La paralysie politique belge au sujet de la guerre à Gaza
Bonjour,
Vous trouverez ci-joint la proposition de résolution d'Ecolo-Groen, déposée le 8 janvier dernier, relative à la situation dans la bande de Gaza. Comme vous le lirez plus bas dans mon récit, nous nous sommes malheureusement retrouvés fortement isolés sur ce dossier dès les premiers débats à la Chambre…
Bonne lecture,
Thérèse SNOY
Députée fédérale
Groupe Ecolo-Groen Fractie
La paralysie politique belge au sujet de la guerre à Gaza
La guerre à Gaza n'est pas un conflit religieux, la solution n'est pas l'aide humanitaire même si celle-ci est évidemment indispensable aujourd'hui. Il s'agit bien d'un conflit politique qui appelle une solution politique négociée et la reconnaissance mutuelle de deux Etats. Il est clair que le Hamas doit cesser ses violences et reconnaître Israël, mais tant que la population de Gaza sera enfermée dans la « plus grande prison à ciel ouvert » et se verra privée de toute vie normale et de tout avenir, tant qu'Israël violera les résolutions des Nations Unies et multipliera les humiliations et les violences vis-à-vis du peuple palestinien, on ne peut attendre d'apaisement durable. A lire : J’ai bien reçu votre courriel du 14 janvier dernier.(Didier REYNDERS ) ******************************************************************
L'UE, tout comme la Belgique, entretient avec Israël une relation schizophrénique, quand elle feint de tenir pour acquises et remplies les conditions politiques qu'elle rappelle à chaque étape du renforcement de ses liens avec Israël. Ces conditions, exigeant le respect des droits de l'homme, formulées avec l'accord de tous les Etats-membres, et donc de la Belgique et de tous ses partis démocratiques, ne sont pas remplies. Et pourtant on continue à aller de l'avant, déjugeant ainsi les beaux principes que l'on met en exergue.
La Chambre s'est mobilisée cette semaine du 12 au 16 janvier 2009 sur ce terrible conflit. Différentes propositions de résolution ont été déposées, par le PS (Moriau et Flahaut), par le CD&V et par Ecolo-Groen ! Le groupe Ecolo-Groen avait déposé une résolution demandant au gouvernement belge de prendre enfin ses responsabilités en exigeant non seulement un arrêt de l'offensive israélienne et un cessez-le feu des deux parties, mais aussi de revoir ses relations de coopération avec Israël et en particulier de cesser toute exportation d'armes et de suspendre l'accord de rehaussement récemment voté au Conseil européen. Il nous parait évident que la Belgique doit dépasser l'action humanitaire et aborder la dimension politique du conflit en demandant le respect des résolutions de l'ONU et le respect du droit international…
Dès le premier débat à la Chambre, nous avons malheureusement pris conscience de l'isolement des partis d'opposition démocratique dans ce dossier. Seul le SPA est sur la même position. Si le Ministre De Gucht fait en général une analyse correcte du conflit, de ses causes et de ses conséquences, il ne passe pas de la parole aux actes.
La majorité s'est rapidement mise d'accord sur un texte qui exprime l'habituelle « équidistance » et la paralysie de notre gouvernement par rapport à Israêl ; ne faisant même pas référence aux nombreuses résolutions des nations Unies bafouées par Israël, sauf celle du 8 janvier du Conseil de sécurité, la résolution de la majorité demande au gouvernement de soutenir un appel au cessez-le-feu immédiat, de permettre le transport et la distribution de l'aide humanitaire, de lever l'embargo sur la bande de Gaza, de poursuivre l'opération de sauvetage des enfants palestiniens, et de mettre sur pied une force internationale de paix, « afin de stabiliser, dès que le conflit sera terminé, la situation dans la bande de Gaza et dans le sud d'Israël ». Un texte donc qui se limite à l'immédiat et à l'humanitaire et qui ne propose donc aucune remise en cause de nos accords politiques et commerciaux.
Nous avons fait part de notre insatisfaction et proposé des amendements qui pourraient donner plus de force à ce texte. Ils demandaient :
- de prendre en considération les résolutions précédentes du Conseil de Sécurité et de l'Assemblée générale des Nation Unies
- de se référer à la feuille de route adoptée par le Quartet afin d'aboutir à un règlement durable du conflit
- de mettre un terme à toute exportation directe et indirecte d'armes et de matériel militaire vers les territoires en conflit (sachant par exemple que l'aéroport de Bierset est un relais des exportations américaines vers Israël)
- de revoir nos relations de coopération avec Israël et de suspendre le « rehaussement » et d'émettre des conditions strictes à toute forme de coopération
- de renforcer l'aide humanitaire aux territoires palestiniens durement touchés par le conflit et d'exiger le libre accès du personnel humanitaire et médical et des observateurs et journalistes dans la bande de Gaza.
Le SPA a introduit des amendements complémentaires concernant le non respect du droit humanitaire par Israël et la nécessité de jugement et de sanctions, amendements que nous avons soutenus.
Nous avons même introduit un amendement qui citait les propos de Louis Michel, notre commissaire européen, propos courageux vis-à-vis d'Israël. Nous espérions mettre le MR devant la nécessité d'une cohérence.
Mais aucun de ces amendements n'a été accepté par la majorité. Même les députés PS et socio-chrétiens les ont rejetés ; tout cela au nom du consensus, que je qualifierai de plus que mou, de lâche !
La résolution de la majorité a été votée en plénière. On peut s'attendre à des belles paroles de toutes parts.
Mais quid des actes politiques sérieux et efficaces ? Alors que les victimes se font chaque jour plus nombreuses.