FREE PALESTINE
12 janvier 2007

Israël : l'étau se resserre autour d'Olmert

LE FIGARO

Israël : l'étau se resserre autour d'Olmert

De notre correspondant à Jérusalem PATRICK SAINT-PAUL.
Publié le 11 janvier 2007
Actualisé le 11 janvier 2007 : 08h41

*Le premier ministre israélien doit faire l'objet d'une enquête
criminelle pour corruption.*

LES MÉDIAS israéliens l'ont baptisé /« le voyage à la sauce
aigre-douce »/. La première visite officielle en Chine du premier
ministre israélien, Ehoud Olmert, est assombrie par les « affaires »
dans lesquelles il est impliqué. Déjà au plus bas dans les sondages, le
chef du gouvernement peut s'attendre, d'après les journalistes qui le
suivent, à une série d'interrogatoires de police après son retour à
Jérusalem, prévu vendredi. La chaîne 10 de télévision israélienne a
révélé, mardi soir, qu'une enquête criminelle devrait être ouverte
contre lui pour examiner son rôle dans un délit d'initié concernant la
privatisation de la banque Leumi, le deuxième établissement financier du
pays.

Le premier ministre est soupçonné d'être intervenu en 2005, alors qu'il
était ministre des Finances dans le gouvernement d'Ariel Sharon, en
faveur d'un homme d'affaires dont il est proche, Frank Lowy, candidat à
la reprise d'une partie du capital de la banque. L'appel d'offres a été
remporté finalement par une société sans relation avec Lowy.

Ehoud Olmert n'en est pas à son premier scandale. Il a déjà été impliqué
dans une enquête sur les conditions d'achat de son appartement à
Jérusalem, une ville dont il a été le maire pendant longtemps. Il était
soupçonné d'avoir acheté son logement en dessous du prix du marché, en
échange de faveurs accordées par la municipalité à l'ancien
propriétaire. Mais aucune charge n'a finalement été retenue contre lui
dans cette affaire. Selon les médias, Olmert pourrait en revanche être
inquiété pour une affaire de nominations abusives, alors qu'il était
ministre du Commerce et de l'Industrie.

Le ministère de la Justice reste prudent. Il juge /« prématurées »/ les
informations publiées par les médias. Olmert, lui, dénonce des/
« rumeurs »/ et affirme avoir /« les mains propres »/. L'entourage du
premier ministre a peur d'un nouveau scandale. Ainsi, redoutant les
accusations de favoritisme, les conseillers d'Olmert avouent avoir
renoncé à inclure dans leur délégation en Chine des industriels, comme
il est d'usage pour promouvoir les intérêts commerciaux israéliens.
/« Si nous avions emmené avec nous des hommes d'affaires, nous aurions
dû nous expliquer auprès du contrôleur de l'État, qui nous aurait
demandé pourquoi celui-là et pas un autre »/, explique-t-on dans
l'entourage d'Olmert.

*Arrêté à sa descente d'avion*

Directrice de cabinet du premier ministre israélien et proche
collaboratrice depuis trente ans, Shoula Zaken, qui l'accompagne
habituellement dans tous ses déplacements, a dû renoncer au voyage en
Chine. Soupçonnée d'avoir fait jouer ses relations dans la nomination de
hauts fonctionnaires des services fiscaux, pour obtenir des allégements
d'impôts, elle fait l'objet d'une enquête et est assignée à résidence.
Elle aurait agi notamment au profit de son frère, Yoram Karshi, homme
d'affaires et membre du Comité central du Likoud (droite). Cités par la
presse, les collaborateurs du premier ministre estiment que dans le
climat de suspicion actuel, /« la fonction publique pourrait bientôt se
retrouver paralysée par la peur des enquêtes »/.

Un autre collaborateur de longue date du premier ministre, Obeid
Yéheskiel, a été convoqué par la police à ce sujet, et le représentant
de l'administration fiscale israélienne aux États-Unis, Ygal Saar, a été
arrêté à sa descente d'avion lundi à Tel-Aviv. Une quinzaine de hauts
fonctionnaires du fisc, à commencer par son directeur, Jacky Matza, sont
ou ont été placés en garde à vue dans le cadre de l'enquête, menée par
des centaines de policiers. /« Israël figurait récemment en 34^e
position sur une liste mondiale de la corruption, mais les auteurs
ignoraient ce qui se passe vraiment chez nous »,/ a déclaré, lundi, le
comptable général du ministère des Finances, Yaron Zelecha.

Olmert n'est pas seul en cause. La classe dirigeante israélienne est
largement discréditée par des scandales. Censé être une autorité morale,
le président Moshé Katsav est accusé de harcèlement sexuel. Tout comme
l'ancien ministre de la Justice, Haïm Ramon, qui a dû abandonner son
portefeuille. Proche d'Olmert au sein du parti Kadima, Tzahi Hanegbi
est, lui, poursuivi pour abus de confiance et corruption électorale
. La
police a été autorisée, lundi, à enquêter sur une autre affaire de
corruption impliquant le ministre des Finances, Avraham Hirshson. Mais
selon un récent sondage, Olmert est le membre du gouvernement perçu
comme le plus corrompu par les Israéliens.

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