FREE PALESTINE
19 décembre 2008

Les Bédouins n’en ont pas fini avec leurs misères

Courriel diffusé le 15 décembre 2008 par The Other Israel

Objet : Un village bédouin entièrement démoli

Ce matin, à cinq heures, plus de 200 policiers et membres de la « Patrouille Verte » ont fait une descente sur le campement bédouin d’Abdallah al-Atrash, dans la région de Rahat. Six heures durant, ils ont procédé à la démolition de la totalité du village et expulsé de force les 20 familles qui vivaient là. Pas la moindre structure n’est restée debout et tous, hommes, femmes et enfants, ont été chassés de leur terre.

L’affaire était en jugement devant les tribunaux depuis 2000 mais, il y a quatre jours, l’ordre de démolition et d’évacuation a été donné au village. Le gouvernement leur a ordonné d’évacuer immédiatement cette terre, sans leur offrir d’autre lieu où s’établir. Aucune solution n’a été offerte, ni aucune suggestion avancée. On leur a simplement dit : « Allez-vous-en ».

Ils vivaient dans ce même endroit depuis près de vingt ans après avoir été chassés de leurs anciennes maisons, plus à l’ouest. Ces gens appartiennent à la tribu Atrash et vont probablement aller vivre avec des proches, du côté de Hura, dans un village non reconnu des Atrash. Quelques uns vont rester sur cette terre et ont dit aux membres du RCUV (Conseil régional des Villages non reconnus) qu’ils comptaient dormir parmi les vestiges de leurs maisons, jusqu’à ce que de nouvelles tentes aient été érigées.

Cette expulsion vient quelques jours après la publication des recommandations de la Commission Goldberg qui s’exprime en faveur de la reconnaissance des villages bédouins à l’est de la route 40. Abdallah al-Atrash se situe à l’ouest.

(Traduction de l’anglais : Michel Ghys)

untitled

Les Bédouins n’en ont pas fini avec leurs misères

Haaretz, éditorial du 15 décembre 2008

www.haaretz.co.il/hasite/spages/1046670.html

Version anglaise : Legalize them

www.haaretz.com/hasen/spages/1046521.html

La Commission pour le règlement de l’établissement des Bédouins dans le Néguev, dirigée par l’ancien juge à la Cour suprême et ancien contrôleur de l’Etat, Eliezer Goldberg, a présenté ses recommandations, la semaine dernière, faisant une ouverture pour régler une des questions les plus sensibles au sein de la société israélienne.

La Commission recommande de légaliser les villages du Néguev non reconnus et de transférer ceux qu’il n’est pas possible de légaliser vers des lieux convenus de commun accord. Elle recommande également de légaliser des milliers de constructions illégales et de proposer aux Bédouins un arrangement sur la propriété terrienne incluant des compensations, pour partie en terres et pour partie en argent.

« Les Bédouins du Néguev ne sont pas en séjour illégal », a dit le juge Goldberg lors de la présentation du rapport, « ils ne sont pas transparents ni sans droits ». Cela a l’air d’aller de soi. En fait, la réalité israélienne montre que c’est comme ça que les citoyens bédouins d’Israël sont bien souvent perçus, au moins par les institutions officielles.

Les Bédouins sont dispersés dans 46 villages non reconnus qui abritent environ 62.500 personnes. De nombreuses familles, comptant des dizaines de milliers d’enfants, vivent sans le minimum d’infrastructures – eau, électricité, égouts, santé, routes. Il faut dès lors saluer la décision de la Commission de légaliser ces villages et aussi d’œuvrer vigoureusement à un changement de leur situation.

Mais cela ne suffit pas. Ce n’est pas un hasard si, dans le Néguev, on compte 50.000 constructions érigées illégalement, auxquelles s’en ajoutent de 1.500 à 2.000 chaque année. Cette construction illégale, et parfois anarchique, découle de ce qu’une proportion importante de la population bédouine ne peut pas obtenir de permis de bâtir. Pour répondre au problème, la Commission a proposé d’instaurer une nouvelle commission de planification qui devrait légaliser rapidement une grande partie des constructions illégales à l’intérieur des localités bédouines reconnues et de celles qui le seront.

Les recommandations de la Commission se sont heurtées, comme on pouvait s’y attendre, à une opposition politique. Le président du parti « Israël Beiténou », Avigdor Lieberman, s’est empressé d’appeler le gouvernement à rejeter le rapport, et le président du parti d’Unité Nationale, le député Ouri Ariel, a déclaré que cela couperait le Néguev du reste du pays.

De nombreux Bédouins ont également été déçus par le rapport, essentiellement en raison de l’accord sur la propriété terrienne qui n’établit dans la loi que les terres dont il est fait un usage agricole, et non les pâturages. Les Bédouins ont introduit, contre l’Etat, 3.220 requêtes portant sur des terres situées dans le nord du Néguev et seules 380 ont à ce jour été réglées. Si bien que la crainte surgit à l’idée que l’arrangement proposé par la Commission ne fasse échouer une résolution du différend qui oppose l’Etat aux Bédouins à propos des terres, et qu’il se peut que l’Etat doive trouver un arrangement plus généreux.

Les 12 rapports des commissions qui ont précédé la commission actuelle ont été oubliés dans les tiroirs. Il n’est pas acceptable que tel soit le sort de ce rapport-ci. Les services de sécurité ont averti du risque d’un soulèvement bédouin, mais le problème bédouin (sic) doit être résolu non pas seulement par crainte de violences mais parce qu’on ne peut continuer de tolérer une situation dans laquelle des dizaines de milliers de personnes vivent en Israël dans des conditions scandaleuses et sans statut. C’est pourquoi le futur chef du gouvernement devra veiller à nommer aux postes de Ministre de l’Intérieur et de Ministre à la construction et au logement des personnes qui s’emploieront d’une manière décidée à mettre en œuvre les recommandations de la Commission.

(Traduction de l'hébreu : Michel Ghys)

Commentaires
Derniers commentaires
Recevez nos infos gratuites
Visiteurs
Depuis la création 865 709
Archives