Le ghetto de Gaza
Le ghetto de Gaza
mercredi 26 novembre 2008 - Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran
Le retour aux urnes, et par conséquent à la souveraineté populaire, est de prime abord la solution de sagesse à laquelle devraient recourir les Palestiniens pour mettre un terme aux déchirements qui ont eu raison de leur unité nationale, au grand bénéfice de l’ennemi sioniste.
Sauf que les fractions rivales qui se disputent les miettes de pouvoir dans les territoires palestiniens ne sont pas d’accord sur les conditions de ce retour aux urnes.
Pour le Hamas, s’il faut revenir au suffrage populaire, c’est uniquement dans le cadre d’une élection présidentielle, du moment que le mandat de Mahmoud Abbas est arrivé à expiration. Lequel, exploitant la situation confuse et dramatique que traverse son peuple, s’est octroyé une « rallonge » en se faisant réélire président de l’Autorité palestinienne par le conseil national de l’OLP, et non par les électeurs palestiniens, comme le prévoit la Constitution.
Ni le Fatah ni le Hamas ne sont en fait favorables à porter leur différend devant leur peuple. Les deux factions redoutent la sanction de celui-ci, mécontent et victime de leurs agissements irresponsables. De toute façon, au point atteint par leur rivalité, il sera impossible à l’une ou à l’autre d’imposer sa stratégie et sa démarche ailleurs que dans le territoire qu’elle contrôle.
Si elles sont mues par le patriotisme et la défense de la cause nationale palestinienne, ces deux organisations devraient d’abord, dans l’urgence et sans condition, poursuivre leur dialogue avec pour vision la reconstitution de l’unité nationale face au péril existentiel auquel le peuple palestinien est confronté.
La population de Gaza et même celle de Cisjordanie n’en peuvent plus avec les conditions de vie auxquelles elles sont réduites par la politique et le comportement de l’Etat hébreu à leur égard. Leur désarroi s’aggrave de cette trahison de leurs principales organisations qui, au lieu de taire divergences et différends, les étalent sans se préoccuper que cela fasse le jeu de l’ennemi commun. Jamais le peuple palestinien ne s’est retrouvé aussi désarmé et impuissant et cela par la faute en premier de ses dirigeants nationaux. N’est-ce pas aussi cet état de fait qui est cause que l’opinion internationale soit aussi peu mobilisée par ce qui se passe présentement dans la bande de Gaza ? Pour autant, cela n’atténue nullement le scandale de son indifférence.
Car ce qui est en train de s’accomplir à Gaza est tout simplement l’abject remake de ce que les nazis ont fait contre le ghetto de Varsovie durant la Seconde Guerre mondiale. Et l’indicible cette fois est que les criminels sont les propres héritiers des victimes du ghetto de Varsovie. C’est peut-être l’autre raison qui chloroforme les consciences habituées à s’indigner au seul souvenir du crime de Varsovie.
26 novembre 2008 - Le Quotidien d’Oran - Analyse