FREE PALESTINE
14 août 2008

Notre choix de la lutte populaire non violente est le bon.

Mohamed Ilias : Notre choix de la lutte populaire non violente est le bon.

Mohamed Ilias, comité d’organisation de la conférence de Bil’In

Zaouia, Badwou, Beit Ajza, Beit Daqwou et Bodros...La force du village de Bil’In est qu’il a construit son expérience en ce basant sur ce grand capital militant. Il s’est enrichi de ces expériences et a participé à leur développement

Monsieur le représentant du Président de l’Autorité Nationale palestinienne, Monsieur le Premier ministre, Salam Fayad, Mesdames, Messieurs, bienvenue à vous tous en Palestine, à Bil’In et à cette Conférence.

Je me rappelle qu’au sein du comité d’organisation, et de peur d’être pris par les détails des préparatifs, nous nous étions mis d’accord pour fixer les points principaux de ce mot avant sa rédaction. Ce matin, j’ai découvert, je ne sais si c’est par chance ou par malchance,, que nous avons oublié d’en rediscuter.

Peu importe, je vais parler de quatre axes en essayant d’être le plus précis et le plus court possible.

Axe 1 : Pourquoi Bil’In ?

Permettez-moi tout d’abord de mettre la photo dans son vrai cadre. Il est certain que si nous nous restreignons aux seuls résultats concrets obtenus pour juger cette expérience, celle-ci risque d’être déclassée. Dans le village de Zaouia, district de Salfit, le tracé du mur a été modifié et les habitants ont pu récupérer des milliers de dounams après plusieurs manifestations contre le mur et des centaines de blessés. Dans le district de Qalquiliya, près de la poche de colonies connue sous le nom d’« Alfi Minché », le tracé du mur a également été modifié après une lutte populaire et un travail juridique acharnés. Trois mille dounams ont été récupérés.Au village de Bodros, après des dizaines de manifestations, le mur a été repoussé aux frontières du 4 Juin et même au-delà dans certaines parties. En se référant à l’immensité des sacrifices, on doit citer des endroits comme Badwou, Beit Ajza, Beit Daqwou et Bodros. Des villes qui ont payé un lourd tribut lors de leur résistance non violente contre le mur : des morts et des blessés graves avec des séquelles irréversibles.

Quant à la présence des Internationaux solidaires dans ces luttes, qui ont d’ailleurs joué un rôle essentiel dans la diffusion de la réalité palestinienne et je cite en particulier ISM, IWPS et les mouvements de solidarité israéliens, leur participation est ancienne. Ils ont participé aux luttes contre le mur dans plusieurs villages comme Kharbat Jbara, Azbat Attabib, Masha, Bartâa, Arram, Jayous, Bodros et autres. Ils ont partagé les gaz lacrymogène et les balles en caoutchouc avec les habitants du village avant même de connaître le village de Bil’In puisque le tracé du mur dans ce village est venu plus tardivement.

La force du village de Bil’In est qu’il a construit son expérience en ce basant sur ce grand capital militant. Il s’est enrichi de ces expériences et a participé à leur développement qu’on peut résumer en trois points : * La continuité de la lutte et ce malgré les différents obstacles, * La compréhension de l’importance des médias et son utilisation pour faire connaître cette expérience. * L’invention de nouveaux moyens de lutte comme par exemple ces conférences internationales.

De là est venue notre volonté de consolider cette expérience, de lui donner la place qu’elle mérite et ce sans diminuer l’importance des expériences précédentes ou celles à venir.

Axe 2 : Pourquoi cette conférence ?

Nous nous sommes posé cette question au sein du comité d’organisation et nous avons abouti, après réflexion, à deux réponses simples. * La première, nous voulons raconter la situation palestinienne telle qu’elle est réellement. Un peuple victime de l’occupation, de la colonisation et des pratiques racistes mais qui a confiance en son humanisme et qui résiste sans perdre de vue l’essentiel, à savoir que son aube viendra certainement un jour. * La deuxième, la conférence n’est pas seulement un lieu pour recruter les Internationaux libres et solidaires de notre lutte légitime mais elle doit être l’endroit où ces militants soient nos partenaires pour créer et imaginer les outils pour aboutir à notre but.

Axe 3 : C’est un message que nous adressons à nos partenaires de la précédente conférence.

