FREE PALESTINE
4 avril 2007

Un tiers des Palestiniens en « situation d’insécurité alimentaire »

Un tiers des Palestiniens en « situation d’insécurité alimentaire »

unrwagaza

mardi 3 avril 2007 - IRIN - The Electronic Intifada 

Un tiers des Palestiniens dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie sont dans une « insécurité alimentaire », selon un rapport fait par l’organe des Nations unies de l’aide alimentaire, le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Selon une évaluation globale de la sécurité alimentaire et sur sa vulnérabilité, publié ce mois-ci, les organisations ont noté qu’environ 34% des Palestiniens ne peuvent pas s’offrir un repas équilibré et autres 12% courent le risque de connaître cette situation. La zone la plus affectée est la Bande de Gaza dans laquelle 51% de la population souffre d’insécurité alimentaire.

D’après une déclaration d’Arnold Vercken, le responsable du PAM dans les territoires occupés : « Les familles les plus démunies supportent actuellement une vie précaire totalement dépendante de l’assistance. Elles n’ont ni électricité ni chauffage, et se nourrissent de repas préparés avec de l’eau polluée qui vient de mauvaises sources ». Mais, un porte-parole israélien a déclaré que les autorités palestiniennes devaient prendre plus de responsabilités.

« Le problème c’est qu’il y a un gouvernement qui ne reconnaît pas Israël ni les accords qui conditionnent notre relation avec les Palestiniens », a déclaré Shlomo Dror, le porte-parole de l’unité coordinatrice gouvernementale qui couvre la situation humanitaire à Gaza et dans la Bande de Gaza. « Pourquoi les Palestiniens ne s’entraident-ils pas ? Ils sont remplis d’argent jusqu’aux dents, alors pourquoi n’utiliseraient-ils pas cet argent pour le bien de leur peuple ? » . Il a ajouté que les nutritionnistes israéliens avaient suggéré des moyens pour inclure plus de vitamines dans les paquets de nourritures distribués par l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens dans le Proche Orient et le PAM, afin de s’assurer que les enfants palestiniens bénéficient d’une meilleure alimentation.

La nouvelle évaluation de vulnérabilité et de la sécurité alimentaire menée par le FAO et le PAM en 2003, aidera l’organisme des nations unies à définir les profils devant bénéficier de cette aide alimentaire afin d’en mieux adapter la distribution.

La pauvreté dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie est en train d’augmenter à cause des sanctions internationales aggravées par des restrictions israéliennes sur la circulation des marchandises ainsi que sur la mobilité des travailleurs palestiniens pour officiellement des raisons de sécurité. L’Autorité palestinienne [AP] n’est pas en mesure de payer ses fonctionnaires car la communauté internationale a refusé de financer l’AP tant que le gouvernement palestinien qui inclut le Hamas ne reconnaitrait pas l’Etat d’Israël et ne renonce pas à la lutte armée.

Certains des salaires sont payés par l’intermédiaire d’un Mécanisme internationale temporaire soutenu par la Commission européenne. Environ 80% des Gazaouis reçoivent de l’aide de la part du PAM ou de l’UNRWA. Le rapport des deux organismes a conclu que : « Sans une solution politique, et en particulier la levée des restrictions sur la circulation [des biens, marchandises et personnes], une amélioration de la situation humanitaire est peu probable et des millions de personnes vont rester dépendantes de l’assistance. » Une fourniture essentielle de l’aide et des transferts sociaux ont partiellement aidé à amortir la détérioration de la situation humanitaire en Palestine, mais l’aide ne pourra pas compenser entièrement la perte d’autonomie.

Mesures d’austérité

Selon le PAM et le FAO, 84 % des Gazaouis et 60% des habitants de la Cisjordaniens ont réduit leurs dépenses. La famille et les amis avaient toujours partagé de la nourriture à leur table, mais nombreux sont maintenant ceux qui n’ont plus rien à partager, comme le note le rapport.

« La solidarité a atteint ses limites. Les familles sont de plus en plus dépendantes de l’aide alimentaire », a déclaré Kirstie Campbell la porte-parole du PAM à Gaza. Les foyers palestiniens usent de plusieurs stratégies pour s’adapter comme par exemple réduire les portions de nourriture, ou manger seulement un repas par jour, acheter des aliments de qualité inférieure, et manger moins de fruits, légumes et viande fraîche. D’autres moyens de maintenir leur niveau de vie incluent des emprunts à la famille, aux amis et aux marchands du quartier, et la vente de biens tels que les terrains et les bijoux.

