FREE PALESTINE
3 mars 2007

Les Palestiniens face au terrorisme d’Etat

«Pourquoi aucun Etat en Europe n’exige d’Israël qu’il se plie aux exigences du droit international ?»

Alors que la brutalité et la violence israéliennes rencontrent aujourd'hui une condamnation quasi universelle, M. Uri Rothman, deuxième secrétaire de l'ambassade de l'Etat d'Israël, a tenu dans les colonnes de la Tribune de Genève un discours édifiant visant à nous convaincre que seul le gouvernement palestinien élu est responsable de la situation actuelle, et qu'il doit se résoudre à se conformer aux conditions posées par la communauté internationale.

«Jusqu'à présent, affirme-t-il, les leaders du Hamas ont démontré leur rejet de tout accord de paix négocié». Ce qui est faux: ces leaders ont dit et répété qu'ils étaient prêts à s'engager dans un processus de paix durable sur la base de la partition décrétée en 1967 par la communauté internationale. Le rejet est venu de l'Etat d'Israël, qui en position de force militaire, peine à définir ses propres frontières qui semblent aujourd'hui encore extensibles. Comment reconnaître un Etat qui dans les faits, n'a jamais abandonné le processus d'une colonisation progressive ?

M. Uri Rothman parle d'une organisation terroriste et extrémiste. Cela alors qu'une majorité de députés et de ministres israéliens viennent d'élire un vice-premier ministre, Avigdor Lieberman, qui appelle à chasser les Arabes d'Israël, à assassiner les Palestiniens emprisonnés (10 000, dont plus de 300 enfants) et qui propose de transformer les villes et les villages palestiniens en ruines et cimetières selon la méthode de Poutine en Tchétchénie.

Et puis, il y a l'épreuve des faits, terrible depuis des décennies, et qui démontre sans détour la culpabilité d'un Etat assassin. Oui, assassin. Je le dis en rappelant simplement la férocité de l'occupation israélienne et son agression démesurée contre le Liban l'été dernier. Israël n'a pas entendu alors les voix qui se sont élevées pour appeler à la résolution définitive du conflit.

Tout se passe comme si un nouveau massacre devait survenir pour nous faire oublier le massacre précédent. Des cris d'une jeune fille sur la plage de Gaza à la sanglante bavure de Beit Hanoun, l'horreur reste indiciblement la même. Et de tels actes ne sauraient être qualifiés de terroristes parce qu'ils émanent d'une «armée régulière» ? Cependant, le devoir de mémoire, Monsieur Rothman, ne constitue pas le monopole des victimes de la shoah. Des milliers, des millions de musulmans observent ce que fait votre gouvernement. Et ils n'oublieront pas.

Et puis il y a encore toutes ces questions: Pourquoi aucun gouvernement européen ne sanctionne Israël et exige de cet Etat qu'il se plie aux exigences du droit international, particulièrement la Quatrième Convention de Genève qui stipule sans équivoque la protection des populations civiles en temps de guerre? Cela dure depuis des années. Les Palestiniens ont faim. Ils sont emprisonnés, encerclés par des chars, privés de toute ressource et cibles des missiles dans la bande de Gaza. Une terreur ignoble leur est imposée, et les grands décideurs qui ergotent dans les salons internationaux voudraient de surcroît qu'ils rendent les armes ?

Pourquoi les relations diplomatiques avec l'Etat israélien sont-elles maintenues par l'Union européenne quand de telles exactions se produisent ?

Et comment se fait-il que les représentants de cet Etat osent défendre publiquement une politique d'agression militaire systématique, quand celle-ci se traduit par le massacre des innocents ?

Ne nous parlez pas, Monsieur le secrétaire de l'ambassade de l'Etat d'Israël, des attentats contre les Israéliens. Votre gouvernement a non seulement refusé de mettre un terme au cycle de la violence, mais tout indique au contraire que se considérant comme une grande puissance militaire, il a choisi la logique de confrontation plutôt qu'une paix équitable fondée sur un humanisme universel qui respecte tous les peuples. Parce que tous les peuples se valent, n'est-ce pas

Hani RAMADAN

Directeur du Centre Islamique de Genève

Tribune de Genève - L'invité, 16 novembre 2006

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