FREE PALESTINE
3 octobre 2008

Comment je suis devenu une cible pour les «terroristes juifs» israéliens.

Comment je suis devenu une cible pour les «terroristes juifs» israéliens.

Zeev Sternhell est prudent dans son choix des mots quand il qualifie sans hésitation la bombe piégée qui a explosé devant sa porte la semaine dernière d’"acte de terrorisme juif."
En tant que survivant de l'Holocauste devenu orphelin à l'âge de sept ans et ancien combattant des guerres d'Israël, le professeur Sternhell, 73 ans, qui a eu de la chance d'être seulement blessé à la jambe par des éclats de la bombe, est "horrifié" non pas pour lui-même, mais parce que la bombe aurait pu frapper sa femme, sa fille ou l’un de ses petits-enfants quand ils viennent passer la nuit, ou leurs voisins. «C’était un acte terroriste parce qu'ils ne pouvaient pas savoir qui serait touché."

Par Donald Macintyre

Comment je suis devenu une cible pour les «terroristes juifs» israéliens.

Étant donné que, comme il l'a dit ironiquement, il n'a pas d'ennemis connus dans la "pègre", la raison de ce que la police pense être une tentative de meurtre, n'est pas difficile à trouver.

En tant qu’ancien membre de La Paix Maintenant, et sérieux opposant de l'occupation depuis la fin des années 1970, l’ancien professeur de l'Université Hébraïque, lauréat d’un Prix en Israël et spécialiste du fascisme reconnu internationalement est devenu apparemment la cible de l’attaque d'extrémistes juifs qui fait le plus de bruit en Israël depuis l’assassinat de Yitzhak Rabin en 1995.

Mais si l'attaque était destinée à réduire au silence l'un des intellectuels les plus importants du pays, cela n'a pas fonctionné. Pour commencer, il n'exclut pas un lien avec les signes forts d’une augmentation de la violence des colons à l’égard des Palestiniens en Cisjordanie. Au cours des dernières semaines, des colons extrémistes ont semé la panique, bloqué des routes, brûlé des vergers palestiniens et dans un cas, des colons armés ont attaqué un village.

Déplorant que l'armée et la police soient "ou réticents ou incapables ou probablement les deux" à faire appliquer la loi contre les attaques sur les Palestiniens en Cisjordanie où les colons bénéficient d'une sorte d’«autonomie», explique-t-il, les extrémistes pensent que «des gens comme moi qui pensent qu'ils sont le véritable danger pour le Sionisme, pour l'avenir de l'État d'Israël, devraient être neutralisés et punis ... donc je pense qu'il y a un lien entre la brutalité et la violence qui font partie de la vie quotidienne en Cisjordanie et cette attaque."

Sur les 250.000 colons de Cisjordanie, il estime que seuls 40000 à 50000 sont vraiment des idéologues et que seuls "quelques milliers sont prêts à recourir à la force." Il met en évidence la nouvelle génération de "jeunes des collines" qui, dans un schéma familier aux «mouvements révolutionnaires», considèrent leurs dirigeants vieillissants comme des "traîtres" parce qu’ils sont prêts à discuter avec le gouvernement même sur la possibilité d'une évacuation volontaire de quelques avant-postes.

Les militants qui sont «profondément convaincus que l'avenir du peuple juif dépend d'eux," considèrent donc la violence comme légitime et pensent que "Dieu est avec nous, et que Dieu veillera à ce que nous soyons débarrassés des Palestiniens. C'est plus ou moins leur philosophie."

Pour le professeur Sternhell, la réponse c’est le début de l'évacuation "d’au moins 95 pour cent de la Cisjordanie» et, pour les autorités de se préparer à ramener les colons de l’autre côté de la frontière de 1967 et en Israël. Mais il y a un paradoxe. D'une part, il estime que la violence pourrait être le résultat "d'un sentiment d'urgence" de l'extrême droite, car "ils sont parvenus à la conclusion que l'élite politique israélienne est aujourd'hui beaucoup plus proche de ce que je pense que de leurs idées».

