FREE PALESTINE
8 juin 2007

Il est urgent de boycotter Israël

Il est urgent de boycotter Israël

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jeudi 7 juin 2007 - Ramzy Baroud - Al Ahram Weekly

Ramzy Baroud

Ronnie Kasrils, ministre de l’information de l’Afrique du Sud m’a chuchoté alors que je m’asseyais après le discours très enthousiaste que j’ai donné à une conférence récente au Cap : « si vous voulez que le monde prenne en compte votre appel à boycotter Israël, il faut que cet appel vienne de la direction palestinienne elle-même. »

Kasrils a évidemment raison. L’appel à boycotter le gouvernement raciste de l’Apartheid était un effort exclusivement sud-africain mis en avant et répété sans relâche par le Conseil national africain (ANC) et soutenu par les divers mouvements de libération à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

Il a fallu des années pour que la campagne qui lui a été consacré devienne efficace. Le message à l’intention de la communauté internationale était clair, simple et donc persuasif : mettre un terme à l’Apartheid. C’était une méthode de lutte de libération tout comme la lutte armée en Namibie, en Angola et d’autres pays africains mais c’était une stratégie affichée.

Un des initiateurs de cette campagne de boycott qui a touché les banques qui investissaient en Afrique du Sud, m’a présenté avec raffinement comment il fallait impliquer les sociétés civiles pour qu’elles se rendent compte que les banques rendent possible l’occupation économique israélienne et donc perpétuent cette domination. Son plan comprend une stratégie claire, un plan d’action franc et des demandes non-négociables.

Il est urgent de boycotter Israël

jeudi 7 juin 2007 - Ramzy Baroud - Al Ahram Weekly

Ramzy Baroud

Ronnie Kasrils, ministre de l’information de l’Afrique du Sud m’a chuchoté alors que je m’asseyais après le discours très enthousiaste que j’ai donné à une conférence récente au Cap : « si vous voulez que le monde prenne en compte votre appel à boycotter Israël, il faut que cet appel vienne de la direction palestinienne elle-même. »

Kasrils a évidemment raison. L’appel à boycotter le gouvernement raciste de l’Apartheid était un effort exclusivement sud-africain mis en avant et répété sans relâche par le Conseil national africain (ANC) et soutenu par les divers mouvements de libération à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

Il a fallu des années pour que la campagne qui lui a été consacré devienne efficace. Le message à l’intention de la communauté internationale était clair, simple et donc persuasif : mettre un terme à l’Apartheid. C’était une méthode de lutte de libération tout comme la lutte armée en Namibie, en Angola et d’autres pays africains mais c’était une stratégie affichée.

Un des initiateurs de cette campagne de boycott qui a touché les banques qui investissaient en Afrique du Sud, m’a présenté avec raffinement comment il fallait impliquer les sociétés civiles pour qu’elles se rendent compte que les banques rendent possible l’occupation économique israélienne et donc perpétuent cette domination. Son plan comprend une stratégie claire, un plan d’action franc et des demandes non-négociables.

« Faites attention avant d’acheter. Boycottez les produits de l’apartheid. »

Campagne contre l’apartheid en Afrique du Sud (1981).

Une jeune activiste indienne, qui a passé des jours entiers à essayer de convaincre les clients de Marks and Spencer en Grande-Bretagne, pour boycotter le magasin pour sa contribution à l’occupation israélienne, a souligné sa grande déception sur le fait que plusieurs de ces clients étaient des Arabes du Golfe. Alors qu’elle sait que rien ne va plus, elle ne pouvait pas s’expliquer pourquoi un Arabe riche trouve moralement permissible de protéger une compagnie qui contribue à l’occupation israélienne. Il n’est pas inutile de le dire mais le même scénario se répète dans beaucoup d’autres sociétés phares, en dépit de l’appui à Israël nullement intimidé de leurs directions.

