Qu'en est il aujourd'hui du droit de résister et du droit de se défendre ?
Qu'en est il aujourd'hui du droit de résister et du droit de se défendre ?
Le cas de la Palestine *
Mireille Fanon-Mendès France
publié le mardi 5 juin 2007
http://www.protection-palestine.org/spip.php?article5126
Devant les entreprises de déstructuration et de destruction de ce qui a
garanti des relations internationales prenant en compte le bien de
l'humanité et son évolution, il faut bien redire l'importance d'outils tels
que le droit international et le droit humanitaire international.
mireillemf72@aol.com
Membre Cedetim ; AIJD/droit solidarité
Mes remerciements à Hugo Ruiz Diaz Balbuena et à Michel Warshawski pour leur
lecture attentive
*Rappeler et affirmer un attachement fondamental aux normes du droit
international qui régule et doit continuer de réguler les rapports de force
peut sembler, pour certains, vain et illusoire, pour d'autres obsolète ou
incorrect. Devant les entreprises de déstructuration et de destruction de ce
qui a garanti des relations internationales prenant en compte le bien de
l'humanité et son évolution, il faut bien redire l'importance d'outils tels
que le droit international et le droit humanitaire international. Le monde,
dans son ensemble, n'a jamais été aussi proche de les perdre et d'ouvrir
ainsi la porte à des rapports de force basés sur la domination, la loi du
plus fort, le règne de l'entreprise privée au détriment du droit des peuples
à disposer d'eux-mêmes, de la non ingérence dans les affaires internes d'un
Etat et des droits humains. Les défenseurs de la solidarité internationale
ne peuvent se satisfaire de telles violations qui entraînent l'ensemble de
la communauté internationale dans des rapports de force où se manifestera
une violence débridée qui ne sera compensée que par des actions de type
pompiers ou ambulance ; et encore certains pays pourront en bénéficier s'ils
font allégeance aux critères de bonne gouvernance édictés par les tenants
d'un ordre mondial régi par les appareils financier et militaire. Pour les
autres pays, ils seront et sont déjà rejetés du côté des "terroristes". *
Les premiers à en payer le prix fort sont les Palestiniens à qui est refusé
le droit de et à vivre dans une paix juste et durable.
Des pays occidentaux, dont les Etats-Unis et certains pays européens - ne
cessent de proclamer le droit de l'Etat d'Israël à se défendre, justifiant
ainsi tous les crimes qui vont des massacres de la population civile
palestinienne jusqu'aux pires crimes internationaux. Ces mêmes Etats se
gardent bien de rappeler qu'Israël est un Etat qui soumet, en tant
qu'occupant, le peuple palestinien à la domination coloniale ; ce faisant
ces Etats sont responsables de la situation de dégradation généralisée qui
règne aussi bien en Palestine que sur l'ensemble du Moyen Orient.
Les Palestiniens n'ont qu'à subir la domination coloniale et sont, de facto,
privés du droit de réagir devant les atrocités israéliennes : en ce qui les
concerne, tout acte de résistance à cette domination est considérée
illicite, tandis que l'Etat d'Israël a le droit de continuer d'occuper
l'ensemble des territoires palestiniens (y compris Jérusalem Est).
L'ensemble des Etats occidentaux accepte et assiste ainsi à la re-écriture
du droit international dans un contexte où l'ordre néolibéral cherche à
imposer, par une violence permanente envers les peuples, son modèle social
unique à l'ensemble de la planète.
Nombre de pays occidentaux, la France en tête, n'ont toujours pas émis la
moindre condamnation du terrorisme d'Etat israélien, pourtant connu urbi et
orbi, planifié et exécuté depuis les plus hautes instances de l'Etat, y
compris la mise en place de la torture comme méthode et pratique
systématique à l'égard des prisonniers politiques, oubliés du reste du monde
et dont le nombre ne cesse d'augmenter.