Cette conclusion a été renforcée par le Premier Ministre sortant Ehud Olmert, qui a finalement reconnu cette semaine, ce que le professeur Sternhell affirmait depuis 30 ans - que la quasi-totalité de la Cisjordanie devra être rendue si l'on veut la paix. Mais bien qu’il pense que la Gauche a sans doute gagné une "bataille" idéologique - mais pas la «guerre» - il est très conscient qu’après une croissance incessante de la colonisation pendant plus de 40 ans, ramener les colons "à la maison" sera, dans la pratique, "un travail très difficile" et il se demande si l’establishment israélien possède "la force morale et la capacité de leadership» pour le faire.

"L’élite politique israélienne est très faible ... le fait est que les gens au pouvoir ne sont pas prêts à se confronter aux colons ... Je ne suis pas optimiste. Je ne vois pas qui est capable dans les années à commencer à prendre la question au sérieux. "

C'est la raison pour laquelle il estime que le seul espoir est une «forte intervention de la communauté internationale - les États-Unis et l'Union Européenne". Il ajoute : "Je pense que les Britanniques, les Français, les Allemands devraient commencer à penser sérieusement à bouger leur cul et à tenter de faire quelque chose de plus que ce que Tony Blair est en train de faire."

Le Professeur Sternhell exagère peut-être le mandat M. Blair en tant qu’envoyé au Moyen-Orient en déclarant qu'il est "chargé des négociations". Mais il est extrêmement sérieux quand il estime : "Personnellement, je suis arrivé à la conclusion que nous ne pouvons pas le faire nous-mêmes, en raison de la faiblesse de la démocratie israélienne, de la faiblesse de l'Autorité Palestinienne."

En disant que l’approche "étape par étape" d'Oslo était une «erreur totale», il insiste : "Toutes les questions doivent être traitées en même temps et tout le monde ayant un intérêt au Moyen-Orient doit y participer, je ne vois pas comment les choses peuvent bouger autrement».

Interrogé sur ce qu’il pensait, en tant que Juif avec sa biographie classique israélienne, d'avoir été attaqué à son domicile par des Juifs, le professeur Sternhell répond d’un air songeur : «Tout le monde est capable de faire quoi que ce soit. Être juif ou non ne vous immunise pas de tous les maux qui peuvent exister dans l'histoire et dans la politique."

Tout comme il est «très, très mécontent» de voir arriver des réfugiés soudanais en Israël en provenance d'Egypte qui ne sont pas mieux traités que "les Juifs l’étaient en Europe il y a 70 ans", il est également mortifié de voir "des Juifs être des occupants en Cisjordanie "- ou le traitement infligé aux Palestiniens par des soldats israéliens - non pas parce que les soldats le veulent mais en raison de l’"horrible" situation.

Et il dit: "Ce que je veux faire, c’est changer la situation."


Réflexions de Zeev Sternhell: Un verdict d’un universitaire israélien

Sur Tony Blair, l’envoyé au Moyen-Orient des États-Unis, de l'Union Européenne, de l'ONU et de la Russie, le soi-disant Quartet:

"Tony Blair est en train de se transformer lui-même de Premier Ministre qui a réussi pendant 10 ans en un personnage ridicule, un clown. Il est désormais responsable des négociations, alors que fait-il exactement. Où est-il?"


Sur Ehud Olmert, le Premier Ministre sortant d'Israël et récent converti à l'idée de rendre "la quasi-totalité» de la Cisjordanie:

«Il a seulement 30 ans de retard. C'est incroyable. C'est ce que [nous, la Gauche] disons depuis 30 ans."


Sur Ehud Barak, le Ministre israélien de la Défense:

"C'est drôle - bon, pas drôle mais tragique - de voir un homme comme Ehud Barak, un véritable héros de guerre, quelqu'un qui n’a peur de rien, qui ne savait pas ce que signifiait avoir peur. [Pourtant] politiquement, une confrontation avec les colons, c’est au-delà de ses possibilités. C’est très triste."


Source : http://www.independent.co.uk/
Traduction : MG pour ISM

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