FREE PALESTINE
2 juin 2008

« La solution du conflit israélo-arabe réside dans la création d’un seul État de type fédéral »,

jeudi 29 mai 2008 L’Orient-Le Jour Le quotidien libanais d'expression française
Conférence - « La solution du conflit israélo-arabe réside dans la création d’un seul État de type fédéral », souligne l’ancien ministre Michel Eddé : L’absence d’une équation viable en Palestine signifie l’absence de solution pour le Liban
L'article de Jeanine JALKH

http://www.lorient-lejour.com.lb/page.aspx?page=article&id=373120

L’espoir de voir le conflit israélo-arabe réglé est-il en train de s’amenuiser ou reste-t-il encore quelques chances pour la relance du processus de paix ?

À la lumière notamment de l’entrée en scène de l’Iran chiite – qui s’est définitivement substitué au monde arabe sunnite pour défendre, voire prendre le leadership, de la résistance palestinienne – et la guerre des axes qui n’a pas fini de bouleverser la géopolitique de la région, plusieurs analystes craignent que ce nouveau bras de fer redoutable ne se répercute de manière irrémédiable sur la Palestine occupée. D’autres, au contraire, avancent des thèses plus optimistes, fondées notamment sur les informations faisant état de négociations dites « secrètes » entre la Syrie et Israël et sur un vent plus clément qui souffle depuis quelque temps dans la région.

Fidèle à l’histoire des grands présidents américains, George Bush espère, comme tant d’autres avant lui, faire une sortie glorieuse de la Maison-Blanche en tentant une ultime relance du processus de paix avant son départ. Le fils Bush parviendra-t-il à réussir là où son père a échoué ?

Encore faut-il que les principaux concernés – Israéliens et Palestiniens – soient prêts pour cette nouvelle ère et conviennent d’une formule viable et acceptable pour les deux parties.

C’est sur ce point précis qu’a planché hier l’ancien ministre Michel Eddé, désormais connu pour son expertise en la matière et son suivi assidu et rigoureux du dossier israélo-palestinien. Invité par l’Institut de sciences politiques de l’USJ, l’ancien ministre a passé en revue le parcours difficile d’une paix qui tente depuis des décennies de frayer son chemin à travers l’un des plus longs et douloureux conflits de la région. Devant un public de jeunes universitaires, de hauts cadres académiques et d’intellectuels, M. Eddé a mis l’accent sur la « centralité » de cette crise endémique, dont le règlement ou la persistance ne peuvent qu’affecter, dans un sens comme dans l’autre, l’ensemble de la région, voire même de la scène internationale, M. Eddé a insisté au cours de sa présentation sur l’importance du « rôle spécifique du Liban » pour ce qui est des solutions à apporter. Cela est d’autant plus vrai que « l’absence d’une équation viable en Palestine signifie inéluctablement l’absence de solution pour le Liban ».

« Il est de notre intérêt à tous de travailler main dans la main pour tenter d’expliquer la nature de la crise, les enjeux en présence, et convaincre les différents acteurs et médiateurs en présence, notamment les États-Unis et l’Union européenne, de l’importance de rechercher une solution acceptable et durable à ce conflit », a souligné M. Eddé.

Passant en revue les multiples propositions, formules et initiatives de règlement déjà mises à l’épreuve, et qui ont vraisemblablement toutes échoué pour une raison ou une autre, M. Eddé prône ce qu’il considère être la solution la plus propice et la plus logique, celle qui pourrait contenter et surtout apaiser les deux protagonistes. Elle vise surtout à tranquilliser les Israéliens, de plus en plus anxieux devant la démographie galopante des Palestiniens, dont les effets commencent à se faire ressentir douloureusement chez les juifs israéliens. Chiffres à l’appui, M. Eddé démontre les conséquences de cette évolution démographique, et la crainte croissante des Israéliens d’être « submergés ».

Les chiffres sont significatifs : contre près de 5 700 000 d’Israéliens (dont 1 650 000 d’Arabes-Israéliens), les Palestiniens comptent aujourd’hui quelque 6 800 000. Un phénomène désormais irréversible étant donné le taux de natalité particulièrement élevé chez cette communauté.

Signe particulièrement alarmant pour l’État hébreu, l’immigration de près de 200 000 Israéliens, mais dans le sens inverse cette fois-ci, puisque ces derniers ont décidé de quitter Israël, en direction de l’Europe, de l’Allemagne, voire encore de la Russie, autant de manque à gagner en termes de ressources humaines et militaires, puisque le
service du drapeau est obligatoire en Israël
.

Le poids des chiffres se traduit également au niveau de la Knesset, qui comprend 14 députés d’origine arabe, contre 120 pour leurs homologues israéliens, « soit la disparition de l’équivalent de tout un parti israélien, sachant qu’il en existe 12 en tout », poursuit le conférencier.

À cela, vient s’ajouter l’état de « déchirement » dans lequel se trouve actuellement la société juive en Israël, désormais divisée entre « juifs sectaires et fanatiques et juifs modérés, qui veulent d’autant plus voir un terme mis à ce conflit pénible qu’ils ne croient pratiquement plus au rêve sioniste ».

« Conçu dans l’esprit de ses pères fondateurs comme étant un havre de paix, l’ironie de l’histoire a voulu qu’Israël devienne le seul pays où l’on ne peut plus vivre », soutient M. Eddé.

« Par conséquent, l’État hébreu se sent en péril et c’est là où la situation peut devenir dangereuse. La solution, poursuit l’ancien ministre, est de commencer par rassurer les Israéliens. Cela peut se concrétiser par une formule qui a fait déjà son chemin. »

Dans la pratique, la solution que défend l’ancien ministre consiste en la création d’un seul État de type fédéral, un État bicommunautaire, avec deux entités, l’une juive, l’autre arabe. L’État comprendrait deux Parlements, l’un représentatif de l’électorat juif, l’autre des Arabes.
Le pays serait démilitarisé et seules les Forces de sécurité intérieure seraient en charge de la sécurité.

Cela suppose bien entendu que les Palestiniens de l’exil obtiennent des compensations avec la possibilité pour ceux qui le désirent de retourner en Cisjordanie, sinon d’émigrer dans un pays de leur choix. Cela implique que la communauté internationale dédommage les réfugiés palestiniens des pays arabes, ce qui revient à leur verser l’équivalent de 40 milliards de dollars, comme cela avait été prévu il y a 8 ans. « Que représente donc cette somme dans les comptes des grandes puissances ? » s’interroge Michel Eddé. « Presque rien », conclut-il.

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