FREE PALESTINE
10 février 2009

A Henri Goldman et sa question à propos du sionisme…

sionismo no 1

A Henri Goldman et sa question à propos du sionisme…

Etrange question que celle-là, tant par sa formulation que par son contenu, me semble-t-il. Et sans doute ne dois-je pas être le seul à être surpris, vu le nombre restreint de réactions à ce billet…

Pour ce qui est de la formulation, je n’aime pas que l’on m’indique ce qu’il faut être ou ne pas être. La société médiatisée d’aujourd’hui regorge de ces exhortations à être ceci plutôt que cela, penser comme-ci plutôt que comme-çà, pour toutes sortes de raisons, bien souvent mercantiles, quand elles ne sont pas pour renforcer la mainmise de l’Etat sur ses citoyens, et les mener ainsi dans la direction voulue. C’est probablement mon côté anti militariste qui me dérange dans cette formulation que je trouve quelque peu autoritaire et maladroite… et c’est peut-être un autre débat, encore que…

Pour ce qui est de son contenu, c’est évidemment plus complexe. Mais, je me demande quand même si après le énième massacre à Gaza auxquels nous venons d’assister impuissants – et qui ne fait que  s’ajouter à la liste de tous ceux qui se sont produits depuis plus de 60 ans dans la région – et après les discours des responsables politiques et militaires israéliens, avant, pendant et après ces horreurs, l’on peut raisonnablement défendre de quelque manière que ce soit, le sionisme. Loin des discours, retour aux faits, encore et toujours !

Parallèlement, comment pourrait-on défendre le sionisme… et condamner l’islamisme ? Ne lit-on pas, n’entend-on pas chaque jour (reste à déterminer si c’est à juste titre) les dangers d’un Afghanistan aux mains des Taliban, d’un Pakistan soumis à la charia, d’un Yémen fondamentaliste, d’un Iran dominé par une élite d’imams, et de Gaza terrorisé par des islamistes,… ? Sans parler « des barbus » défilant dans nos rues… Les barbus israéliens du parti d’Avigdor Lieberman sont-ils plus fréquentables que ceux fustigés du Hamas ou du Hezbollah ? Dans leur fondement, sionisme et islamisme ne puisent-ils pas tous deux aux mêmes sources délétères ? Et ainsi du catholicisme, du judaïsme, de l’hindouisme, et plus loin du nationalisme, du patriotisme, du colonialisme, et encore du maoïsme, du communisme, du capitalisme, du libéralisme… tous coupables de quantités d’atrocités commises en leurs noms ; … et de manière générale, de tous ces mots auxquels le suffixe « isme » a été rajouté, enfermant ainsi une idée de départ (parfois généreuse) dans un intégr-isme propre à sa transformation en idéologie ? Tous (ou presque) me semblent contenir dans leur essence même, les germes de violence et de mort qui divisent et séparent en lieu et place d’unir et de pacifier, tant leurs adeptes semblent galvanisés par l’idéologie souvent exclusive à laquelle ils se réfèrent, et pour laquelle ils semblent prêts à tout. Ce que l’Histoire nous démontre amplement d’ailleurs.

Enfin, la conclusion de l’article que telle association ou tel nom médiatique ne mentionnant pas sa condamnation du sionisme serait l’aune à laquelle tout mouvement de solidarité avec la cause palestinienne devrait s’aligner, sous peine de « perdre »… me paraît quelque peu hâtive et présomptueuse. Car en face des noms cités, il s’en trouve quantité d’autres, tout aussi respectables, qui précisément condamnent le sionisme…

