FREE PALESTINE
4 avril 2007

Comment la Palestine est devenue terre d’Israël

Comment la Palestine est devenue terre d’Israël

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Sonja Karkar

publié le lundi 2 avril 2007.

L’Etat arabe prévu par le plan de répartition des Nations unies, sans consultation et en contradiction avec la propre charte des Nations unies, a été depuis, délibérément et méthodiquement, réduit par Israël

La Palestine n’est pas une terre de conquête pour les Palestiniens, mais la terre de leurs origines qui remontent à des temps immémoriaux.

Partition et vols

Pour les Palestiniens, leur terre n’est pas une terre de conquête mais la terre de leurs origines qui remontent à des temps immémoriaux. Un tel lignage ne se fonde pas sur une promesse biblique comme pour les Juifs qui prétendent que Dieu a promis la terre à Abraham et à ses descendants et qu’elle serait par conséquent le lieu historique du royaume juif d’Israël. Elle appartient au peuple palestinien par le simple fait qu’il y a résidé constamment, en y naissant, et par une possession qui remonte aux premiers Cananéens et même à ces peuples qui vivaient ici avant l’histoire connue. Ils étaient là quand les Israélites ont envahi la terre, l’ont occupée et gardée, par intermittence avec d’autres conquérants qui venaient et repartaient, vagues après vagues, ils étaient toujours là quand les Romains ont mis fin à la Palestine juive en détruisant Jérusalem en l’an 135 avant notre ère. Si on se place sur le plan religieux, alors les Palestiniens peuvent aller jusqu’à revendiquer la descendance d’Ismaël, fils d’Abraham, considéré comme l’ancêtre des Arabes. Mais en réalité, les droits des Palestiniens sont inscrits dans le principe universellement admis que la terre appartient à ses habitants indigènes. Ainsi, la lutte actuelle pour cette terre, menée par les immigrants juifs européens qui n’ont aucun lien avec la Palestine autrement que par leur religion, est une entreprise coloniale qui recherche une souveraineté pour « une population juive extérieure » par l’expulsion de Palestiniens indigènes qui, indépendamment de la foi - juive, chrétienne ou musulmane - ont vécu ensemble pendant des siècles.

Bien qu’enthousiaste à accepter le plan de partition des Nations unies de 1947 - qui recommandait que 56% de la terre soient réservés pour un Etat juif, 42% pour un Etat arabe et 2% pour Jérusalem, ville internationale avec ses environs -, le monde n’a pas dit un mot à propos des terres qui avaient été saisies par les terroristes sionistes « avant » l’Etat d’Israël proclamé le 14 mai 1948. Par toute une série de massacres révoltants, le territoire assigné aux Juifs est soudain monté à 77% avec comme résultats plus de 750 000 Palestiniens expulsés de force et dépossédés de leurs maisons, de leurs biens personnels et de leur patrie. L’Etat juif en prend alors possession sans attendre la commission des Nations unies - imposée par la résolution de partition - qui devait remettre progressivement l’autorité aux dirigeants juifs et arabes sur leurs Etats respectifs.

Après la guerre de 1948, Israël déclare prendre Jérusalem pour capitale, transgressant son statut reconnu internationalement de « corpus separatum » - un statut toujours admis. En fait, le nouvel Etat d’Israël a été créé en violation de la résolution même que les Israéliens considèrent aujourd’hui comme leur ayant donné leur souveraineté, résolution qu’il a continué de ne pas respecter. L’Etat arabe prévu par le plan de répartition des Nations unies, sans consultation et en contradiction avec la propre charte des Nations unies - lesquelles se devaient de faire respecter le droit à l’autodétermination des Palestiniens indigènes majoritaires - a été depuis, délibérément et méthodiquement, réduit par Israël ne laissant que des parcelles de terre isolées, non contiguës, à environ 4 millions de Palestiniens.

Autour de 170 000 Palestiniens sont restés dans ce qui est devenu Israël, le plus grand nombre d’entre eux résidant en Galilée qui, à l’origine, faisait partie de l’Etat arabe dans le plan de partition. Ces Palestiniens sont aussi les victimes de la politique de saisies de terre en Israël. Plus de 438 000 acres (1,772 million d’hectares - ndt), qui représentent plus que le total des terres récupérées par les Juifs à l’époque, ont été confisqués et 400 000 autres ont été retenus pour être confisqués. Après qu’Israël ait gagné la guerre de 1967, le territoire total de la Palestine tombe sous son emprise. Il annexe Jérusalem-Est, malgré le statut reconnu internationalement de Ville sainte et commence, de plus belle, à mettre en application un programme de colonies juives. Les Palestiniens d’Israël se rendent de plus en plus compte de leur position précaire politiquement et déclanchent une grève nationale le 30 mars 1976 qui prend le nom de « Journée de la terre », contre les expropriations impitoyables et continuelles de leurs terres par Israël. Un lien très fort s’est rapidement établi, partout, entre les Palestiniens et la « Journée de la terre » est adoptée comme une sorte de jour national palestinien qui est commémoré chaque année par les Palestiniens et tous ceux qui les soutiennent dans le monde. Ce réveil de la conscience nationale a constitué un message politique sans équivoque : fin de l’occupation et droit à l’autodétermination des Palestiniens dans un Etat souverain vivant en paix côte à côte avec Israël.

Trente et un ans plus tard, le message retentit toujours mais les Palestiniens sont plus éloignés d’une solution que jamais auparavant. Quotidiennement, Israël s’empare d’un bout de terre ici, d’un bout de terre là, pour faire de toute la Palestine « la terre d’Israël ». Le problème alors sera, que faire de 5 millions de Palestiniens sans territoire ? Il y a peu de solutions possibles mais criminelles : le transfert, l’emprisonnement collectif, l’apartheid et/ou la purification ethnique. Autrement, Israël pourrait se désengager de Cisjordanie jusqu’aux frontières de 1967, ou accepter un seul Etat démocratique pour tous. Sans solution juste, le combat pour la terre de Palestine continuera.

fondatrice et présidente de Femmes pour la Palestine à Melbourne, Australie. Counterpunch, Edition du week-end 31 mars/1er avril 2007 - trad. : JPP

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