FREE PALESTINE
16 février 2009

Les brûlures des blessés de Gaza correspondent aux descriptions des atteintes au phosphore blanc données par les documents de l’

Les brûlures des blessés de Gaza correspondent aux descriptions des atteintes au phosphore blanc données par les documents de l’armée israélienne

Les documents ont été rédigés au cours de l’opération « Plomb durci »

Amira Hass

Haaretz, 5 février 2009

http://www.haaretz.co.il/hasite/spages/1061689.html

Version anglaise : Gaza burn victims exhibit possible signs of white phosphorous wounds

http://www.haaretz.com/hasen/spages/1061720.html

Des médecins palestiniens de plusieurs hôpitaux de la Bande de Gaza ont parlé à des médecins étrangers dont la venue a été rendue possible ces deux dernières semaines, d’une détérioration inattendue de l’état de nombreux blessés atteints de brûlures.

Les descriptions se ressemblaient : des brûlures relativement peu étendues ne présentant pas de signes d’amélioration après deux semaines mais au contraire, s’aggravant et s’approfondissant au point de nécessiter une greffe de peau à l’étranger. Dans d’autres cas, des tissus internes ont été atteints. Plusieurs blessés qui souffraient de brûlures non étendues sont même décédés après une semaine ou dix jours : il était apparu que leur foie puis leurs reins étaient rongés, dégénéraient. On ne connaît pas encore le nombre total de brûlés ni combien sont décédés des suites de leurs brûlures.

Prudemment, les médecins disent que tant que les examens de laboratoires nécessaires n’auront pas été réalisés, ils ne sont pas en mesure d’établir avec certitude qu’il s’agit de brûlures occasionnées par les nombreuses bombes au phosphore dont les soldats de l’armée israélienne ont fait usage au cours des deux semaines de l’offensive terrestre. En outre, ils ne peuvent établir si la dégradation et la propagation de l’infection chez les brûlés découlent directement de l’atteinte par le phosphore. Néanmoins, deux organisations de droits de l’homme, Amnesty International et Human Rights Watch, ont établi que des bombes au phosphore ont touché des quartiers résidentiels. Des débris d’enveloppes verdâtres d’obus au phosphore et même des enveloppes entières ont été retrouvés et collectés dans des zones d’habitation de la Bande de Gaza.

Le traitement habituel des blessures – apportés dans les premiers jours de l’offensive, alors que les médecins de Gaza ne soupçonnaient pas encore qu’il s’agissait de phosphore blanc – était inefficace. « De notre vie nous n’avions vu de telles brûlures », a déclaré à « Haaretz » un chirurgien expérimenté venu de l’étranger. « La littérature parle de brûlures causées expérimentalement dans des conditions de laboratoire ou dans des bases militaires, peut-être à l’occasion d’accidents ».

Mais dans les trois documents israéliens qui sont parvenus à la rédaction de « Haaretz » et qui ont été rédigés au moment de l’opération « Plomb durci », les descriptions de brûlures occasionnées par une atteinte au phosphore correspondent aux descriptions des médecins de Gaza. Il s’agit de documents du premier médecin officier, du Q.G. médical de campagne et de Magen David Adom.

Dans le premier document, signé par le Dr Zvi Feigenberg, directeur du département médical du Magen David Adom, et Rami Miller, auxiliaire médical en chef au Magen David Adom, on peut lire que « le phosphore blanc contenu dans la bombe ou le missile prend feu quand il entre en contact avec de l’oxygène… Le phosphore qui entre en contact avec la peau occasionne des brûlures graves et profondes ». Le document indique encore qu’un des moyens d’identification d’une atteinte au phosphore, ce sont les vives douleurs ressenties dans la région atteinte, sans commune mesure avec son étendue.

Dans un autre document, qui porte la signature du Dr lieutenant colonel Gil Hirschorn, directeur du département de traumatologie du quartier général médical en chef, on peut lire : « Dans le cours de l’opération "Plomb durci", une mise en garde a été reçue à propos de l’utilisation par le Hamas de matériel de guerre comprenant du phosphore. Le phosphore est une matière toxique, d’un blanc jaunâtre, ressemblant à de la cire et qui est employé dans des obus de mortier et des grenades à main. Quand le phosphore entre en contact avec les tissus cellulaires, il occasionne des dommages par combustion des tissus. Les caractéristiques d’une atteinte au phosphore sont : des brûlures chimiques accompagnées d’une douleur vive, une destruction tissulaire… Le phosphore est susceptible de pénétrer dans le corps et de causer des lésions à des organes internes. A long terme, une insuffisance rénale et des infections sont caractéristiques… En résumé : les munitions contenant du phosphore explosif impliquent forcément un risque potentiel d’une importante destruction de tissus. »

Dans le document intitulé « Exposition au phosphore blanc » du Q.G. de la santé, qui a été envoyé par le Ministère de la Santé, on souligne que « l’essentiel de l’information sur les atteintes du phosphore prend sa source dans la recherche animale et dans des descriptions de cas d’accidents… L’exposition au phosphore blanc est significative par la gravité de la toxicité… D’après de nombreuses recherches faites en laboratoire, des brûlures sur une surface du corps relativement petite – 12 à 15% chez l’animal de laboratoire et moins de 10% chez l’homme – sont susceptibles d’être mortelles du fait des incidences essentiellement sur le foie, le coeur et les reins ».

Les brûlés attendent une greffe de peau à l’étranger

« Haaretz » a visité plusieurs maisons qui, d’après des indices connus et confirmés, ont été touchées par des obus au phosphore et ont pris feu. Six membres de la famille a-Ra’ay, dans le quartier de Tal Al Hava au sud de la ville de Gaza – dont deux enfants de trois ans – ont été brûlés à divers degré de gravité. Les deux étages supérieurs de la maison ont brûlé avec tout leur contenu, plus encore la voiture et les arbres dans la cour. Selon les témoignages des membres de la famille, quatre obus au phosphore y ont pénétré le 11 janvier, au petit matin. Au moins un des fils aurait besoin d’une greffe de peau à l’étranger en dépit de la petitesse de la zone atteinte.

Dans le quartier Siafa, au nord de Beit Lahiya, la maison de la famille Abou Lahima a été touchée par un obus au phosphore le 4 janvier après-midi. Le père de famille a été tué ainsi que quatre de ses enfants, dont un bébé gravement brûlé et décédé des suites de ses blessures. La mère a elle aussi été brûlée et bien qu’il se soit déjà écoulé un mois depuis qu’elle a été blessée, la plupart de ses brûlures ne présentent pas de signes de guérison. Au début de la semaine, elle était encore hospitalisée à l’hôpital Shifa en vue de son transfert en Turquie pour la poursuite des soins.

(Traduction de l'hébreu : Michel Ghys)

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