Gaza n’est pas une prison
Gaza n’est pas une prison comme on le prétend si souvent.
Dans une prison, y a des barreaux certes, mais on te donne à boire et à manger, une bouillie chaude ça réchauffe même si c’est dégueulasse.
Dans une prison, y a des livres et du papier, tu peux écrire à tes proches et à tes amis, le courrier part ou ne part pas, tu peux aussi en recevoir. De temps en temps, ton avocat peut venir te voir, il te rapporte des nouvelles de l’extérieur. Il peut te rapporter le journal et des cigarettes.
Dans une prison y a de l’électricité et des machines qui fonctionnent avec, y a une télévision, une radio, un ordinateur.
Dans une prison, y a une cour de récréation où tu peux marcher, tourner en rond certes, mais en toute sécurité, sans un soldat pour te tuer.
Dans une prison, tu attends ton procès ou pas, mais tu ne risques pas la peine de mort, tous les soirs tu peux t’endormir et te réveiller le matin qui suit.
Dans une prison, tu sais que tu existes. D’autres à l’extérieur parlent de toi, ils disent que tu existes et s’activent pour te sortir de là. Ils interviennent pour toi auprès de députés, de ministres, de chefs d’Etats ou de secrétaires généraux... ils font signer des pétitions en ta faveur. Ils sollicitent des personnalités de toute sorte, des écrivains, des philosophes, des journalistes, des juristes, des peintres, des acteurs, des chanteurs ou des gens inconnus qui passent dans la rue. Tu peux espérer sortir.
Dans une prison, tu peux avoir des amis, peut être même de la famille, tu peux leur parler et évoquer avec eux des souvenirs communs, des lieux, des dates, des évènements, des individus. Vous pouvez discuter, discerner le vrai du faux, le juste du faux. Ensemble, vous pouvez prier. Tu peux aussi ne pas prier.
Dans une prison, tu peux faire des études. Tu peux étudier des langues, le droit, les mathématiques ou la physique. Tu peux apprendre à lire, à écrire ou les deux.
Dans une prison, y a des infirmiers et des médecins qui te donnent des cachets pour dormir, peut être aussi pour mourir.
Dans une prison, y a des gardiens de prison.
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A Gaza, il n’y a rien de tout ça... il n’y a plus rien à manger, ni à boire... il n’y a plus d’électricité, plus de médicaments... des députés, des ministres, des chefs d’Etats ou des secrétaires généraux... se taisent ou se sont tus.
A Gaza, tout est injuste...
A Gaza, si tu ne meurs pas, on te tue.
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Dans une prison, y a des cellules. Dans les cellules y a des rats et des cafards, ils sont libres... Ils te tiennent compagnie et te distraient quand tu n’en peux plus de penser aux tiens qui sont à l’extérieur, qui ont faim, qui ont soif, qui sont malades, qui souffrent et qu’ils tuent...
Gaza n’est pas une prison.
Al Faraby