Analyse stratégique de la guerre contre Gaza
Analyse stratégique de la guerre contre Gaza
Le projet américain, qui consiste à faire du Liban et de l’Irak un fondement de restructuration d’un nouvel proche Orient a échoué.
Walid Soucaria - Al Jazeera
Mort et destruction dans Gaza... Photo : PCHR
La situation politique avant la guerre
Ce projet devait garantir à l’Amérique un contrôle total sur la région sous les conditions israéliennes et sionistes. Par conséquence l’Amérique fut confronté à plusieurs réalités :
Faire
céder l’Iran par la guerre s’avère de plus en plus hors de portée. De
plus les sanctions économiques n’ont pas aboutis à de grands succès.
Une
invasion sur la Syrie sera inutile, car les Etas Unies seront confronté
par une résistance plus forte que celle de l’Irak.
Une éventuelle guerre contre le Liban et la Syrie menée par Israël échouera certainement.
Le
Projet américain du nouvel Orient doit, par la force des choses, se
soumettre aux orientations palestiniennes. De ce fait il faudrait
éliminer la résistance.
Les choix ouverts devant Obama
Gagner
l’Iran par le dialogue. Ceci exige une grande capacité d’influence et
de confrontation. Imposer des sanctions économiques et politiques d’une
part, et exercer une pression et la menacer d’une éventuelle guerre
d’autre part.
Etablir
le dialogue avec la Syrie pour la séparer de l’Iran. Pour atteindre ce
but il faudrait la séduire par des décisions que l’Amérique ne pourra
pas imposer à Israël, pas seulement en ce qui concerne le Golan, mais
aussi l’établissement d’un équilibre de force entre l’Iran, la Turquie
et Israël.
Mettre
en accord les factions palestiniennes, et stabiliser la paix entre les
pays arabes modérés et Israël. Ceci entraînera l’isolement de la Syrie
et l’affaiblissement de sa position, surtout si une coalition arabe
contre l’Iran serait réalisée. Il faudra aussi fournir des efforts pour
joindre l’Irak au conseil de coopération du Golfe. Ceci éloignera
l’Iran des pays arabes et facilitera par la suite une attaque militaire
contre l’Iran.
Facteurs temporels
L’expiration de la trêve entre le Hamas et Israël fin 2008
L’expiration du mandat présidentiel d’Abbas le 9/01/2009 et l’opposition du Hamas à ce mandat
L’investiture d’Obama le 20/01/2009
Les motifs de la guerre
Garder Abbas au pouvoir, pour garantir la réalisation du processus de paix et le calme sur les frontières Israéliennes.
Eliminer la résistance et établir « la paix », ce qui affaiblira l’Iran et la Syrie par une confrontation avec l’Amérique.
Stopper les tirs de roquettes sur Israël pour conserver sa sécurité avec l’aide de l’autorité palestinienne en Cisjordanie.
Freiner une éventuelle Intifada en Cisjordanie.
Tester
la performance et la disposition de l’armée israélienne, en vu de
regagner sa confiance en soi après sa défaite au Liban en 2006.
Exploiter les résultats de la guerre aux élections en Israël.
Les buts de l’offensive
Détruire le Hamas
Changer
l’autorité politique à Gaza et maintenir le pouvoir de Abbas, qui
pourra être consolidé par des forces internationales.
Réorganiser la sécurité en Israël.
Réaliser les motifs cités en haut.
Les contraintes de l’invasion israélienne
Provoquer une Intifada en Cisjordanie. Ce qui contrarie les plans d’Israël, visant la destruction total du Hamas.
Mener une guerre au nord, dont Israël est conscient des suites.
Pendant
les derniers jours de l’offensive l’opinion internationale a exercé de
grande pression pour limiter l’offensive israélienne.
La situation à Gaza
La
bande de Gaza s’étend sur 35 Km, sa superficie est de 350 Km2. Elle
compte 1.5 millions d’habitants. Entre 800 et 900 mille habitants
vivent dans La région nord de la Bande, qui se trouve à côté de
l’entité sioniste et d’où les roquettes sont lancées. Alors que 400
mille habitants peuplent la région sud, avoisinant l’Egypte et d’où
proviennent les armes.
