FREE PALESTINE
30 janvier 2007

Il y'a tant à faire

Faut-il fermer l'Etat d'Israël ?         

30-01-2007   

Danielle Bleitrach, sociologue et cyber-journaliste, ex-membre du comité central du Parti Communiste Français, a publié cet été sur internet un article intitulé : "Il faut en finir avec l’Etat d’Israël et le sionisme." Voir cet article sur le site Le Grand Soir: www.legrandsoir.info/article.php3 ?id_article=3872

et sur le site Mille Babords : www.millebabords.org/article.php3 ?id_article=4532

Il y'a tant à faire          

30-01-2007       

Pluie d’été !  Non pas la divine ondée qui tombe du ciel, bienfaisante et nourricière, mais pluie de bombes et scories de l’enfer ! Beït-Hanoun comme pluie d’automne, l’hiver aura sa pluie, le printemps aura la sienne et le cycle recommencera.

« Paix » voilà ce qui sonne incorrect, étrange aux oreilles des loups israéliens. S’il en fallait encore une preuve, elle est toute dans la prompte réaction d’Olmert au  rapport « Baker »  qui – Oh ! la provocation - recommande une solution – même pas ouvertement  la paix - au problème israélo- palestinien :  Baker se trompe, nul besoin de solution et tout  va bien Madame La Marquise ! Evidemment aucun des grands analystes politiques et autres experts qui trônent  sur les chaînes d’information dominantes n’a vu de lien entre la critique israélienne du rapport de l’ancien secrétaire d’Etat américain et la décision de Monsieur Bush de faire tout le contraire de ce que préconise le dit rapport et d’envoyer 20 000  soldats en plus en Irak.

Il faut dire que la paix contrarie fortement  l’obsessionnelle ambition qui les traverse de la tête aux pieds : réaliser le grand dessein du grand Israël, surtout lorsque des conditions aussi favorables se présentent : disparition de l’obstacle soviétique, hégémonie mondiale du protecteur  et allié US, le droit d’occire que vous donne l’expédient terroriste, un armement sophistiqué  permettant de tuer sans être tué. Comment en effet renoncer au vieux rêve sioniste lorsque les circonstances elles mêmes vous tendent si gracieusement les bras ? Du point de vue des leaders sionistes, la paix reviendrait à un hara-kiri inacceptable. Continuons de tuer, de détruire, de pourrir la vie aux Palestiniens et aux Arabes des alentours, nous touchons au but, encore un effort et bientôt, très bientôt le Grand Israël –rêve ancestral – rayonnera de mille feux à travers le monde entier.

Non la paix, une paix juste, n’est pas et ne sera jamais dans leurs cordes ni dans leur tempérament. Non l’obstacle à la paix n’est ni les Palestiniens  ni le peuple israélien mais l’idée du Grand Israël qui colonise tripes et neurones des dirigeants sionistes. Et toute leur politique tient en ce credo : l’exil ou le cercueil ! Y’a-t-il seulement une seule personne au monde  qui ne le sache, ou existe-il un seul endroit sur terre  où l’on doute de cela :  tuer tant qu’on peut et bouter le reste hors de la région, tel est le but poursuivi par les aigrefins qui dirigent Israël.  Tout le monde le sait, sauf que tout le monde ne le dit pas, ne veut pas le dire ou ne peut pas le dire.

La guerre, les dirigeants Israéliens la justifie  par la sécurité. Et ce mot est devenue le mot rédempteur et magique qui lave Israël de tous ses pêchés. Dans la bouche d’Olmert, de Bush, de Sarkozy comme de Ségolène Royal  et de tous les grands démocrates de ce monde ! L’Etat hébreu  a le droit de se défendre, il a le droit de tuer pour survivre ! 