J’ai appelé Ahmed Youssef, le conseiller politique en chef du premier ministre palestinien, Ismail Haniyeh pour lui demander s’il était possible de lancer un appel pour un boycott d’Israël notamment avant les grands rassemblements qui doivent se tenir le 9 juin à Londres et dans d’autres grandes villes à l’occasion du quarantième anniversaire de l’occupation israélienne. Youssef était totalement désespéré ; les conflits armés entre Palestiniens ont eu raison de l’optimisme qu’il affiche souvent. « Comment espérer avoir une position unifiée en matière de boycott alors que les Palestiniens combattent sur deux fronts : le premier front, les uns contre les autres, l’autre front contre l’Israël ? » Je suis certain qu’un grand nombre de personnes dans le monde refuserait par acquit de conscience d’acheter les produits israéliens si elles pouvaient savoir exactement comment Israël maintient son occupation illégale des territoires palestiniens. Mais comment pouvons-nous vérifier cela sans organiser de façon professionnelle un boycott qui donnerait des faits et des données pour permettre de faire pression sur les entreprises qui font des affaires avec Israël ?

Devons-nous attendre que la direction palestinienne (dont une partie est en situation de complète capitulation alors que l’autre partie lutte pour sa simple survie et se contente d’une idéologie politique d’exclusion) fasse cesser les combats fratricides, qu’elle unifie ses rangs, qu’elle réhabilité ses institutions politiques et seulement après elle peut lancer un appel politique pour le boycott ? L’attente pourrait être trop longue et laborieuse.

L’un des objectifs principaux de mes fréquents déplacements est d’essayer de jeter des ponts entre les diverses organisations proactives pour le changement, la libération des peuples et la lutte des Palestiniens. Par certains côtés, ces efforts ont abouti. Je crois en cela en créant une plateforme plus large et bien coordonnée pour la lutte contre l’injustice, avec la Palestine comme l’un des points centraux, la lutte de la société civile devenant à la fois efficace et appropriée.

Pour réussir cela, on ne doit pas s’attacher à des détails (dans le cas palestinien, la discussion entre la solution d’un Etat versus la solution de deux Etats, la lutte armée versus la résistance passive, le Fatah versus le Hamas, en sont des exemples) mais il faut rechercher au contraire les thèmes qui font consensus, et laisser les questions qui divisent à trancher par les Palestiniens eux-mêmes.

Le conflit en Palestine est à un point de non retour. Israël, aidé fortement par les deux derniers pays impérialistes, les USA et le Royaume Uni est au stade final de la réalisation de son projet de bantoustans dans ce qui reste de la Palestine historique.

Martin Luther King Jr, a dit une fois : « l’injustice n’importe où est une menace pour la justice partout ». Une victoire israélienne contre les Palestiniens est en effet une défaite partout pour chaque lutte pour la justice, chaque lutte pour les droits et l’égalité. On ne peut pas permettre cette victoire.

Mais la question de savoir comment empêcher cela doit être un débat qui devrait immédiatement débuter sans avoir à se reporter aux approches dogmatiques et aux sensibilités linguistiques, politiques ou religieuses, et plus encore sans s’embarrasser de grands discours, qui piègent les Palestiniens partout.

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=1784

* L’auteur est un journaliste arabe-américain

Site Internet : www.ramzybaroud.net

Du même auteur : La tragédie palestinienne n’est pas une querelle d’intellectuels mais un problème de décolonisation

31 mai 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :

http://weekly.ahram.org.eg/2007/847...

Traduction : D. Hachilif

Une telle campagne de boycott est-elle possible dans le cas palestinien ? Beaucoup de gens semblent le penser. En fait, les appels à boycotter Israël ont toujours été présents dans le paysage politique du conflit Israélo-arabe et plus tard dans le conflit israélo-palestinien. Le problème est que l’obstacle principal pour mobiliser les sociétés civiles à mettre fin aux politiques brutales d’Israël contre les Palestiniens, est que ces appels ne sont ni centralisés ni émanent d’une autorité et d’une direction respectable. En dépit de leurs bonnes intentions, et de leur solidarité sincère, ces efforts restent sans coordination et sans objectif clair.

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