L'Etat d'Israël a violé et continue de violer toutes les normes impératives
du droit international malgré les nombreuses résolutions de l'ONU ; la
dernière en date, 27 janvier 2007, émane de l'Assemblée générale
-A/RES/61/184. Elle énumère les nombreuses violations des normes du droit
humanitaire international et du droit international et précise que toutes
ces violations légitiment le droit du peuple palestinien à demander
réparation (…) par suite de mesures illégales prises par Israël, la
puissance occupante, dans le territoire palestinien occupé, y compris
Jérusalem-Est, ainsi de l'édification du mur à laquelle Israël procède dans
le territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est et alentour, qui
est contraire au droit international et prive sérieusement le peuple
palestinien de ses ressources naturelle ; l'Assemblée générale demande à cet
égard le respect intégral des obligations juridiques énoncées dans l'avis
consultatif rendu le 9 juillet 2004 par la Cour internationale de Justice.
Elle demande également à Israël, la puissance occupante, de mettre fin au
déversement de déchets de toute sorte dans le territoire palestinien occupé,
y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé, qui font peser une
grave menace sur leurs ressources naturelles, à savoir les ressources en eau
et en terre, et risquent de porter atteinte à l'environnement et de
compromettre la santé des populations civiles. Elle demande encore à Israël
de cesser de détruire des équipements essentiels, notamment des réseaux
d'adduction d'eau et d'assainissement, ce qui a notamment pour conséquence
une dégradation des ressources naturelles.
Pour finir, l'AG demande(…) à Israël, la puissance occupante, de s'acquitter
scrupuleusement des obligations qui lui incombent en vertu du droit
international, y compris le droit international humanitaire, en ce qui
concerne la modification du caractère et du statut du territoire palestinien
occupé, y compris Jérusalem-Est ; Pourtant, les dirigeants israéliens, avec
l'appui des dirigeants de certains pays occidentaux, ont manifesté et
manifestent encore, un mépris ouvert envers, d'une part, leurs obligations
internationales découlant des accords et des traités et d'autre part, envers
la décision d'une instance internationale comme la Cour internationale de
Justice.
Aucun des Etats occidentaux et aucun de leur gouvernement n'a condamné
explicitement la politique israélienne permettant à des responsables
israéliens de commettre, en Palestine occupée, des crimes de guerre sur une
grande échelle : exécutions sommaires et extrajudiciaires, enlèvement et
détention arbitraire de membres démocratiquement élus, pratique
institutionnalisée de la torture et de l'apartheid -crime de droit
international. Aucun de ces Etats n'a demandé explicitement ou exigé le
jugement et la condamnation des responsables de ces crimes, ainsi de
l'actuel premier Ministre et d'autres membres de son cabinet. Pas plus,
d'ailleurs que pour les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité
commis contre le peuple libanais pendant le conflit armé de l'été 2006.
Au contraire, le silence complice et prolongé marque une volonté de garantir
aux responsables israéliens l'impunité la plus totale mieux encore, une
impunité institutionnalisée, contribuant ainsi à la violation grave des
droits humains et du statut de Rome. Deux poids, deux mesures. Tout ceci est
fait contre la construction et le maintien de la paix et de la sécurité
internationales.
Faut il rappeler que la CIJ avait confirmé plusieurs violations graves du
droit international et des droits humains, notamment dues à l'occupation
permanente du territoire palestinien ; et la violation constante du droit
international et de toutes les normes concernant les droits humains.
Il est nécessaire de rappeler que, selon le droit international, les
Palestiniens ont le droit légitime de résister à la domination coloniale, à
l'occupation et aux forces occupantes. L'Etat d'Israël commettant les pires
violations du droit international et ne respectant ni les Conventions de
Genève ni les autres règles découlant des conventions tels que les deux
pactes de 1966, dès lors, les actes de résistance sont des actes licites et
légitimes. Sans parler des décisions du Conseil de sécurité dont n'a cure
l'Etat d'Israël.
Rappelons aussi le principe inaliénable du droit des peuples à disposer
d'eux mêmes consacré par la Charte des Nations Unies et réaffirmé par la
résolution 2625 (XXV) de l'Assemblée générale. Selon cette résolution
–faisant partie du droit coutumier-, « tout Etat a le devoir de s'abstenir
de recourir à toute mesure de coercition qui priverait de leur droit à
l'autodétermination … les peuples mentionnés…. ». L'article 1er commun aux
deux pactes internationaux relatifs, l'un aux droits économiques, sociaux et
culturels et l'autre, aux droits civils et politiques, réaffirme le droit de
tous les peuples à disposer d'eux mêmes et fait obligation aux Etats parties
de faciliter la réalisation de ce droit et de le respecter, conformément aux
dispositions de la Charte des Nations Unies.
