FREE PALESTINE
25 janvier 2009

Monde arabe. Division au sommet

TelQuel Magazine. Maroc N° 356 mis en ligne le 22 janvier 2009
Par Selma Mestiri,
correspondante au Moyen-Orient
Monde arabe. Division au sommet

http://www.telquel-online.com/356/actu_monde1_356.shtml

Alors que le bilan de la guerre de Gaza a dépassé les 1000 morts palestiniens, les gouvernements arabes se divisent sur les mesures à prendre pour faire face au conflit et au Hamas.

La troisième fois pourrait être la bonne. Après deux appels à la tenue d’un sommet extraordinaire de la Ligue arabe sur la guerre à Gaza, le Qatar a réussi, à la troisième tentative, à rallier une majorité de pays arabes derrière lui. Un revers, même temporaire, pour les puissantes Egypte et Arabie Saoudite. Mais si le petit émirat du Golfe a remporté une victoire symbolique, il a aussi braqué les projecteurs sur les divisions croissantes au sein du monde arabe. Officiellement, tous les Etats se disent derrière la cause palestinienne et ont condamné en chœur la meurtrière offensive israélienne dans la bande de Gaza, qui a fait plus de 1000 morts palestiniens. En réalité, ils sont scindés en deux camps : ceux qui appuient les islamistes du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis qu’ils ont chassé du territoire l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas en juin 2007, et ceux qui soutiennent cette dernière, désormais en charge de la seule Cisjordanie.

Peur des islamistes


Bien qu’ils s’en défendent, plusieurs régimes arabes redoutent l’établissement d’un Etat islamiste allié de l’Iran chiite dans les Territoires palestiniens. Le Caire ne veut surtout pas d’un Etat islamiste à sa frontière, qui plus est dirigé par le Hamas, issu des Frères musulmans, le groupe d’opposition le plus important en Egypte.
Face à l'opinion publique arabe, fortement mobilisée en faveur des habitants de Gaza et très en colère contre la “passivité” des gouvernements arabes, ces régimes se retrouvent face à un dilemme.

Comment faire pour œuvrer à mettre fin à l’offensive, sans paraître se mettre du côté du Hamas et le renforcer ? Le fait que des pays comme la Tunisie et l’Egypte aient interdit les rassemblements en faveur de Gaza de crainte de débordements n’a pas arrangé leur image. Pour l’opinion publique, le Hamas rejoint le Hezbollah au panthéon de ceux qui ont osé défier l’Etat hébreu. “L'opposition dans le monde arabe est désormais conduite par des mouvements islamistes”, estime l’analyste égyptien spécialiste de ces groupes, Dhiaa Rachwane.

Lutte d’influence

La lutte d’influence continue donc entre le camp des pays dits “modérés”, c'est-à-dire alliés des Etats-Unis (menés par l'Egypte et l'Arabie Saoudite) et celui des “radicaux” pro-Hamas, à la tête desquels on retrouve la Syrie et le Qatar qui a bien envie de se retrouver dans la cour des grands après avoir contribué à résoudre la crise libanaise.
Aussi, le Premier ministre du Qatar, Cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, se permet-il de violemment critiquer le clan adverse, en évoquant certains pays arabes “aux ordres de l'Occident”. Sans aller toutefois jusqu’à annoncer lui-même la fermeture par son pays du bureau commercial israélien à Doha. Appelées à fermer l’ambassade d’Israël dans leurs capitales, ni l’Egypte, ni la Jordanie n’ont bronché.

Humour ou provocation, un député koweïtien a proposé de déplacer le siège de la Ligue arabe au Venezuela. Explication : le président Hugo Chavez “a montré qu’il était plus arabe que certains arabes” en expulsant l’ambassadeur d’Israël à Caracas. Une mesure dont ne veulent pas entendre parler les pays arabes, qu’ils soient “modérés” ou “radicaux”.

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