyée à Gaza, mais son oncle le sera, et sans qu'il soit certain que sa mère arrivera entre-temps.
J'ai beaucoup de respect pour le travail des personnels des hôpitaux et pour la solidarité qui a entouré cet accueil. Le problème est posé par l'encadrement des personnes et par le fait que le retour leur soit imposé.
L'incident est clos.
Chambre des Représentants - Séance plénière jeudi 02 avril 2009