rapport officiel israélien sur la guerre du Liban
Le quotidien libanais d'expression française
Mardi 06 Mars 2007 L’Orient-Le Jour
Le contrôleur de l’État publie aujourd’hui les conclusions préliminaires
Le rapport officiel israélien sur la guerre du Liban pousse Olmert dans
ses derniers retranchements
http://www.lorient-lejour.com.lb/page.aspx?page=article&id=335892
La publication attendue aujourd’hui en Israël d’un premier rapport
officiel très critique sur la gestion de la guerre au Liban en 2006
pousse dans ses retranchements le Premier ministre Ehud Olmert,
déterminé à ne pas passer pour le responsable des ratages du conflit.
Le contrôleur de l’État, Micha Lindenstrauss, présentera devant une
commission parlementaire les conclusions préliminaires d’un rapport jugé
sévère sur la gestion des populations civiles par le gouvernement
pendant la guerre contre le Hezbollah chiite libanais, du 12 juillet au
14 août. Selon des informations des médias, les conclusions du rapport
seraient « très sévères » pour le gouvernement Olmert. Cependant, le
député Zevulun Orlev, président de la commission qui entendra le
rapport, a indiqué à la radio que ses conclusions étaient « générales »
et ne mettaient en cause aucun responsable « personnellement ».
M. Olmert avait chargé M. Lindenstrauss d’enquêter sur la façon dont
l’État avait géré l’« arrière » pendant le conflit : fonctionnement des
services d’urgence, des pompiers, de la police, des stocks d’urgence,
des abris. Durant la guerre, le nord d’Israël a été frappé par plus de 4
000 roquettes et missiles tirés par le Hezbollah, et plus d’un million
d’Israéliens ont été forcés de demeurer dans les abris, l’armée n’étant
pas parvenue à faire la différence sur le terrain.
Le ton est monté ces derniers jours entre MM. Olmert et Lindenstrauss,
le Premier ministre, au plus bas dans les sondages, étant clairement sur
la défensive. Il soutient que la décision de M. Lindenstrauss de rendre
publiques ses propres conclusions avant la publication, dans quelques
semaines, d’un rapport global sur la conduite du gouvernement pendant la
guerre est motivée par des considérations politiques. « Malheureusement,
par sa conduite, Lindenstrauss introduit un niveau jamais atteint de
cynisme, avant même que le rapport ne soit transmis aux organisations
gouvernementales », a écrit M. Olmert dans une lettre adressée à la
présidente du Parlement Dalia Itzik. Chargé de veiller notamment au bon
fonctionnement des institutions de l’État, M. Lindenstrauss, qui mène
également plusieurs enquêtes dans lesquelles Ehud Olmert est soupçonné
de transactions financières frauduleuses, a répliqué vivement. « Le
Premier ministre tente de détourner l’attention du public alors qu’il a
le devoir de fournir des réponses précises et détaillées sur les
nombreuses questions qui lui ont été posées ces derniers mois », a-t-il
dit dans une lettre à M. Olmert.
Redoutant d’être mis en cause, le général Yitzhak Gershon, chargé de la
Défense civile, a tenté de retarder la publication du rapport
Lindenstrauss en déposant un recours devant la Cour Suprême. Celle-ci se
réunira ce matin, deux heures avant l’annonce prévue des conclusions du
rapport.
Un récent rapport publié par la commission des Affaires étrangères et de
la Défense de la Knesset avait déjà mis en évidence des ratages
importants dans la gestion de la guerre, épinglant « l’échec du
gouvernement à identifier clairement le passage d’une situation normale
à un état de guerre ». « Le rapport (parlementaire) dépeint une
situation très dure dans laquelle les citoyens du pays ont été négligés
pendant la guerre », a dit son auteur, le député travailliste Ami
Ayalon. La responsabilité ultime des déficiences revient à Olmert, selon
lui. « Au bout du compte, tout remonte jusqu’au sommet. » L’ancien chef
d’état-major Dan Haloutz est pour le moment le seul haut responsable à
avoir démissionné après les ratages de la guerre, malgré le
mécontentement de l’opinion face à l’incapacité de l’armée à remporter
une victoire décisive contre le Hezbollah.
Plus de 160 Israéliens, la plupart des soldats, ont été tués pendant la
guerre qui n’a pas permis non plus à Israël d’obtenir la libération des
deux soldats enlevés par le Hezbollah à la frontière israélo-libanaise
le 12 juillet. Cet enlèvement a été le détonateur du conflit.