Au cœur de la Bande se trouve une région agricole et les camps des réfugiés.
La
Bande manque de profondeur stratégique, car elle est exposée aux tirs
israéliens. Elle ressemble à une ville renfermée et peut être prise
par :
Une
invasion militaire et une colonisation des villes de la Bande après
l’anéantissement de la résistance qui défend la Bande de Gaza.
Le blocus et empêcher les médicaments, les carburants et les aliments de passer à la Bande en plus de la pression militaire.
L’activité militaire
Les points forts d’Israël
Le succès militaire
Le blocus imposé à la Bande de Gaza
L’appui de grands états qui ont encouragé l’offensive (des pays arabes et européens) Les points faibles d’Israël
La
peur de subir des dégâts dans l’armée, ce qui influencera négativement
la performance des soldats israéliens et les élections.
L’expansion éventuelle de la guerre au nord et en Cisjordanie. Les atouts de la Résistance
La volonté et le sacrifice de soi
Le soutien de la population de Gaza au Hamas et sa disposition à supporter toute difficulté
L’engagement de la population palestinienne et arabe
L’engagement militaire du Liban et de la Syrie, si Israël dépasse les limites
La faiblesse de l’engagement de la population israélienne si la guerre s’étendait aux colonies Israéliennes.
La stratégie militaire israélienne
L’invasion sur la bande de Gaza et le renversement politique
L’anéantissement de la population Gazaouie par le blocus
L’écrasement
de l’infrastructure du Hamas et la destruction de son pouvoir politique
Le déroulement de l’invasion militaire israélienne
L’invasion
a précédé un blocus quasi-total pour obliger la population à consommer
les approvisionnements alimentaires, ce qui affaiblira leur lutte
contre l’invasion Israël a effectué des raids aériens durant une
semaine pour :
Ecraser
le pouvoir politique par les premiers raids aériens. En effet Israël a
détruit les habitations des dirigeants du Hamas
La destruction des bases de tirs de roquettes et la démolition des armes et le matériel de guerres en possession du Hamas
La destruction de l’infrastructure de la Résistance
Affaiblir
la résistance de la population Gazaouie en attaquant les centrales
électriques, les stations de carburants, et les approvisionnements
alimentaires.
L’offensive terrestre
Elle avait pour but maintenir le blocus sous haute surveillance, disloquer la Bande de Gaza, et coloniser les régions dépeuplés pour détruire les sièges de la Résistance et ses bases. Israël a aussi exercé une grande pression militaire contre les villes de la Bande et a menacé des les envahir.
Après les raids aériens et l’offensive terrestre, Israël n’a pas pu atteindre ses buts, ce qui l’a mené à changer de stratégie ; Israël réorganisa les dispositifs de sécurité sur les frontières égyptiennes en empêchant l’acheminement des armes vers la Bande de Gaza.
Pourquoi Israël n’a pas envahi les villes ?
Israël
cherchait à limiter le risque pour les soldats. En cas d’offensive
terrestre un combat entre résistant et soldat pourrait entrainer des
dommages importants, et les armes de la résistance auraient pu prouver
leur efficacité.
Israël sous la pression de l’opinion palestinienne, arabe et mondiale craindrait de faire plus de victimes
La menace de l’expansion de la guerre au nord
La stratégie de la Résistance
La
défense sur plusieurs fronts avec un commandement et une décision
politique unifiés. Etant donné la difficulté du déplacement d’une
région à l’autre, chaque région de la Bande se défendait.
Se cacher de la surveillance de l’ennemie et l’attaquer subitement (les leçons tirées de la guerre contre le Liban en 2006).
L’emploi de bombes artisanales.
La résistance le plus long possible avec les tirs de roquettes.
L’accord israélo-américain
Israël n’a pas pu briser la volonté de la Résistance et l’obliger à accepter l’autorité d’Abbas, ou l’acheminement des forces internationales dans la Bande de Gaza ou mêmes sur les frontières égyptiennes.