Le rapport cite une mère de famille à Burqueen en Cisjordanie dans le gouvernorat de Jénine : « Personne ne sait ce qui se passe derrière ses murs, mais je peux vous assurer que chez nous, on apporte rarement de la viande rouge à la maison ». Et d’ajouter : « Je fais mon propre pain pour économiser de l’argent afin d’acheter du gaz pour cuisiner et je ne donne plus jamais d’argent à mes enfants, même pas un shekel (une pièce) pour acheter des bonbons ou (une canette de Coca-Cola) ».

Un régime alimentaire figé et une dépendance vis-à-vis du glucide comme élément essentiel de la consommation alimentaire va affecter le bien-être de la population dont le 46% sont des enfants, d’après les agences des Nations unies. Une enquête sur la nutrition a constaté que la malnutrition chronique augmente progressivement. La carence de fer (anémie) toucherait selon ces estimations, un tiers des femmes et des enfants. Plus de 22% des enfants âgés entre un et cinq ans souffrent d’un manque de vitamine A. Lorsque ce niveau dépasse 20%, on considère que l’on est face à un sérieux problème de santé publique.

Manque de travail

Peu sont les Gazaouis qui avaient été autorisés à entrer en Israël depuis le début de l’Intifada Aqsa en 2000, laissant des centaines de milliers de Palestiniens au chômage dans la bande de Gaza. Un haut responsable du ministère de la défense israélien a déclaré à l’IRIN sous couvert de l’anonymat qu’aucun des Gazaouis n’était autorisé à travailler en Israël et que selon lui, il était peu probable que la situation puisse changer au courant de 2007.

Beaucoup hommes se sont vus dans l’incapacité de trouver des emplois fiables et à long terme à l’intérieur de Gaza pour remplacer les emplois dans le bâtiment ou dans l’agriculture qu’ils avaient en Israël. Un petit nombre d’entre eux gagnent leur pain en travaillant sur les projets du PAM dans la communauté de Gaza, en faisant par exemple le nettoyage des rues.

Les restrictions sur la pêche et l’agriculture

L’organisation israélienne des droits de l’homme B’tselem a rapporté que les soldats israéliens ont interdit la circulation des bateaux de pêches hors la côte gazaouie. « Cette interdiction a gravement affectéle secteur de la pêche qui est le gagne-pain de beaucoup de résidents de la Bande de Gaza », dit Antigona Ashkar, une chercheuse à B’tselem ; « les pêcheurs qui ne respectent pas l’interdiction risquent d’être pris pour cibles par les vaisseaux de la marine israélienne ».

Les restrictions sur les mouvements ont également affecté l’accès des agriculteurs à leurs champs en Cisjordanie, ce qui à son tour a affecté la sécurité alimentaire. « Dans le temps, on avait l’habitude de cultiver nos champs assez loin du centre ville », se souvient un agriculteur de Kur Ni’ma dans le gouvernorat de Ramallah, cité dans le rapport. « Maintenant, parce que nous ne pouvons plus atteindre ces champs, certains d’entre nous cultivent n’importe quelle terrain que nous avons à proximité de nos maisons... Nous semons pour des légumes que nous utilisons pour notre propre consommation ».

Selon le rapport, la capacité de production dans les Territoires Palestiniens sous Occupation va probablement être restreinte en permanence non seulement à cause des limitations de l’accès aux terres et à l’eau mais aussi à cause de la pauvre qualité des sources d’eau et le manque de financements.

Le gagne-pain des Palestiniens a besoin d’être protégé, ont déclaré le PAM et le FAO, en proposant des projets pour la création d’emplois, le développement de micro-entreprises, et le soutien à la production palestinienne en volaille, viande, légumes et huile d’olive. Des échanges de nourriture contre du travail et de la formation, de fourniture de repas à l’école, devraient être encouragés.

22 mars 2007 - Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :

http://electronicintifada.net/v2/ar...

Traduction : Thouraya Ben Youssef

Commentaires
Derniers commentaires
Recevez nos infos gratuites
Visiteurs
Depuis la création 865 804
Archives