FREE PALESTINE
5 janvier 2007

Les "bataillons de la jeunesse" (1)

Le Ministère de l’Enseignement redonne vigueur aux bataillons de la jeunesse (« Gadna ») :

davantage de combativité et de patriotisme

Or Kashti

Haaretz, 2 janvier 2007

www.haaretz.co.il/hasite/pages/ShArtPE.jhtml?itemNo=808082

Version anglaise : New IDF Gadna youth program criticized as overly militaristic

www.haaretz.com/hasen/spages/807850.html

« Le programme montre clairement, et sans ambiguïté, que la valeur suprême, c’est l’Etat et que les normes sont établies par l’Etat et l’armée, quelles qu’elles soient », dit Nourit Peled-Elhanan, de l’école de pédagogie de l’Université de Tel Aviv. Elle ajoute que les sujets enseignés durant le programme de la Gadna suggère qu’ « il n’y a pas place pour l’hésitation, pour la critique ou autres signes de ce genre. Tout le monde, y compris les parents, doit contribuer à l’effort de la conscription. » [Paragraphe présent seulement dans la version anglaise - NdT]

Lancer un assaut avec sa section, marche de nuit avec brancards, exercice de tir à la cible et octroi de crédit à l’entrée à l’armée sur base des bons résultats obtenus lors de ces activités : voilà une partie des points du nouveau programme fixant le cadre de la semaine de « Gadna » (bataillons de la jeunesse) dans les écoles du secondaire en Israël. Le nouveau programme, qui a récemment été discuté entre le Ministère de l’Enseignement et le département sécurité-société du Ministère de la Défense, met, beaucoup plus qu’auparavant, l’accent sur des valeurs patriotiques et de combat. « C’est comme si le programme avait été rédigé dans les années 50 du siècle dernier. Il perpétue une conception sécuritaire », dit le professeur Daniel Bar-Tal à l’école de pédagogie de l’Université de Tel Aviv.

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Il y a aujourd’hui 73.000 élèves en classes de 11e dans le secteur juif (réseaux officiel et religieux-officiel), et 16 à 19.000 d’entre eux participent à la semaine de « Gadna ». Au Ministère de l’Enseignement, on serait intéressé par une extension significative de cette participation.

Aux dires d’un professeur de Tel Aviv, qui accompagne depuis des années des classes à l’entraînement de la « Gadna », le cadre actuel comprend des exercices de tir et une initiation à la tradition de combat, mais pas d’exercices d’assaut ni de campement de nuit sur le terrain. « Dans l’assaut en lui-même, il n’y a pas de valeurs et il n’est pas nécessaire d’y entraîner les étudiants », dit-il, « L’objectif de la ‘Gadna’ est d’ouvrir une fenêtre sur l’armée, pas de transformer les élèves en fantassins. Il est beaucoup plus sage de relier les élèves à la réalité, par exemple parler des dilemmes quotidiens dans les Territoires ».

Il y a deux semaines, le directeur général du Ministère de l’Enseignement, Shmouel Abouav, a organisé une discussion sur le changement de structure de la « Gadna » élaboré par des personnes du département Société et Jeunesse du Ministère. D’après l’avant-projet du programme qui est parvenu à « Haaretz », l’entraînement proposé comprendrait notamment : tests d’aptitude physique, test d’aptitude à l’armée, marche de nuit avec brancards et campement de nuit sur le terrain, trois leçons sur les armes s’achevant par des exercices de tir, des leçons sur la tradition du combat et des leçons sur des thèmes comme la « pureté des armes » et les « valeurs au combat ».

Au-delà de la transmission d’une information à jour sur l’armée israélienne et sur les diverses possibilités de recrutement, on peut lire que « l’accent sera mis sur l’obligation pour l’individu de contribuer au mieux de ses capacités durant son service dans l’armée israélienne, dans un sentiment d’appartenance à un peuple, à une terre, à un Etat, aux valeurs de l’armée israélienne et aux normes qui y ont cours ». Un autre principe est que « l’obligation de l’individu à contribuer au service militaire au mieux de ses capacités afin d’assurer la préservation de l’existence de l’Etat et sa sécurité est, pour le citoyen, une obligation de premier ordre ». Un paragraphe stipule que « même si nous partons de l’hypothèse qu’il existe une forte motivation à accomplir un service militaire combattant significatif dans l’armée israélienne, il y a encore place pour un renforcement de cette motivation, sous l’angle des valeurs et du nationalisme ».

« C’est la mainmise de l’armée sur une école secondaire censée être le fondement de la société civile », dit en réaction à ce programme le professeur Matanya Ben Artzi, de l’Université Hébraïque, dont le fils Yoni a été incarcéré pour son refus d’être enrôlé, motivé par son pacifisme. « Le programme oppose les valeurs qui conduisent à l’engagement dans des unités de combat avec les autres valeurs qui sont tenues ici pour inférieures. L’idée de se réaliser soi-même acquiert une valeur négative, égoïste ».

De l’autre côté, au Ministère de l’Enseignement, on dit que « tant que l’engagement dans l’armée israélienne est une obligation, le système de l’enseignement doit s’atteler à la tâche ».

Sous l’intitulé « Responsabilité directe du directeur d’école », le programme décrète qu’un des rôles du directeur d’école est « de se soucier du nombre de ceux qui se présentent à l’entraînement et de s’occuper de ceux qui sont absents sans motif ». Selon des sources au Ministère de l’Enseignement, « la responsabilité du processus incombe au directeur d’école ». Il n’est pas encore précisé quelle sanction sera prise, ni s’il y aura sanction, contre un directeur dont seul un petit nombre des élèves de 11e de son école participe à la semaine de « Gadna », « mais il se peut qu’ils soient amenés à répondre à des questions à ce sujet », ajoutent nos sources.

Afin d’encourager la participation des élèves à la semaine de « Gadna », le programme propose l’octroi de crédits aux élèves par l’armée israélienne elle-même (par exemple, dans la préférence donnée parmi les demandes d’engagement au sein d’une unité d’élite), mais aussi « l’octroi de crédits à l’équipe enseignante et à la direction de l’école au prorata de la bonne volonté manifestée par les élèves à l’entraînement et de leurs résultats au cours de celui-ci ».

Le programme propose que l’activité éducative portant sur le service militaire soit étalée sur trois années et soit transmise « par des gens remplissant des fonctions dans l’école et dans l’armée israélienne ». Dans ce cadre-là, il est proposé qu’avant le départ pour l’entraînement de la « Gadna » en 11e année, l’école organise, en après-midi, 6 à 8 rencontres pour s’occuper de questions comme la coordination des attentes des élèves et débattre de « l’armée israélienne et la société israélienne ».

La Ministre de l’Enseignement, Youli Tamir, réagit en disant que le programme ne lui a pas encore été communiqué. « Nous inculquons aux élèves la responsabilité citoyenne et sociale à l’égard de l’Etat, ce qui inclut le service militaire. Si l’armée nous aide à encourager l’idée d’une telle responsabilité, il est clair que nous la soutiendrons dans le programme ».

Esquisse du programme

1. L’entraînement proposé inclut des tests physiques, des cours sur les armes et sur des questions comme la « pureté des armes » et les « valeurs au combat ».

2. Les élèves qui participeront à la « Gadna » [bataillons de la jeunesse], auront la préférence parmi les demandes d’engagement dans une unité d’élite.

3. Les directeurs d’écoles porteront une responsabilité directe dans la participation des élèves aux entraînements et auront à s’occuper des élèves absents.

(Traduction de l'hébreu : Michel Ghys)

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