FREE PALESTINE
2 décembre 2008

Gaza : Aucune Pitié, pas de Justice

Gaza : Aucune Pitié, pas de Justice
Par Stuart Littlewood
Stuart Littlewood est l'auteur du livre Radio Free Palestine, qui raconte le sort des Palestiniens sous l'occupation. Pour de plus amples informations, visitez www.radiofreepalestine.co.uk. Il a rédigé cet article pour PalestineChronicle.com.

Qui aurait pu croire qu’à Noël 2008, l'Occident serait toujours incapable de prendre son courage à deux mains pour punir les crimes d'Israël contre les Palestiniens ?
Et qui aurait pu croire que les grandes églises de la Chrétienté occidentale resteraient les bras croisés et regarderaient la Terre Sainte se faire voler, et ne pousseraient même pas leurs hommes politiques à agir ?

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"Nous ne pouvons que deviner les terribles conditions que le siège a créées".


Le siège cruel de Gaza dure depuis au moins 30 mois. "Il a commencé en mars 2006 - j'étais là", dit un ami ... en d'autres termes, dès que le Hamas a été élu inopportunément au pouvoir. Début avril, l’Union Européenne a coupé son aide financière et le blocus économique a commencé.

Gaza souffrait déjà de graves difficultés quand j'y suis allé il y a un an. Après,
j’avais écrit :

J'ai remarqué les plages désertes et les bateaux de pêcheurs abandonnés. Israël a interdit la pêche au large des côtes de Gaza, ruiné les moyens de subsistance de 3000 pêcheurs professionnels et leurs familles et privé la population locale d’une alimentation convenable.
L'armée tire sur les bateaux qui défient l'interdiction.

Gaza est entièrement isolée du monde extérieur par une barrière israélienne gardée par des tours de contrôle, des snipers, des chars, des bulldozers blindés et des drones. Israël prétend s’être retiré il y a deux ans mais il contrôle toujours l'espace aérien de Gaza, ses eaux territoriales et ses ondes hertziennes. Il a enfermé l’espace comme une prison et y fait de fréquentes incursions...

À l'heure actuelle, l'économie étranglée est en chute libre et pour 1,5 million de gens ordinaires, la vie est un enfer. Le taux de chômage s'élève à 65%, et 80% vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Il n’y a plus de carburant, tout comme des produits basiques comme la lessive. Les infrastructures en ruines et les graves pénuries alimentaires signifient de sérieux problèmes de santé publique et individuelle. Les coupures de courant perturbent les hôpitaux et les médicaments vitaux ne peuvent pas être conservés au réfrigérateur. Des milliers de personnes ont des mines de déterrés alors que les soins de santé s'effondrent.

Un ami m’a dit par e-mail : "Aujourd'hui, à Gaza, nous n'avons pas de ciment pour construire les tombes de ceux qui meurent."

Le Ministère de la Santé de la Bande de Gaza a indiqué ensuite que les malades atteints d’un cancer et les cardiaques se retrouvaient sans leurs médicaments nécessaires. Il n'y a pas de radiothérapie. Des centaines de malades atteints d'insuffisance rénale ne bénéficient pas de dialyse aussi fréquemment qu'ils le devraient parce qu’un tiers des machines est hors d'usage. La pénurie de pièces de rechange a également mis hors service d'autres matériels de diagnostic et de thérapie.

Les hôpitaux sont à court de nombreux médicaments de base et ont un stock dangereusement bas de pansements et de produits de nettoyage. Une pénurie de produits anesthésiants a menacé de fermer les salles d'opération.

Les stocks de carburant sont tombés à 15 jours et il n'y a pas de nourriture pour les malades. 450 patients atteints d'un cancer (35% d'enfants) se sont vu refuser la permission de franchir la frontière pour recevoir un traitement adéquat. Médecins pour les Droits de l'Homme ont essayé de faire sortir les personnes gravement malades de Gaza, mais les autorités israéliennes leur ont souvent refusé l’autorisation. Donc, ils sont morts à l'agonie.

En Grande-Bretagne, Channel 4 News a diffusé un reportage choquant sur la façon dont les malades subissaient un chantage. S’ils acceptaient de donner des informations sur leurs proches, les Israéliens les autoriseraient à sortir. Sinon, ils étaient condamnés à "rester dans la bande de Gaza et à mourir".

Le département de gestion de la crise du Ministère de la Santé a envoyé une liste de pièces de rechange nécessaires d'urgence : "Il n’y a pas de mots pour exprimer mieux la situation misérable de l'équipement médical des hôpitaux dans la bande de Gaza que le fichier joint", écrit le directeur.
La liste a été transmise à plusieurs parlementaires britanniques, y compris à mon propre membre du parlement, avec une demande qu'il contacte le ministre approprié.

Qui pourrait croire que le gouvernement britannique, à ce jour et à cette époque, ignorerait un tel appel à l'aide d'un ancien protectorat britannique ?

