FREE PALESTINE
31 mars 2008

Un stand honorable au salon du déshonneur.

Bilan d’une action : Un stand honorable au salon du déshonneur.

Le salon du livre a fermé ses portes mercredi dernier. L’UJFP a pendant ce salon été par le biais de sa revue : « de l’autre côté » partenaire des Editions La Fabrique pour y tenir un stand. Non par en chœur ou en contrepoint du stand d’honneur réservé à Israël pour l’anniversaire de ses soixante ans, mais en opposition, et pour le contrer tout simplement.


Tous les jours présents sur le site du salon nos militants d’Ile de France y ont diffusé plus de 8 000 tracts, rappelant aux visiteurs, que les soixante ans d’Israël honorés là c’était aussi les 60 ans de la Naqba palestinienne que l’on voulait ainsi effacer des mémoires. Cela nous a valu quelques coups mais aussi quelques adhésions. Voici ce qu’en rapporte Benny Ziffer responsable des pages littéraires du Haaretz dans son article «Art etc… revue parisienne » du 20 mars…. « L’évènement de 5 jours se tenait dans un vaste hangar du salon des expositions à Paris. Vendredi matin, trois personnes se tenaient sur le passage conduisant à la foire, et distribuaient des tracts de l’Union Juive Française pour la Paix. C’étaient des adultes d’âge mûr : une femme et deux hommes. Le sujet des tracts était : « Mémoire et Amnésie » cela disait : Est-il normal que la France célèbre le 60e anniversaire d’Israël alors qu’une guerre d’occupation et d’oppression sans pitié se déroule là bas ?
Une bande de jeunes juifs français surgie d’on ne sait où les entoure et entreprend une discussion passionnée avec eux. Quand je suis arrivé, le principal argumentateur du groupe de jeunes était déjà rouge de colère. J’essayai de le séparer de l’homme plus âgé qui lui faisait face, mais il lui arracha les tracts qu’il tenait et les déchira. Ses amis le rejoignirent et arrachèrent les tracts des mains des deux autres et les dispersèrent. La femme courut chercher de l’aide. Ils coururent après elle et la frappèrent sur les côtes. Elle se plia de douleur mais s’arrangea pour gifler l’un des jeunes gens. Le chef de la bande lui donna un coup sur le dos et quitta le champ de bataille triomphalement la tête haute »…

Notre stand montrait de grandes photos de check points, du mur découpant la Cisjordanie, de civils menacés par des soldats, de bâtiments bombardés en ruines à Gaza, d’immeubles troués par les tanks à Jénine, des cartes montrant les annexions successives par la colonisation, des terres palestiniennes. Un stand, le seul qui montrait la vérité de ce que ces 60 ans ont fait et continuent à faire. Beaucoup de visiteurs surpris intéressés ou agressifs … Notre revue qui sortait à cette occasion son 4e numéro « Palestine , l’An 41 » s’est fait connaître et s’est diffusée dans un milieu que nous cherchons à atteindre depuis longtemps.

Beaucoup de presse, nos auteurs invités, Amira Hass, Michel Warschawski, Eya l Weizman, Eyal Sivan, Yael Lerer, Jamal Zahalka, ont réalisé ne nombreux interview radio, télé, et presse écrite. Quand le même Benny Ziffer découvre notre stand, il félicite Eric Hazan, lui serre la main et lui dit : « Votre stand est le plus intéressant de tout ce salon. » Voici ce qu’il écrit dans le même article : … « J’ouvre le livre de Eric Hazan : « Notes sur l’occupation » à la page 46. Hazan est un éditeur et un écrivain juif français qui s’est rendu dans les Territoires en mai et juin 2006, pendant une période calme, et a écrit un livre sur cette visite, passé pratiquement inaperçu en Israël. Dans cette page il raconte comment une famille palestinienne ordinaire de la banlieue de Naplouse l’accueille un jour ordinaire dans une période ordinaire. Son jeune hôte a tout juste 15 ans, sa mère vient à peine d’être relâchée d’une prison israélienne. Son frère a été condamné à 20 ans de prison et incarcéré à Tel Mond. Son père a été tué. Un portrait de votre famille palestinienne ordinaire.
Que faisait là Hazan ? Il dirige les Editions La Fabrique qui ont publié entre autre le livre de la journaliste de Haaretz Amira Hass : « Boire la mer à Gaza » en français. Et une sélection d’essais de Yitzhak Laor. Et d’autre livres d’ « ennemis d’Israël », comme Tania Reinhart. Il tenait un petit stand à l’écart dans le salon. Les livres qu’il publie ne se trouvent nulle part dans le stand israélien officiel. Ce qui était vendu sur le stand officiel étaient des livres qui présentent un Israël merveilleux, qui peut être tourmenté par la situation, mais se pardonne à lui-même cependant. Ce pardon automatique n’est pas quelque chose que vous trouverez dans les livres que publie Hazan… »

Un meeting organisé à l’institut de Sciences politiques par UJFP Adala sciences-po et CCIPPP a réuni 250 personnes autour de la question du statut des intellectuels dans la société israélienne. Posant ainsi le cadre du débat et de l’opportunité du salon du lie et de cet invité de « déshonneur » ainsi que l’a baptisé M. Warschawski.
La rencontre qui s’est tenue à Reid Hall le lendemain avec les écrivains de la Fabrique a réunie elle aussi 250 personnes, salle comble et intensité toute autre pour un débat intitulé « de la mer au Jourdain un Etat, deux Etats ? » La qualité des interventions, les différences d’approche et les nuances entre les intervenants, les critères d’appréciation évoqués, ont fait de cette soirée, un rare moment de réflexion collective.
Enfin à l’initiative de plusieurs éditeurs dont La Fabrique, un débat s’est déroulé dans un salon loué à la foire du livre, sur les « nouveaux historiens ». Houleux en raison de la présence de plusieurs petits groupes décidés à perturber la rencontre. Il s’est aussi remarquablement tenu et à guichet fermé. Beaucoup de public a du être refusé.

Que conclure de tout ceci ? L’UJFP a réalisé un travail remarquable, et très nécessaire, grâce à la détermination et la ténacité de La Fabrique, dont elle était partenaire sur ce projet, nous pouvons nous féliciter d’avoir réussi à empêcher la parole unique et consensuelle sur ce salon, de se dérouler lénifiante et mensongère. Il était très important que des juifs marquent leur opposition catégorique à ce « déshonneur » et montrent le vrai visage d’Israël. Les faux intellectuels invités d’honneur, comme tous ceux parmi les visiteurs qui souhaitaient se bercer de l’illusion d’un Israël victime en état de légitime défense depuis sa création, n’ont pu parcourir tranquillement les allées du salon sans tomber sur le miroir que leur tendait notre stand, avec ses photos ses livres et nos revues. Quand ils l’ont évité avec ostentation, ou hargne, ils n’ont fait que souligner sa présence et son existence. Nous avons franchi la barrière des media français, modestement mais clairement, qui nous on largement interpellés sur le sens de notre présence dans le salon contre la place d’honneur réservée à Israël. Quant à la presse arabe qui soutenait le boycott du salon par de nombreux pays arabes, elle a largement expliqué et commenté notre initiative de façon très favorable.
Je crois que nous pouvons tous être fiers du travail accompli.

M. Sibony

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