L’Egypte de son côté a refusé le déploiement d’une force internationale au long de ses frontières et sur ses territoires, ce qui est considéré comme un défaut de confiance envers l’armée égyptienne d’une part, et d’atteinte à la souveraineté égyptienne d’autre part. Israël a fait recours au Etats Unies et à l’OTAN pour empêcher la contrebande des armes à Gaza par :
Les services de renseignement, pour détecter les opérations de contrebande
La surveillance des mers et l’inspection des bateaux soupçonnés.
L’augmentation
des pressions sur l’Egypte pour prendre les mesures nécessaires au
contrôle de la contrebande avec une surveillance européenne et
américaine.
Pourquoi un cessez-le-feu unilatéral ?
L’échec
de l’invasion militaire à fonder une nouvelle autorité à Gaza, avec
laquelle un accord bilatéral de cessez-le-feu pourrait être conclu.
L’échec des dispositifs de sécurité employés sur les frontières avec l’Egypte
Le
prolongement de l’offensive n’aboutira à aucun résultat, de plus les
buts attendus n’ont pas été atteint. Toutefois Israël fut conscient
qu’il ne pourra pas envahir les villes.
Les résultats de l’offensive sur le plan militaire
L’échec des attaques aériennes
La restriction des dégâts chez la Résistance
Le prolongement des tirs
La capacité de la Résistance à supporter des affrontements de longue durée
Les massacres israéliens contre les civils ont provoqué l’opinion internationale
Les conséquences de l’offensive sur le plan militaire
La victoire de la Résistance face aux armes israéliennes hypersophistiqués
La
défaite d’Israël sur le plan militaire, malgré les armes sophistiqués,
pour des raisons se relatant à l’offensive en Israël, Palestine, le
monde arabe et le monde entier
La réserve des dirigeants européens de se servir d’Israël en tant qu’appareil militaire pour atteindre des fins politiques
Les conséquences de l’offensive sur le plan politique En Palestine
La
victoire de la Résistance et le symbole qu’elle représente en tant
qu’alternative politique pour récupérer des droits palestiniens
bafoués.
L’affaiblissement du pouvoir d’Abbas.
Dans le monde arabe
La réminiscence de la question palestinienne et le refus de la paix avec Israël.
Le
recul des pouvoirs des pays modérés après leur position suspecte envers
la question palestinienne, ce qui a poussé des pays arabes à changer
leur position lors du sommet arabe au Kuwait.
Le renforcement du concept de la résistance.
L’échec d’un compromis de paix entre les palestiniens favorisera le déclanchement d’une Intifada palestinienne.
Le renforcement du rôle de la Syrie et du Dialogue avec l’Amérique.
Dans le Moyen Orient
L’intervention de la Turquie au Moyen Orient en jouant un rôle essentiel dans l’avenir de la Région.
Renforcer le rôle de l’Iran par le Dialogue avec l’Amérique.
A l’échelle mondiale
L’Insuccès des projets américain dans le Moyen Orient
L’intervention
de l’Europe en Palestine par les mesures de sécurité, qui ont pour but
d’empêcher l’acheminement des armes avec le consentement de l’Amérique
et d’Israël, alors qu’il refusait auparavant toute intervention
européenne.
L’ambiguïté
de la position de la Russie envers l’offensive, en plus de son manque
de soutien aux forces de la Résistance et sa négligence du droit de
retour aux palestiniens. Comme si le monde arabe affrontait l’occident
(chrétien) qui cherche à s’emparer des biens du Moyen Orient.
La guerre ne s’est pas terminée... elle se poursuivra politiquement
La guerre militaire est bien terminée pour continuer sur le plan politique et économique :
Israël
continuera le blocus d’une façon ou d’une autre en contrôlant les
matières transmises à la Bande de Gaza, surtout les matériels de
construction.
Israël
contrôlera aussi la reconstruction et imposera le pouvoir d’Abbas comme
fait accompli au Gazaouis, ce qui pourra créer une différence entre la
population et la Résistance.
Israël
empêchera la Résistance d’organiser s sa force militaire par les
services d’information et les mesures de sécurité au long de la
frontières palestino-égyptienne.
Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.aljazeera.net/NR/exeres/...
Traduction de l’arabe : Soumaya Alimam