FREE PALESTINE
2 septembre 2007

L’antisémitisme fleurit en... Israël

L’antisémitisme fleurit en... Israël

samedi 1er septembre 2007 - Stéphane Amar - Cyberpresse

http://www.info-palestine.net

L’agression remonte au mois de janvier dernier, mais Abraham Lévine semble encore sous le choc. Ce jour-là, il attendait paisiblement le bus à Petah-Tikva, dans la banlieue de Tel-Aviv, lorsque trois jeunes au crâne rasé se précipitent sur lui. « Sale juif ! » « Race maudite ! » « Baisse les yeux ! » Les insultes antisémites pleuvent puis, très vite, les coups.

Le quadragénaire s’en sortira avec un poignet cassé et plusieurs contusions. « En Russie, j’avais déjà été traité de sale juif, mais jamais on ne m’avait frappé », témoigne Abraham, qui a émigré en Israël il y a une quinzaine d’années, précisément pour fuir l’antisémitisme. Juif orthodoxe, il était convaincu que sa kippa et sa longue barbe lui causeraient moins d’ennuis en Israël qu’en Russie. « C’est inouï que de telles choses se passent en Israël, déplore-t-il. C’est notre pays, le coeur du peuple juif. Nos ennemis sont parmi nous, ils nous dévorent de l’intérieur. »

Abraham Lévine se lamente d’autant plus qu’il sait que son agression est loin d’être un acte isolé en Israël. Depuis quelques années, les actes antisémites se multiplient. Originaire lui aussi de Russie, Zalman Gilichenski a même créé une association spécialisée dans la défense des victimes de l’antisémitisme. Il recueille les témoignages de juifs agressés, photographie les synagogues vandalisées, recense les publications antisémites vendues en Israël. Il a comptabilisé jusqu’à 500 actes antisémites par an.

Sur son ordinateur, Zalman nous montre un des sites Internet des néonazis israéliens, aujourd’hui censuré. On y voit notamment un film amateur terrifiant : une agression antisémite filmée en direct dans un jardin public d’une grande ville israélienne.

« Tu es juif, n’est-ce pas ? » demandent les néonazis, filmés de dos, à un jeune homme portant un t-shirt jaune.

— Oui, répond-il, peu rassuré.

— Eh bien, tu dois t’excuser d’être juif ! » lui lancent ses agresseurs avant de le mettre à terre et de le rouer de coups, sous l’oeil complaisant du cameraman.

Les néonazis israéliens sont tous des nouveaux immigrants arrivés de Russie dans les années 90. La quasi-totalité d’entre eux ne sont pas juifs. Ils n’ont souvent qu’un vague ancêtre juif, ce qui suffit pour obtenir la nationalité israélienne au titre de la loi du retour.

« Ces jeunes sont issus de familles russes venues en Israël pour des raisons purement économiques, explique Zalman Gilichenski. Ils apportent dans leurs valises de tenaces préjugés antisémites acquis en Russie. Comme beaucoup de nouveaux immigrants originaires de Russie, ils vivent en vase clos, ne fréquentent que des Russes, ne parlent que le russe. Et grâce à Internet, ils sont en prise directe avec les néonazis russes, eux aussi en pleine expansion. »

Servir sous le drapeau frappé de l’étoile de David ne trouble pas les convictions de ces Israéliens antisémites. Zalman Gilichenski nous montre des photos de soldats de Tsahal qui exhibent une croix gammée tatouée sur l’épaule ou sur le bras. Le mois dernier, un jeune appelé d’origine française a dû quitter l’armée pour cause de harcèlement antisémite. Il vient de porter plainte contre ses agresseurs.

Mais aussi curieux que cela puisse paraître, l’État juif fait preuve d’une certaine mansuétude envers ces néonazis. À ce jour, un seul d’entre eux a été condamné à la prison. La classe politique commence à peine à prendre conscience de l’ampleur du phénomène. Une commission parlementaire s’est enfin penchée sur la question.

« Cette vague d’antisémitisme gêne les Israéliens, observe Zalman Gilichenski. Car l’État d’Israël a été créé en réponse à l’antisémitisme et plus particulièrement à la Shoah. Alors si même ici, il y a des néonazis, des agressions antisémites, je pose la question : que devient la légitimité de l’État d’Israël ? »

Stéphane Amar, Jérusalem, Cyberpresse, le 17 juillet 2007

Vidéo 

Les touristes russes accueillis à bras ouverts

Les citoyens russes n’auront plus besoin de visa pour se rendre en Israël. Une commission intergouvernementale israélienne sur le tourisme a adopté à l’unanimité cette mesure le 29 août. "Une nouvelle ère s’ouvre pour notre secteur touristique, ses bénéfices se chiffreront à des centaines de millions de dollars et des milliers d’emplois", a commenté le ministre du tourisme israélien, Yitzhak Aharonovitch, cité par Kommersant.

D’après le quotidien moscovite, cette initiative ne s’explique pas uniquement par des considérations économiques, mais elle est liée à la perspective de possibles élections anticipées en Israël. Elle reprend celle du chef du parti russophone d’extrême droite "Notre Maison Israël" (Israel Beteinou - NdR), Avigdor Liberman, immigré de l’époque soviétique et devenu ministre des Affaires stratégiques.

D’ailleurs, le ministre du Tourisme est issu des rangs du même parti, dont la plupart des électeurs sont originaires d’ex-URSS. Notre Maison Israël espère de la sorte s’attirer des voix supplémentaires. Selon Kommersant, le gouvernement israélien est prêt à entériner le projet à condition que Moscou prenne des dispositions réciproques pour les citoyens israéliens se rendant en Russie. La question devrait être tranchée lors d’une commission intergouvernementale russo-israélienne courant octobre.

Courrier international, le 30 août 2007

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