La Claims Conference pointée du doigt
La Claims Conference pointée du doigt
Par Marie Meyer pour Guysen International New
A l'heure où Israël commémore le Jour de la Shoah, un film documentaire, diffusé mercredi soir, remet en cause le travail de la ‘Claims Conference', l'institution américaine chargée de la distribution des indemnisations allemandes aux victimes de la Shoah. De nouvelles accusations qui poussent aujourd'hui le gouvernement israélien à envisager des mesures drastiques...
"La morale de la restitution : le combat continue" : tel est le nom du documentaire, diffusé ce 30 avril sur la chaîne satellite Yes, prenant pour cible la 'Claims Conference'.
Créée en 1951 et située à New-York, cette association a pour mission de distribuer les milliards d'euros d'indemnisation octroyés par l'Allemagne aux victimes de la Shoah, de restituer les biens juifs spoliés par les nazis et de financer les programmes d'aides aux survivants.
Depuis sa création, la 'Claims Conference' a géré près de 70 milliards de dollars de réparations versés par l'Allemagne aux victimes de la Shoah.
Un travail conséquent qui est cependant remis en cause par ce documentaire. Celui-ci accuse en effet la 'Claims Conference' de faire un mauvais usage des fonds en sa possession, soit près d'un milliard de dollars.
Au lieu de verser cet argent aux survivants dans le besoin, l'organisation préfèrerait transférer ces sommes à des organisations juives, ou financer des restaurations de bâtiments de commémoration.
Une politique inacceptable pour les rescapés de la Shoah.
"Il n'y a rien de plus important que les survivants de l'Holocauste et il faudrait qu'ils puissent vivre dans la dignité pendant les quelques années qu'il leur reste. C'est tout ce que je demande à la ‘Claims Conference", expliquait l'un d'entre eux. Et ce préciser : "Il restera plein d'argent pour les monuments quand les survivants auront disparu'', ajoute t-il.
Mais selon Reuven Merhav, l'un des principaux responsables de la 'Claims Conference', l'éducation sur l'Holocauste est tout aussi urgente que l'aide directe aux rescapés.
"L'argent consacré à l'éducation et la commémoration a un impact très important et ne servirait pas beaucoup s'il était partagé entre des dizaines de milliers de survivants".
A la suite de la diffusion de ce documentaire, le comité parlementaire de contrôle d'Etat a décidé de se réunir prochainement en session spéciale pour discuter de la ‘Claims Conference'. Le président du comité, Zevoulon Orlev, a d'ores et déjà annoncé que l'ouverture d'une enquête était nécessaire.
"J'ai vraiment été choqué par ce reportage. Il est difficile de penser que les fonds destinés aux survivants de l'Holocauste ne leur soient pas transférés, d'autant que beaucoup d'entre eux ont des problèmes financiers et vivent dans le dénuement total".
Orlev pourrait également envisager de remplacer cet organisme par une association israélienne.
Le député Ran Cohen a de son côté appelé au renforcement du contrôle de la ‘Claims Conference'.
"Ce film m'a beaucoup perturbé. Les découvertes sont choquantes. Des centaines de milliers de rescapés de la Shoah vivent dans la pauvreté alors que la ‘Claims Conference' fait cadeau de sommes astronomiques sans aucune transparence ni contrôle".
Des mesures drastiques sont donc envisagées pour cette institution qui a déjà été remise en question à plusieurs reprises.
Le mois dernier, un autre documentaire critique, réalisé par le New-yorkais Ilan Ziv, et intitulé ‘'Au nom des victimes'', avait en effet suscité une vive émotion lors de sa projection à la Knesset.
Et l'an dernier, une large campagne de protestation avait forcé le gouvernement israélien à revoir à la hausse les aides aux rescapés.
Alors que tous les Israéliens ont une pensée aujourd'hui pour les victimes de l'Holocauste, ces nouvelles accusations viennent ternir l'image de la ‘Claims Conference', garante des droits des rescapés.
Sources Guysens