Il est évident que la sécurité est un droit. Pour Les Israéliens, pour Bush lui même, comme pour tout individu. C’est un droit élémentaire lié intimement au droit à la vie. Qui songe à remettre en cause une telle exigence ? Et précisément parce que c’est un droit universel  que la sécurité – comme la liberté d’ailleurs – se réalise, se vit dans la réciprocité : ma sécurité est dans ta sécurité et su tu es une menace pour moi tu me transformes en menace pour toi ! Une véritable sécurité des Israéliens est fonction de la sécurité des Palestiniens et Arabes de la région.

Ce qui rend suspecte la revendication sécuritaire israélienne est que celle-ci n’est jamais abordée sous l’angle du bon sens et s’énonce seulement comme un à priori justifiant  représailles et exactions. En supposant que les Palestiniens soient des sauvages doublés d’anthropophages  et que vous êtes un petit nombre venu s’installer dans leur voisinage et occuper une grande  partie de leur espace vital – que faut-il faire ?  - Certainement   pas se lancer dans une campagne exterminatrice qui tôt où tard se retournera contre vous et vous étouffera sous le poids du nombre. Car s’il y a bien une chose incontournable c’est bien le rapport démographique qui fait qu’Israël ne pourra jamais éliminer les centaines de millions d’âmes qui l’entourent- ce n’est pas que ses dirigeants n’en ont pas la volonté, c’est simplement une impossibilité matérielle ! Etouffement économique, assassinats ciblés, punitions collectives, saccages des maisons - drôle d’exigence sécuritaire que celle qui consiste à transformer en mutants les millions d’êtres humains qui vous entourent ? Aveuglement ou stratégie politique mûrement réfléchie ?

Et si  les statistiques avaient une bouche, ne plaideraient-elles pas avant tout pour la sécurité des Palestiniens. Il en meurt chaque jour. Hommes, femmes et enfants ! Sous des pluies de bombes au phosphore !

Il ne faut pas rêver, ni se bercer d’illusion ce n’est pas demain que les leaders Israéliens actuels se convertiront à la paix. C’est dire combien le chemin d’une issue équitable est difficile et combien il y’a à faire pour y parvenir.

Ce sont, bien sûr,  les israéliens et les Palestiniens qui ont le plus à faire,

Les Israéliens d’abord ! Dans cette mauvaise aventure, ils ont, sinon plus, au moins  autant à perdre que les Palestiniens. Le monde change vite et l’Amérique ne restera pas éternellement entre des mains amis. Que se passera t- il alors ? Tant de haine accumulée tout autour – qui alors en subira les conséquences désastreuses ? Certainement pas les chefs qui plastronnent aujourd’hui avec l’assurance que donnent le surarmement et les comptes bancaires bien garnis. Non seulement la politique des dirigeants Israéliens n’assure pas la sécurité des simples citoyens,  elle fait  peser, à plus au moins long terme, la menace de nouvelles exodes et autres shoahs !

Les Israéliens conscients de la nocivité des méthodes barbares employées par leur gouvernement ont à faire des sœurs et des frères par centaine de milliers encore afin de rallier une partie décisive de leur opinion à une vraie politique de paix à même de garantir une vraie sécurité, une sécurité viable, aux uns et aux  autres. Ceci est un facteur décisif dans l’aboutissement d’une solution équitable pour tous.

Les Palestiniens font ce qu’ils ont à faire. Le payant au prix fort. Ils font face à l’adversité avec un courage exemplaire et un sens dans l’histoire de l’humanité. Face à un ennemi terrible, surarmé, vindicatif, manipulateur, influent, riches de multiples complicités dans  les Etats les plus puissants du monde et les grands médias, ils se battent comme  savent seuls se battre les héros des tragédies mythiques. Quelle inventivité dans le combat ! Et que dire de la vaillance des femmes ! La douleur ne semble creuser leur visage que pour mieux l’imprégner de la force de l’acier trempé. Et déjà une des ces victoires morales annonciatrices de la victoire réelle et définitive. : ils se sont approprié le mythe du petit « David » contre le grand « Goliath ».

