FREE PALESTINE
28 septembre 2008

Le racisme au nom de la religion

Le racisme au nom de la religion

24/09/2008
Elana Maryles Swtokman

Récemment, je me trouvais devant la Cour Suprême avec une militante d'Ahoti, l'organisation féministe sépharade, à attendre que la justice tranche le cas d'une école religieuse pour filles, où les parents d'élèves réclament le maintien de la ségrégation entre les élèves.

Dans cet établissement d'Emanuel, les jeunes filles sépharades n'ont pas le droit d'aller en classe avec les enfants ashkénazes et hassidim. Elles ont différents professeurs, différentes salles de classe et différentes heures de récréation. Un mur a même été construit dans la cour pour éviter que les deux groupes ne se mélangent pendant les pauses.

Malheureusement, le cas d'Emanuel est loin d'être isolé. A Elad, des parents d'élèves ont récemment protesté pour empêcher qu'une élève sépharade n'entre en classe. Protesté ! Dans tout le pays, des jeunes filles sont rejetées ou renvoyées de leurs écoles à cause de leur couleur de peau ou de leur nom de famille. La Haute Cour à décidé la semaine dernière de mettre fin à cette situation. Rien n'y fait : l'école et les parents refusent de se plier aux réclamations.

"Ce qui se passe à l'école Beit Yaakov est proprement scandaleux" a déclaré Yaël Ben-Yefet, l'une des responsables d'Ahoti. "Les filles ont l'impression d'être anormales, moins bien que les autres, qu'il y a quelque chose de fondamentalement mauvais dans leur manière d'être. Ca existe partout en Israël, mais le problème est particulièrement grave dans cette école."

Il ya quelques mois une histoire similaire avait vu le jour à Petah Tikva. Dans l'une des écoles religieuses de la ville, la direction avait décidé de séparer physiquement et académiquement les filles éthiopiennes du reste des élèves.
Mes enfants et moi nous sommes rendus dans une maternelle de Mevaseret Zion à majorité éthiopienne peu de temps après les évènements de Petah Tikva.

Un matin, alors que les enfants jouaient dans les bacs à sables, la maîtresse m'a confié que "la communauté éthiopienne avait été très blessée par ce qui s'était passé. Les gens ne comprennent pas qu'une telle haine puisse exister dans un pays comme Israël, où beaucoup d'Ethiopiens rêvent de venir."

Pour y remédier, l'enseignante propose que la mixité soit imposée dès la maternelle. Cela semble évident. Pourtant c'est précisément cette conception basique de la moralité et de l'égalité qui fait le plus défaut aujourd'hui dans la société israélienne.

Ce n'est pas un hasard si la plupart de ces incidents racistes ont lieu dans des écoles religieuses. Au cours de mes recherches de doctorat, j'ai réalisé qu'il existait tout une hiérarchie de valeurs au sein de ces établissements, favorisant la culture ashkénaze au détriment des cultures sépharades ou mezrahi (orientales).

La discrimination est parfois subtile. Les professeurs distinguent par exemple "l'intellect ashkénaze" de "l'émotion mezrahi". Les élèves orientaux sont également plus souvent suspendus que leurs camarades ashkénazes.

Dans les écoles religieuses, contrairement aux écoles publiques, la discrimination se fonde sur une certaine idée de la "religiosité", les Mezrahi étant naturellement considérés comme moins religieux que les autres.

Le député du parti du Judaïsme Unifié de la Torah, Avraham Ravitz, a ainsi tenté d'expliquer les évènements d'Emanuel et Elad : "les discriminations ethniques viennent avant tout du désir de maintenir une certaine atmosphère éducative dans l'école…"

En d'autres termes, les sépharades ont des valeurs qui menacent "l'atmosphère éducative". Yair Sheleg raconte dans son livre Datiim Hadashim (La Nouvelle Religion) comment les familles ashkénazes ont ouvert de nouvelles écoles toraniques sous prétexte d'améliorer le niveau religieux des établissements. En réalité, explique l'auteur, ils cherchaient surtout à se protéger contre les mezrahi.

"Dans un système comme celui qui prévaut à Beit Yaakov, les filles sépharades sont obligées d'abandonner leur culture et tout ce qu'elles connaissent. Leurs habitudes alimentaires, leurs coutumes, même leur prononciation de l'hébreu est mal perçue. Elles sont contraintes de rejeter tout un héritage culturel et spirituel sous prétexte qu'il est considéré comme inférieur. C'est horrible", s'indigne Vardit de l'association Tmura.

En discutant avec ma fille de 11 ans de ces histoires, elle m'a demandé : "pourquoi les filles ne sont-elles pas admises en classe ?" Elle n'arrivait pas à comprendre ce racisme. Souvent, les enfants sont plus sages que les adultes.

http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1222017380732&pagename=JFrench%2FJPArticle%2FShowFull

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