FREE PALESTINE
17 février 2009

Législatives : "Soyons belges !"

Législatives : "Soyons belges !"

17/02/2009
Olivier Rafowicz

La multitude de partis, les luttes de sensibilité au sein des mêmes familles politiques ne servent que l'intérêt personnel des candidats sur le dos et à l'encontre de l'intérêt du pays tout entier.

Sachant que le gouvernement quel qu'il soit devra compter sur une coalition parlementaire la plus large et la plus solide à la fois, pourquoi des centaines de milliers d'Israéliens jettent leur voix "par la fenêtre" en soutenant des petits partis politiques qui n'ont ni véritable programme gouvernemental, ni réel avenir ?

Que ce soient des écologistes, des fumeurs de hachich, des retraités en mal d'amour ou des ex-généraux qui veulent combattre le crime, ces derniers affaiblissent la démocratie israélienne.

De fait, les deux grands partis arrivés en tête des élections, le Likoud et Kadima, n'obtiennent pas à eux deux la moitié des sièges parlementaires. Une situation intolérable qui mène Israël à une instabilité chronique. Il y a ici un paradoxe qu'il est bon de souligner.

Israël est une petite démocratie au cœur du Moyen-Orient, confrontée à des menaces existentielles et permanentes qui l'obligent à être sur le pied de guerre et prête, à tout moment, à envoyer des dizaines de milliers d'hommes au combat pour sa défense.

Cette capacité opérationnelle connue mondialement par des opérations militaires hors pair et des coups de génie s'oppose paradoxalement à une fragilité gouvernementale de plus en plus précise qui la fait davantage ressembler à la Quatrième République française qu'à une démocratie forte et stable dont nous avons tant besoin ici.

Un virage à droite provoqué

Ces élections du 10 février 2009 révèlent trois éléments importants. Le premier, c'est que les Israéliens d'aujourd'hui sont en grande majorité à droite.

Un positionnement dû à la montée de l'islam intégriste dans la région et au sentiment qu'il faut se replier sur soi-même pour mieux se protéger. Les partis de droite israéliens sont également plus ou moins liés à un judaïsme pratiquant qui place la religion comme partie intégrante de l'idéologie sioniste moderne.

On peut voir là aussi, dans ce lien historiquement nouveau entre l'idéologie révisionniste de Zeev Jabotinsky représentée par le parti Likoud, et le parti Shas ou les partis nationaux religieux, que le sionisme laïc de droite n'existe plus sans notion religieuse.

Le bloc de droite en Israël aujourd'hui est la preuve que les Israéliens ne sont plus prêts à "tester" le processus de paix sans mettre de très puissants garde-fous sur d'éventuelles ouvertures politiques futures.

Pour ceux qui sont inquiets quant à la montée de la droite israélienne, il faut en voir la raison simplement et très logiquement dans les déclarations quasi quotidiennes du président iranien ou du chef du Hezbollah qui annoncent leur désir le plus cher : la destruction de l'Etat d'Israël.

Si les Arabes et les musulmans n'aiment pas que l'Israélien vote à droite, eh bien qu'ils fassent en sorte que le leadership de Téhéran, de Beyrouth et de Gaza cesse de clamer "Mort à Israël" et "Mort aux Juifs".

Le deuxième point est lié à l'affaiblissement majeur d'une gauche israélienne qui n'a plus d'agenda politique adapté à la situation géopolitique au Moyen-Orient.

La grande majorité des Israéliens n'est pas concernée par des questions de société comme la séparation de la religion et de l'Etat, le mariage civil et homosexuel, ou la qualité de vie telles qu'elles sont discutées dans les grandes démocraties du monde.

Vu la situation sécuritaire et l'angoisse véritable de l'habitant de Sderot face aux missiles Kassam, de Jérusalem face au terrorisme palestinien ou du Nord face aux menaces récurrentes du Hezbollah, l'Israélien de 2009 réagit de plus en plus aux problèmes existentiels et de survie du pays, loin des sujets sociaux ou environnementaux. Et sur ce point, le parti travailliste mené par Ehoud Barak ressemble plus à Kadima qu'à un parti socialiste classique.

Et c'est là notre troisième point : il reste tout de même aujourd'hui, et les 28 sièges de Kadima en sont la preuve, de la place pour un grand parti centre-droite qui épouse à la fois une partie de l'idéologie de droite sans avoir pour autant une dimension religieuse comme partie intégrante de sa plate-forme.

Pour autant, Kadima - créé ne l'oublions pas par le général et ancien Likoudnik Ariel Sharon - reste fondamentalement un parti politique juif et sioniste mais sans vocabulaire et approche religieuse.

Il est d'ailleurs intéressant de constater que dans son discours de soirée électorale, Netanyahou a utilisé le terme de "Beezrat Hashem (avec l'aide de Dieu) nous formerons un gouvernement", formule délaissée par Tzipi Livni.

Les deux candidats sont proches dans leur sensibilité religieuse, mais l'un utilise un vocabulaire censé séduire un public traditionaliste, alors que l'autre cherche à développer un grand parti centre droite déconnecté d'un public religieux qu'il n'a de toute façon pas avec lui. Et de fait, Kadima s'est approprié une grande partie des voix de la gauche traditionnelle.

Sa victoire aux élections de 2009 est la preuve du déplacement de plus en plus sensible des électeurs vers la droite, et de la gauche vers le centre.

L'agenda politique de Kadima demeure pragmatique avec comme idée centrale : tout faire pour qu'Israël reste un Etat juif et démocratique, c'est-à-dire à majorité juive.

Tzipi et Bibi sont ainsi bien plus proches l'un de l'autre que Bibi ne l'est de tous les leaders de la coalition qu'il veut créer aujourd'hui.

Pourquoi Lieberman

Et maintenant, vous vous demandez où est Lieberman ? Ne vous inquiétez pas, il est là ! Il est là, parce que le mouvement arabe israélien fait flotter des drapeaux verts islamiques sur les toits des maisons arabes en Galilée et dans le Néguev.

Il est là, parce que malgré les déclarations antisémites et "shoatiques" de Ahmedinedjad, le drapeau de la république islamique d'Iran continue de surplomber tous les bâtiments officiels de l'ONU, sans aucune interférence.

Lieberman est là, parce qu'il y a un réveil sensible d'antisémitisme et de mouvements anti-israéliens de par le monde, un déferlement de haine et de volonté destructrice de tous les mouvements islamistes intégristes, qui touche également une partie des Arabes du pays et fait peur aux Israéliens.

Le Danemark aura bientôt son roi et Israël, un gouvernement qui, espérons-le, saura être la conjonction véritable des intérêts de l'Etat.

Une coalition qui pourrait fort être composée, d'ici quelques semaines, d'une union entre le Likoud, Kadima, Israël Beitenou de Lieberman et peut-être même le parti travailliste.

Pourquoi ? Parce que si une telle alliance semble impossible dans une démocratie en paix, elle est plus que probable, voir nécessaire, pour un pays qui demain matin devra engager toutes ses ressources et ses forces pour continuer à exister et à se défendre.

"L'union fait la force" étant la devise de la Belgique, je proposerai à tous les leaders israéliens d'adopter le slogan et de se dire, ensemble, "Soyons belges !".

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