Oui, le monde changera, c’est inévitable, et alors l’Histoire mettra en bonne place dans  sa galerie « Hontes de l’Humanité» toute une pléiade d’hommes d’Etat et de personnalités politiques qui, pour certains cautionnent directement la politique d’apartheid menée par les gouvernants israéliens et pour  d’autres, par lâcheté, se calfeutrent dans  une neutralité coupable, fermant les yeux sur l’infamie d’un mur, gris comme le malheur, dur comme la haine qui habite le cœur de ceux qui l’ont construit, mur condamné par un tribunal international, pudiquement appelé séparation cette chose honteuse transforme l’environnement des Palestiniens en un énorme camp de concentration, à la merci des exactions de l’armée ennemie et du dénuement. Et c’est d’autant plus infâme que ces hommes et personnalités qui, avec cette aisance que donne la flagornerie des races supérieures, s’autoproclament chantres de la démocratie, de la liberté et de la justice.

Comme celui-ci qui voulut écrire le mot liberté sur son cahier d’écolier, les pupitres et les armes de guerre, les Palestiniens adressent, à chaque instant du jour et de la nuit, dans chacune de leur action de résistance, aux Israéliens et au monde un message unique : nos droits, rien que nos droits, tous nos droits, vous pouvez nous affamer ou nous  tuer, nous céderons pas d’un iota sur nos droits, notre terre et Jérusalem sont notre droit et notre liberté !

Si, cependant, on devait relever une faiblesse de la résistante palestinienne, celle-ci aurait intérêt à faire plus d’efforts  pour rallier à la cause d’une paix juste un plus grand nombre d’Israéliens, ces centaines de milliers de gens simples qui ne tirent aucun profit de la guerre et qui n’aspirent en fait qu’à vivre en paix, avec eux.  Il est indispensable de trouver plus de voies et moyens pour atteindre le cœur et la raison de l’opinion israélienne afin de l’amener à se désolidariser d’une politique suicidaire pour toutes les peuples de la région et que, la violence appelant la violence,  le respect des droits de ses voisins est la seule chose à même de leurs garantir paix et la sécurité. Les Palestiniens doivent faire cet effort car leur victoire ne pourra faire l’économie d’un changement radical dans les mentalités israéliennes vis-à-vis de la politique violente et des crimes des responsables actuels de leur destin. Les guerres coloniales ont ceci de commun : elles finissent par rapprocher peuple dominé et peuple dominateur. Il n’y a aucune raison pour qu’il en soit autrement dans cette région. Alors seulement on sera tout proche de la paix !

Et maintenant ce que doivent faire tous les autres. Vous et moi. Frères Arabes. Femmes et hommes de partout que l’abomination révolte. Citoyens du monde conscients des dommages que le pourrissement du conflit Israélo-arabe cause à la fraternité humaine.

Il y a le mur de béton et aussi un mur invisible celui-là mais non pas moins oppressant : le mur du silence qui étouffe toute idée de paix. Celui-ci on peut le rompre. Grâce au bouche à oreille, grâce à internet, grâce à la multiplication des sources et au décryptage correct du dit et non dit des grands médias. S’informer et informer c’est permettre aux conditions d’une paix juste d’avancer, de mûrir…

