Palestine. Qu’il s’agisse des divergences entre le Fatah et le Hamas ou des négociations avec Israël, l’incertitude plane sur toutes les chances de réconciliation ou de relance de paix.

Dans l’attente d’une percée

La relation Hamas-Fatah demeure toujours sur une corde raide et il paraît qu’il faut attendre longtemps avant qu’il y ait une certaine détente. Une déclaration du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbass, issu du Fatah n’a pas manqué de jeter l’huile sur le feu. Le président étant déterminé à se maintenir à la tête de l’Autorité palestinienne jusqu’en 2010, alors que le mouvement islamiste, qui a remporté les législatives de 2006, considère que son mandat prendra fin le 9 janvier prochain.

« Je pense que les élections législatives et présidentielles doivent avoir lieu simultanément, en janvier 2010. Nous allons décider et publier un décret présidentiel en conséquence », a déclaré Abbass dans un entretien accordé au quotidien israélien Haaretz, paru dimanche.

Prié de dire s’il a l’intention de briguer un nouveau mandat, le successeur de Yasser Arafat juge la question prématurée.

Une position qui a provoqué le Hamas dont le porte-parole, Sami Abou-Zouhri, a dit : « Si Abbass reste au pouvoir en l’absence d’élections, il sera privé de légitimité et perdra le pouvoir ainsi que le droit de prendre des décisions. Le Hamas le considérera dès lors comme un usurpateur et un hors-la-loi ».

Pourtant, la veille, le Hamas se disait favorable à la réconciliation entre Palestiniens, mais a souhaité que tous les sujets soient débattus en l’absence de pressions internationales, comme l’a déclaré samedi soir Khaled Mechaal, chef de file du mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza depuis juin 2007.

« Ne mettez pas le Hamas au pied du mur », a averti Mechaal, qui vit en exil à Damas, à l’occasion d’une cérémonie religieuse célébrée dans la nuit. « Les pressions et le blocus ont été expérimentés contre le Hamas mais il reste inébranlable. Nous sommes favorables à la réconciliation dès lors qu’elle se déroule sans pressions extérieures et dans le cadre d’un dialogue qui permette d’aborder tous les sujets. Le Hamas est du côté de ses frères arabes. Il est injuste d’ignorer le rôle des Etats-Unis et d’Israël », a-t-il ajouté. Il faisait allusion au fait que Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, s’est dit mécontent cette semaine de la persistance des divisions palestiniennes et a évoqué la perspective de sanctions de la part des Etats membres de l’organisation. Le Hamas a déclaré aussi vouloir parvenir « aussi vite que possible » à un accord avec Israël sur un échange de prisonniers. Le Hamas souhaite réaliser rapidement un échange de prisonniers mais il ne peut accepter le « chantage israélien », a lancé Khaled Mechaal lors d’un rassemblement samedi soir à Damas. Pour relâcher le soldat Gilad Shalit, capturé en juin 2006 par des activistes de la bande de Gaza qui s’étaient introduits en Israël, le Mouvement de la résistance islamique exige la libération d’un millier de prisonniers palestiniens détenus en Israël. Or, l’Etat hébreu n’en propose que 450. Les pourparlers, menés avec la médiation de l’Egypte, n’ont jusqu’alors rien donné.

Gel du processus de paix

Concernant le volet palestino-israélien, le processus de paix, lettre morte depuis des années, n’a enregistré aucun progrès significatif et la date butoir de fin 2008 pour qu’Israéliens et Palestiniens parviennent à un accord est illusoire. En neuf mois de négociations, Israéliens et Palestiniens n’ont réussi à se mettre d’accord sur aucun des six points discutés, a déclaré le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbass dans un entretien publié vendredi par le quotidien israélien Haaretz. « Je ne peux pas dire qu’il y a eu d’accord ne serait-ce que sur un sujet », déclare Abou-Mazen dans cette interview accordée à l’occasion du 15e anniversaire des accords d’Oslo. Confronté à de nombreuses accusations de corruption, le premier ministre israélien Ehud Olmert ne briguera pas la tête de son parti Kadima le 17 septembre prochain. Il restera probablement en fonctions jusqu’à ce qu’un nouveau gouvernement soit formé ou que de nouvelles législatives soient organisées. Mahmoud Abbass a promis de travailler avec son successeur. « Nous respecterons la décision du public israélien. Nous négocierons avec tout premier ministre élu en Israël ».

L’un des points d’achoppement des négociations est le droit au retour des réfugiés palestiniens. « Nous comprenons que si les cinq millions de réfugiés rentrent chez eux, l’Etat d’Israël sera détruit », déclare Abou-Mazen. Il souhaite cependant que l’Etat hébreu reconnaisse sa responsabilité dans la genèse du problème et envisage une solution pratique. Il se dit prêt à accepter qu’Israël ne reprenne qu’un « nombre raisonnable » de réfugiés. « Les Palestiniens qui ne rentrent pas en Israël pourront venir en Palestine ». Non seulement les Palestiniens sont dans l’attente du successeur d’Olmert, mais aussi de la nouvelle Administration américaine. Bref, des questions en suspens que les jours à venir doivent régler.

Rania Adel

http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2008/9/17/arap1.htm