FREE PALESTINE
11 janvier 2007

Marouane Barghouti, symbole et point d'équilibre politique ?

LE MONDE | Mis à jour le 10.01.07 | 16h21

Depuis la mort de Yasser Arafat, en 2004, Marouane Barghouti est devenu l'un des derniers symboles auxquels les Palestiniens peuvent encore se raccrocher. Emprisonné en Israël, condamné à cinq peines de prison à vie, il dispose d'atouts pour incarner cette unité sans cesse invoquée par la rue palestinienne pour conjurer les déchirements sanglants entre les nationalistes du Fatah et les islamistes du Hamas.

"Je ne suis pas un terroriste, mais je ne suis pas non plus un pacifiste", écrivait-il dans le Washington Post, en février 2002, à la veille de son arrestation. Né en 1959 près de Ramallah, Marouane Barghouti fait partie de cette génération de l'"intérieur" née à la politique et au combat nationaliste avec la première Intifada (1987-1993) et que Yasser Arafat a tenté de recycler dans le jeu de ses clientèles sans y parvenir totalement.

Dirigeant du Fatah mais grand pourfendeur de ses dérives, il a bâti sa popularité sur son activisme lors du deuxième soulèvement palestinien. Si l'objectif reste pour lui la création d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël sur la base des lignes de cessez-le-feu de 1948 (soit à Gaza et en Cisjordanie), il a toujours ménagé, au contraire de Mahmoud Abbas, l'option de la lutte armée, à condition qu'elle soit limitée à ces territoires.

A la veille des élections législatives de janvier 2006, il avait plaidé pour l'unité des deux principaux courants palestiniens. Quelques mois plus tard, après la défaite de son camp, il a été à l'origine, en mai, du "document des prisonniers", une plate-forme inspirée du programme du Fatah, mais acceptable par le Hamas.

Cette plate-forme reste un possible point d'équilibre entre les deux mouvements, en dépit de leurs affrontements actuels. Son inspirateur pourrait se construire un destin sur cet acquis, même s'il ne peut en être maître du fait de son incarcération. Emprisonné, Marouane Barghouti est préservé des contingences palestiniennes. Au risque que les Palestiniens finissent, en désespoir de cause, par lui prêter une stature qui le dépasse.

Gilles Paris
Article paru dans l'édition du 11.01.07

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