Nous vous avons promis d’oeuvrer pour que l’expérience de Bil’In soit généralisée dans d’autres endroits. Nous sommes en mesure de vous informer que des villages de Bethléem (Oum Salamona, Maâsara, El Khader) mènent une lutte acharnée avec des manifestations hebdomadaires et ce depuis avril 2007, date de la deuxième conférence. Ces villages constituent un exemple singulier de résistance populaire. Il y a également la lutte des villages victimes de la route raciste connue sous le nom de route 433 qui continue de se développer.

Actuellement, aux côtés des luttes centrales telles que les commémorations de la Journée de la Terre, la Nakba et les conclusions de la CIJ de La Haye ainsi que diverses autres luttes, il y a deux nouveaux foyers sur lesquels nous portons un grand espoir. Il s’agit de Nil’In, village proche d’ici et dont les manifestations se développent de plus en plus. Ainsi que le village de Koffin, district de Tulkarem, dont le processus commencera à partir de demain.

Avant la deuxième conférence, Bil’In avait accueilli la conférence populaire palestinienne qui a donné naissance au Comité National de Résistance Populaire. Ce comité est composé des coordinateurs des comités populaires locaux ainsi que de militants venant de différents endroits de la nation. Actuellement, nous travaillons pour développer cet outil (peu importe le nom qu’il portera) pour qu’il devienne le parapluie de tous les militants, quelque soit leur appartenances politiques ou syndicales.

Axe 4 : C’est un message à notre direction politique. Avant tout, nous nous considérons dans les comités populaires comme des soldats de notre nation et de tout ce qui peu être utile à la réalisation de notre projet national. Nous ne constituons d’alternative à personne et nous ne voulons exclure personne. Nous considérons par contre que cette résistance populaire restera inachevée tant qu’elle ne figure pas au sommet des programmes des différentes forces politiques et tant qu’elle ne reçoit pas l’engagement de la partie officielle : soutien politique et aide à la création des conditions de l’action.

Nous soulignons et apprécions le soutien de l’autorité officielle à la résistance populaire, mais nous demandons d’avantage d’efforts dans l’expression de ce soutien.

Il est clair que les autorités israéliennes, toutes couleurs confondues, ne veulent pas traiter avec les Palestiniens comme partie ayant des droits légitimes reconnus d’ailleurs par la légitimité internationale. Il est évident que Oslo et ce qui lui a succédé est considéré par eux comme un simple mécanisme pour gérer le conflit selon des logiques sionistes et racistes. Et ce qui complique encore plus la situation, c’est le renforcement de l’extrême droite avec ce que cela suppose comme course à plus d’expropriation de terres et plus de sacrifice de sang palestinien.

Cette situation nous rend encore plus convaincus que notre choix de lutte est le bon choix pour assurer une complémentarité avec les différents autres efforts.

Dernière remarque, le soutien financier, accordé par l’Union européenne et les USA à l’Autorité palestinienne, et utilisé par celle-ci pour atténuer la souffrance de notre peuple et l’aider à résister sur ses terres, ne doit pas nous faire oublier une réalité amère, celle des cadeaux faits aux Israéliens. Les investissements étrangers en Israël étaient de un demi-milliard de dollars en 2002 (date du début de la construction du mur), puis de un milliard en 2003 et cinq milliards en 2005. Et malgré la décision de la CIJ concernant l’illégalité du mur et le traitement méprisant de ses recommandations par Israël, ces investissements ont grimpé à 13 milliards en 2005 puis à 24 en 2006 et à 38 en 2007.

Cette situation nous impose de nous attaquer aux sujets du boycott, du retrait des investissements et des sanctions économiques.

Reste un dernier mot, un mot de remerciement. A tous ces soldats inconnus qui ont participé à la réussite de cette conférence. A tous les membres des délégations étrangères venues pour témoigner de leur solidarité et épauler la cause de notre peuple. Aux représentants des mouvements de paix israéliens qui remportent une victoire grâce à leur humanisme et à leur présence à nos côtés face à l’occupation. A l’institution espagnole NOVA. A tous les journalistes qui ont diffusé la vérité sur notre lutte. A la présence palestinienne de tout bord, officielle ou populaire.

Et enfin aux habitants de Bil’In.

Comité d’organisation,

Bil’In, 4 Juin 2008,

Intervention lue par Mohamed Ilias au nom du comité d’organisation de la conférence de Bil’In

11 juillet

www.france-palestine.org/article3250.html - 59k

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