Le Parlement Européen avait précédemment adopté une résolution demandant à Israël de lever le blocus et de garantir l'aide humanitaire et les fournitures essentielles. Israël a répondu en déclarant la bande de Gaza était une « entité hostile » et en intensifiant la férocité de la punition collective. Depuis lors, il y a eu d'innombrables appels des Nations Unies et d'autres organisations pour qu’il soit mis un terme au siège.

Mais la traître Union Européenne n’a été que trop heureuse de le voir se poursuivre, et, en fait, Israël a été récompensé par une revalorisation de l’accord d'association UE-Israël et des accords commerciaux au lieu d’une suspension, comme l'exigent les règles.

Les scélérats abondent dans les couloirs du pouvoir, mais où sont les hommes de stature et d'intégrité pour intervenir et mettre fin à ce scandale... au nom de Dieu, au nom d'Allah, ou tout simplement au nom de la décence ?

Maintenant, un an plus tard, le Ministre de la Santé de la bande de Gaza met en garde que beaucoup d'autres mourront si les fréquentes coupures d'électricité et restrictions de carburant réussissent à arrêter les équipements de vie qui fonctionnent encore.

Le manque de pièces de rechange a mis hors service la moitié des ambulances et 95 types de médicaments, ainsi que des médicaments contre le cancer, ne sont plus disponibles dans la bande de Gaza. 220 machines utilisées pour la dialyse et autres états graves, y compris les scanners, sont inutilisables.

Israël n’autorise pas les médecins ou les journalistes à entrer dans la bande de Gaza pour être témoins et y faire des reportages. Nous ne pouvons que deviner les terribles conditions que le siège a créées.

Quant aux pêcheurs de Gaza, le harcèlement ne s'arrête jamais. Il y a quelques jours, des navires de guerre israéliens ont saisi trois bateaux de pêcheurs et kidnappé 15 pêcheurs palestiniens et trois pacifistes internationaux - l'un d'entre eux est Britannique - dans les eaux palestiniennes.

Mais le gouvernement britannique et sa Royal Navy sont beaucoup plus préoccupés par les pirates qui s’emparent de supertankers au large de la côte de la Somalie que de protéger les citoyens palestiniens et britanniques qui travaillent légalement et pacifiquement, de la piraterie au large de la côte de Gaza.

Alors que j’écris,
un bateau libyen est en route pour la bande de Gaza avec à son bord des denrées alimentaires, le premier bateau arabe à tenter de briser le siège. Où sont les autres ? Il devrait y avoir une armada.

Nous nous étions rendus à Gaza en 2007 pour montrer, à notre modeste niveau, la solidarité avec les communautés musulmane et chrétienne dans leur souffrance sous la matraque israélienne. Et nous avons voulu rencontrer le Père Manuel Musallam, le prêtre héroïque qui, pendant 9 ans, s’est retrouvé piégé dans la bande de Gaza, avec l'impossibilité de rendre visite à sa famille vivant non loin, en Cisjordanie, parce que les Israéliens ne lui accordaient pas de permis de voyage. Quand ses parents sont morts, il a été empêché d'assister à leurs funérailles.

Un de ses collègues nous a dit que quand il a appris que nous allions venir, ce brave homme a éclaté en sanglots.

Aujourd'hui, à 70 ans et avec une santé défaillante, il a soudainement été autorisé à retrouver sa famille. Cela laisse la paroisse et son excellente école sans un prêtre et un remplaçant devra être trouvé... quelqu'un qui est prêt à devenir un prisonnier.

La liberté de culte en Terre Sainte est régulièrement refusée aux Musulmans et aux Chrétiens. Et pour souligner ce fait, les Israéliens ont empêché le représentant du pape, Mgr Antonio Franco, et ses collègues de pénétrer dans la bande de Gaza dimanche dernier pour y dire une messe malgré les accords conclus quelques jours plus tôt. On les a fait attendre pendant trois heures au passage pour leur refuser l’entrée.

Qui pourrait croire qu’à Noël 2008, la communauté internationale fermerait toujours les yeux sur la persécution par Israël des Chrétiens et des Musulmans en Terre Sainte ?

Et qui pourrait croire que les grandes églises de la Chrétienté occidentale restent les bras croisés et regardent la Terre Sainte se faire voler, et ne poussent même pas leurs hommes politiques à agir ?

Tandis que les citoyens ici en Angleterre se préparent aux joyeuses festivités dans la sécurité et la chaleur, quelles sont les chances d'un joyeux Noël dans la bande de Gaza tourmentée ? Aucune.
Les familles vont avoir froid, faim, et seront sans doute recroquevillées dans l'obscurité la plupart du temps, redoutant la prochaine campagne israélienne et dans la peur constante d’une ré-invasion.

Ils passeront un Noël misérable grâce à la faillite morale des dirigeants occidentaux qui sont de connivence avec Israël pour détruire la bande de Gaza et mettre son peuple à genoux ou dans leurs tombes.

Source : http://palestinechronicle.com

Traduction : MG pour ISM

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