Les pays occidentaux, dont les Etats-Unis en tête, agissent de manière
radicalement incompatible avec le droit international et les normes de
protection des droits humains. Ainsi de l'Etat français qui, ayant apporté
aide et assistance à deux entreprises françaises dans la construction du
tramway de Jérusalem, a manqué à son obligation de diligence, les activités
de ces entreprises allant à l'encontre du droit international ; dès lors, sa
responsabilité internationale se trouve engagée et des citoyens sont dans la
possibilité de demander des comptes à cet Etat qui viole ouvertement ses
obligations internationales.
L'Assemblée générale de l'ONU ne s'est pas privée de proclamer « le désir
passionné de liberté de tous les peuples dépendants et le rôle décisif de
ces peuples dans leur accession à l'indépendance » suivant les termes de la
Résolution 1514 de 1960. Ce même désir d'indépendance s'applique
indiscutablement au peuple palestinien qui résiste face à l'occupant
israélien dans une lutte inégale à la manière de celle de David et Goliat.
De plus, rappelons que devant la domination coloniale et la violence exercée
sur les peuples colonisés- et aujourd'hui encore sur le peuple palestinien-
l'Assemblée générale a également manifesté sa conviction que « ...le
processus de libération est irrésistible et irréversible et que, pour éviter
des graves crises, il faut mettre fin au colonialisme et à toutes les
pratiques de ségrégation et de discrimination… ». Cela s'applique pour la
lutte du peuple palestinien en vue de son autodétermination et de son
indépendance. Il est opportun de rappeler, avec force, à l'Etat d'Israël et
aux pays occidentaux qui cautionnent la politique d'apartheid et de
domination coloniale du peuple palestinien, la Résolution 1514 de
l'Assemblée générale- qui affirme que « …la sujétion des peuples à une
subjugation, à une domination et à une exploitation étrangères constitue un
déni des droits fondamentaux de l'homme, est contraire à la charte des
Nations Unies et compromet la cause de la paix et de la coopération
internationales…. ».
Signalons aux pays occidentaux qui appuient la politique israélienne de
violations spécialement graves du droit international, constantes,
permanentes, systématiques, comprenant la domination coloniale israélienne,
l'occupation et le vol des ressources du peuple palestinien que « ….tous les
Etats doivent observer fidèlement et strictement les dispositions de la
Charte des Nations Unies, de la Déclaration universelle des droits de
l'homme et de la présente Déclaration, sur la base de l'égalité, de la
non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats et du respect des
droits souverains et de l'intégrité territoriale de tous les peules…. ». Les
pays européens sont, dès lors, dans l'obligation d'appuyer la lutte légitime
et licite des Palestiniens en quête de se libérer de la domination
coloniale. C'est la seule politique de respect des droits humains, de lutte
contre les crimes internationaux et de respect de la Charte des Nations
Unies.
Plus que le droit de se défendre, l'Etat d'Israël a d'abord l'obligation
essentielle de cesser tout crime international, tout acte de terrorisme
d'Etat, de se retirer de manière inconditionnelle et immédiate de tous les
territoires palestiniens, d'indemniser les victimes palestiniennes des
crimes d'Etat, de rendre les biens et les ressources volés et de juger les
responsables des crimes qui se trouvent aujourd'hui au pouvoir politique.
C'est l'un des rares Etats qui, avec les Etats-Unis et certains pays
européens, a l'honneur d'avoir à sa tête des criminels de droit
international, ce qui ne fait pas honneur à la démocratie tant prônée par
ces mêmes pays. Une politique d'agression et de domination coloniale est
substantiellement incompatible avec la démocratie : on ne peut être
démocrate et en même temps, soumettre les peuples à la domination coloniale
et mener des politiques d'agression et mettre en place des politiques
d'occupation et d'apartheid.
31 mai 2007