Voici un exemple qui illustre bien le sort réservé à toute information pouvant contrarier les va t-en-guerre israéliens. Très récemment, la fondation Carter pour la paix a lancé un appel « En finir avec le conflit Israélo-arabe », publié par le Monde datée du 05 octobre 2006. Ce texte court et  succinct qui rappelle les grandes lignes d’un accord, montre que celui-ci, avec un peu de bonne volonté de part et d’autre,  peut devenir tout de suite une réalité. Ce qui en fait un événement, c’est les signatures en bas de page d’au moins une centaine de hautes personnalités politiques ou intellectuelles. Citons en quelques uns : Morton Abramowitz, Ancien ambassadeur des Etats-Unis en Turquie et en Thaïlande, Pat Cox, Ancien président du Parlement européen, Lionel Jospin, Ancien premier ministre français, Robert McNamara, Ancien secrétaire à la défense des Etats-Unis, Gonzalo Sánchez de Lozada, Ancien président de Bolivie, Richard von Weizsäcker, Ancien président de la République fédérale d’Allemagne… (Lire le document complet à l’adresse : http://www.metransparent.com/texts/en_finir_avec_le_conflit_israelo_arabe.htm).  Eh bien, pas un mot  dans les principales chaîne d’informations  publiques ou privées, même pas un souffle, ni ITV, ni Euronews, ni même LCI  auto-défninie comme la « Chaîne info ». Les illustres signataires  de l’appel n’en ont pas fait pour autant  un événement plus important qu’un accident de voiture. C’est comme ça, lorsque une initiative politique ne rentre pas dans l’optique des dirigeants sionistes, elle perd immédiatement toute forme de réalité pour tomber dans un irrémédiable oubli.

Il y a beaucoup à faire aussi contre l’utilisation abusive du droit de veto à l’ONU par les Etats-Unis, abus qui continue de garantir à Israël une impunité totale pour des actions militaires punitives et pour le royal  mépris accordé aux résolutions onusiennes. Ce comportement totalement irresponsable,  est un obstacle sérieux à la paix et porte grandement préjudice à l’organisation internationale. Si l’on ne fait rien, celle-ci risque de connaître le même destin que la SDN avec les conséquences que l’on sait. Par quel moyen peut-on arriver progressivement à faire échec à cette perversion du droit de veto ? Les Etats réprouvant la manière de faire américaine qui fait  obstacle à  la paix et menace leur propre stabilité politique - entre autres les pays arabes – devraient recourir à larme de boycott limité de l’ONU chaque fois que l’administration Bush utilise son droit de veto  abusivement, uniquement pour assurer une immunité malsaine à son protégé israélien. Cela ne se fera que si s’exerce une forte pression de la base sur leurs gouvernants au niveau de chaque pays.

Pourquoi l’existence d’un Etat palestinien et sa reconnaissance par la communauté internationale doit-elle dépendre du bon vouloir du seul Israël ?  En toute logique, n’est-ce pas qu’il devrait appartenir à l’ONU de le faire, comme le veut  la résolution 181 du  29 novembre 1947. Résolution du partage de la Palestine, celle-ci porte d’une manière claire sur la création de deux Etats, l’un juif l’autre arabe. La question est : pourquoi l’Etat d’Israël existe et l’autre non , pourquoi la résolution n’est jusqu’à ce jour appliquée qu’à moitié et pourquoi et au nom de quoi la création d’un Etat  palestinien est une prérogative israélienne ? Voici atteint le sommet de l’aberration.  Ne faudrait-t-il pas qu’un comité de juristes internationaux se forme pour demander des compte à l’ONU devant des juridictions internationales et exiger l’application  de toute la résolution 181 !  C’est à l’ONU de proclamer officiellement l’Etat palestinien et aurait du le faire depuis longtemps !

Il reste une dernière idée qui peut paraître scandaleuse mais qui ne l’est pas du tout ! Au contraire. Elle ne pourrait que renforcer une véritable alliance entre partisans de la paix, Arabes, Israéliens et femmes et hommes de partout, et pourrait aussi tous ensemble  les engager résolument  dans la même dynamique pour le triomphe d’une issue sage, raisonnable, allant dans le sens de l’intérêt et la sécurité de chaque partie de la région.

La Shoah n’est pas faite pour appeler ou justifier d’autres Shoahs mais en empêcher d’autres. Quel être de bon sens pourrait  soutenir le contraire ? Pour le dire haut et fort , ne faut-il pas accrocher sur notre poitrine une étoile à cinq branches ou à six branches –  en l’accompagnant d’une légende  qui en donne le sens : Shoah : oui à la paix, non à la guerre !

Convergence des Causes

30 janvier 2007

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