Lettre imaginaire au Quartet pour le Moyen-Orient
Lettre imaginaire au Quartet pour le Moyen-Orient
samedi 27 septembre 2008 - Omar - association Oxfam
Tony Blair, envoyé spécial du Quartet, avait préféré annuler un déplacement dans la bande de gaza où 80% de la population dépend de l’aide alimentaire des Nations-Unies - Photo : Gallo/Getty
Si j’étais avec vous à New York...
Alors que je pense à cet évènement, je commence à faire un rêve éveillé. Dans ce rêve, j’ai quitté la bande de Gaza, où je suis un travailleur humanitaire et également un Palestinien qui souffre des effets du blocus appliqué ici.
Je ferme fort mes yeux et je suis maintenant sur un vol avec destination New York. A l’arrivée, je suis soudainement libre de mes mouvements, debout face à ces dirigeants, prêt à tenir le discours le plus important de ma vie. Mes mains tremblent légèrement. Je rajuste ma cravate, prends une gorgée d’eau et racle ma gorge. Je monte sur le piédestal faiblement allumé et commence mon discours.
Adresse au quartet
« Mesdames et messieurs, honorables membres du Quartet, je viens vers vous aujourd’hui, venant d’un minuscule bout de terre appelé la bande de Gaza.
« Je viens vers vous afin qur nous ayons un entretien franc et honnête. Je viens vers vous habillé de mes vêtements de travail, les vêtements d’un travailleur humanitaire palestinien, un ingénieur en hydrolique, dont la vie est tournée autour de la fourniture d’une aide aux gens de Gaza qui continuent à souffrir.
« Je viens vers vous comme témoin. J’ai vu comment des personnes sont mortes parce qu’elles se sont vues refuser l’accès à un traitement médical en Israël. J’ai été témoin de familles devant faire leurs besoins naturels dans leurs maisons détrempées par les eaux des égout parce que l’équipement minimum requis pour nos systèmes d’évacuation et de traitement des eaux usées, ne peut pas nous parvenir pour cause de blocus. J’ai été témoin de familles buvant de l’eau contaminée pour les mêmes raisons. J’ai été témoin de trop de choses.
Annapolis : des promesses non tenues
« Quand vous vous êtes réunis il y a presque une année à Annapolis, je vous ai entendus de loin disant au monde que les Palestiniens et les Israéliens réaliseraient la paix grâce à votre aide. Vous avez dit que vous aideriez à réformer l’autorité palestinienne, que vous appelleriez Israël à cesser d’étendre les colonies, à cesser les restrictions et sa politique répressive sur les territoires palestiniens occupés, et vous avez fait bien plus de promesses ...
« ... Mais nous attendons toujours que ces promesses deviennent réalité.
Les Palestiniens sont dépendants de l’aide alimentaire
« Certains prétendent que notre situation n’est pas si mauvaise parce que nous ne sommes pas morts de la faim ou parce que nous n’allons pas vêtus de chiffons. Mais je suis certain que vous savez combien il est difficile pour les travailleurs et leurs familles de faire face à cette situation en ce moment. Vos propres statistiques révèlent qu’environ 80% des Palestiniens dans la bande de Gaza sont partiellement ou totalement dépendants de l’aide alimentaire.
« Mais même les agences humanitaires à Gaza se battent. Elles constatent qu’elles doivent négocier et implorer pour l’entrée dans Gaza de matériaux dont elles ont besoin pour mener à bien leurs travaux si nécessaires. Tant de projets humanitaires ont été bloqués pour cette raison, y compris des projets concernant l’eau et l’hygiène sur lesquels j’interviens. Où sont donc les améliorations que vous aviez promises il y a presque une année ? Nous avions tenté de gérer les effets du blocus mais nous ne pouvons pas en voir la fin. Pourquoi en est-il ainsi ?
Une simple demande
« Faites respecter nos droits et notre liberté. Nous ne pouvons pas mettre de pain sur nos tables avec de simples promesses.
« Je me demande si vous accepteriez de voir l’économie, les systèmes de santé et d’éducation allant à vau-l’eau, si cela arrivait aux habitants de Washington, Genève, Moscou ou Bruxelles ?
« Normalement, si vous avez un problème à l’intérieur d’une communauté, quelqu’un se présente et agit en tant que médiateur. Vous, dirigeants, êtes les médiateurs. Vous vous êtes réunis pour conclure un accord de paix avant la fin de cette année.
La balle est dans votre camp
« Vous, dirigeants, avez toujours la balle de votre côté - il est temps que vous nous la renvoyiez.
« Venez maintenant vous assoir près de moi et ne me tournez pas le dos. »
* Omar est travailleur humanitaire et collabore avec Oxfam
25 septembre 2008 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :http://english.aljazeera.net/focus/...
[Traduction : Info-Palestine.net]