Pour ma part, puisqu’il s’agit dans ces échanges d’oser aussi sa propre réflexion, plus j’approfondis la question israélo-palestinienne, plus je condamne le sionisme et toute idéologie, particulièrement celles qui se réclament d’un messianisme aussi absurde qu’improbable. Et dans la foulée, je souhaite que l’Etat israélien sous sa forme actuelle, disparaisse. Un Etat se proclamant démocratique mais ne réservant ses principes et sa pratique de la démocratie qu’à ses seuls ressortissants juifs (chacun qui s’est penché sur la question le sait maintenant) est antinomique dans sa définition même. Une démocratie n’est respectable que si elle l’est pour tous ses citoyens, sans discrimination. Quel citoyen profondément démocrate et intellectuellement honnête pourrait-il  proposer un tel Etat en exemple ? Tant qu’à faire, pourquoi ne pas envisager aussi (au cas où) un Etat strictement réservé aux chrétiens et un autre aux musulmans ? Ne forment-ils pas les uns et les autres, même issus d’horizons divers, un « peuple » qui se reconnaît à travers certaines valeurs communes, certains rites, certains repères ? Allons, vite, vite… et avant de sombrer dans les pires dérives, retour à la réflexion salutaire des « identités meurtrières » de Amin Maalouf…

En outre, chacun sait (le texte d’A. Gresh le rappelle) que l’Etat d’Israël s’est imposé sur une base d’injustice flagrante faite aux populations locales. Comment pourrait-on, au regard de tout cela, poursuivre dans l’erreur, même sous le prétexte confortable que c’est de l’ordre du « fait accompli » et que cela s’est passé ainsi en Australie, au Canada et aux USA !? Comparaison n’est pas raison dit-on, et l’absence de moyens de communication de l’époque ayant permis ces injustices sans résistances ni soutiens extérieurs déterminés, n’est en rien comparable aux moyens qui nous informent aujourd’hui dans un monde hyper médiatisé… Et précisément, il me semble dès lors, qu’en toute connaissance de causes, nous sommes d’autant plus responsables que ne l’étaient nos prédécesseurs face à tant d’injustices. Et qu’il faut être soi-même animé de sentiments bien ambigus pour ne pas comprendre qu’il convient non seulement de faire acte de regrets dans l’établissement d’un Etat sur des terres sauvagement volées à ses habitants, mais encore de tout mettre en œuvre pour corriger cette dérive, plutôt que de laisser se poursuivre une aventure qui ne parvient à se pérenniser que par spoliations, crimes et assassinats qui continuent, jour après jour… sans que cela ne mobilise nos démocraties, tétanisées par leur passé culpabilisant soigneusement entretenu par certains…

Quand on en aura fini de ces idéologies mortifères, et que l’on osera tourner ces lourdes pages du passé, quand on pourra considérer l’avenir sans être tenaillé par ces peurs maladives qui en aliènent tant, peut-être pourra-t-on enfin s’occuper de choses plus importantes et plus agréables de la vie que ces sempiternelles questions qui nous empoisonnent le quotidien… et nous consacrer à l’amour, le plaisir, l’art, la sexualité, l’environnement, la culture, l’éducation, le rapport aux autres, l’écoute, le métissage sous toutes ses formes, l’amitié, le bon vin, etc, etc…

Cordialement,

Daniel Vanhove -

Membre du Mouvement Citoyen Palestine

Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes – 2004

La Démocratie Mensonge – 2008

Aux Ed. Marco Pietteur – Coll. Oser Dire

lire aussi :

Sur l'utilisation du terme « génocide » dans le conflit israélo-palestinien.

UN PEUPLE à L'AGONIE... DANS L'INDIFFéRENCE QUASI GéNéRALE !

UN BIEN SINISTRE RAPPEL D'UNE NAQBA QUI DURE DEPUIS 60 ANNEES ! 

SUR LE TERME Genocide (SUITE)

A GAZA, CHAQUE MUR EST UN « MUR DE LAMENTATIONS ! »                     
            

60 ans de Naqba, 5 ans de guerre en Irak. « Barbare »... Vous avez dit : « Barbare » ?...

ENTRE TIBET ET KOSOVO... LA PALESTINE

UNE JOURNEE DE RAPPEL DE PLUS... COMME UN NOUVEAU COUP DANS L'EAU ?

A l'attention de M. Didier Reynders, président du MR.

CES IMPOSTEURS POLITIQUES QUI SE PRETENDENT DE GAUCHE !

QUAND L'EUROPE DES DROITS DE L'HOMME ENCOURAGE LE VIOL DU DROIT INTERNATIONAL

suite a l'article:Un génocide en Palestine ?

Commentaires
Derniers commentaires
Recevez nos infos gratuites
Visiteurs
Depuis la création 864 678
Archives