FREE PALESTINE
28 décembre 2006

La procédure change, l’entrée est toujours interdite

Amira Hass

Haaretz, 26 décembre 2006

www.haaretz.co.il/hasite/pages/ShArtPE.jhtml?itemNo=805726

Version anglaise : Expected rule change could re-unite thousands in West Bank

www.haaretz.com/hasen/spages/805528.htm

Israël a promis de cesser d’interdire l’entrée aux Palestiniens citoyens américains et européens.

Enaya Samara, Hayan Jua'beh et Somaida Abbas ne sont que trois parmi les milliers de Palestiniens ayant une citoyenneté étrangère, qui attendent impatiemment la publication des nouvelles procédures d’entrée dans les Territoires. Selon ce qui a été promis, les procédures du bureau de coordination des actions du gouvernement dans les Territoires – procédures qui seront mises au point en coordination avec le vice-ministre à la défense Ephraïm Sneh – permettront à des milliers de Palestiniens de retrouver leurs familles et leurs maisons en Cisjordanie, après un séjour forcé à l’étranger durant les six à douze derniers mois. Les nouvelles procédures sont censées permettre à des milliers de Palestiniens et leurs conjoints citoyens de pays occidentaux de continuer à visiter les Territoires et même à y séjourner pour des périodes prolongées. Pourtant, divers témoignages qui sont parvenus à « Haaretz » révèlent que, pour des citoyens étrangers, l’entrée dans le pays continue d’être interdite, en dépit du fait que le conjoint ou des membres de la famille résident dans les Territoires.

Ces deux dernières semaines, les représentations diplomatiques ont averti leurs citoyens du changement de politique, et cela en s’appuyant sur l’assurance donnée par le coordinateur des actions dans les Territoires, le général Yossef Mishlav, qui a rencontré les représentants de l’Union Européenne le 13 décembre. Ephraïm Sneh a confirmé à « Haaretz » que le Ministère de la Défense travaillait à l’instauration d’une nouvelle politique ayant pour objectif « d’alléger et non d’alourdir, de simplifier et non de compliquer ». Il a préféré ne pas entrer dans les détails du fait que les procédures doivent encore être mises au point.

Dès son entrée en fonction, en octobre dernier, Ephraïm Sneh a pris l’initiative d’une rencontre avec le Ministre de l’Intérieur, Roni Bar-On, pour discuter du phénomène des interdictions d’entrée. La rencontre s’est tenue le 13 novembre et on y a décidé de poster au pont Allenby et à l’aéroport Ben Gourion des représentants du bureau de coordination des actions dans les Territoires, et que ce seraient eux qui décideraient (en coordination avec le Ministère de l’Intérieur) si et à qui accorder un permis de visite.

Mais en attendant, il apparaît que le Ministère de l’Intérieur et le coordinateur des actions dans les Territoires continuent d’interdire l’entrée dans le pays à des citoyens étrangers en dépit du fait que leurs proches sont des résidents permanents des Territoires. D’autres ont reçu, au passage de frontière, un visa d’entrée pour un temps limité (une semaine ou un mois). En outre, 105 personnes – toutes conjoints ou enfants d’habitants palestiniens – ont introduit une demande de prolongation de visa via l’administration civile. Le 19 novembre, leurs passeports leur ont été rendus portant l’estampille « dernière prolongation ». Ephraïm Sneh dit qu’il s’agit de « vestiges de la situation antérieure » et que le 10 décembre, la catégorie des « dernières prolongations » a été abolie.

Le changement de politique ne s’applique pas aux dizaines de milliers de conjointes d’habitants des Territoires, citoyennes jordaniennes pour l’essentiel, ni aux centaines d’autres qui sont originaires de pays d’Europe de l’Est. Depuis l’éclatement de l’Intifada, Israël interdit l’entrée de citoyens de pays arabes et d’Europe de l’Est et ils doivent introduire une demande de visa.

Samara (citoyenne américaine), Jua'beh (citoyen irlandais) et Abbas (citoyen suédois) – dont les récits ont été rapportés ici au cours de ces derniers mois – ont, comme des centaines d’autres venus d’Europe ou d’Amérique, été touchés, l’année dernière, par le changement de politique d’Israël à l’égard de l’entrée dans les Territoires de citoyens de pays occidentaux. La majorité d’entre eux sont des conjoints de Palestiniens ou bien ils sont nés dans les Territoires mais la politique israélienne leur a fait perdre leur statut de résident. Pendant des années, on leur a permis de demeurer avec leurs familles en Cisjordanie, comme « touristes » et ils renouvelaient leur visa touristique tous les trois mois, et Israël a permis à quelques uns d’entre eux de recevoir le statut de résident.

Comme on l’a rapporté pour la première fois dans « Haaretz » en juillet 2006, le gouvernement a modifié cette politique, sans annoncer ce changement ni même le reconnaître, au début. Aux points d’entrée terrestres et maritime en Israël, le nombre de ceux qui se sont vus refuser l’entrée a augmenté. Selon diverses estimations, il s’agit de quelques dizaines de milliers de citoyens des Etats-Unis, d’Europe et d’Amérique du Sud, qui vivent de façon permanente dans les Territoires, comme « touristes », qui vont et viennent. On ne dispose pas de chiffres indiquant combien d’entre eux n’ont pas rejoint leur famille cette année. Beaucoup d’autres ne sont pas partis pour renouveler la période de validité de leur visa touristique, de crainte qu’on ne les autorise pas à revenir, et ils se retrouvent maintenant dans la catégorie des « délinquants ». Il semble bien que des milliers se sont abstenus de venir en visite après avoir appris le changement de politique.

Des Palestiniens citoyens des Etats-Unis et d’Europe ont créé un groupe d’action qui a éveillé l’attention des médias internationaux, et ont présenté cette interdiction d’entrée comme une discrimination. Le Département d’Etat américain s’est plaint auprès de l’ambassade d’Israël à Washington et les représentants de l’Union Européenne en Israël ont, de leur côté, introduit une protestation à ce propos.

Ephraïm Sneh dit avoir pris l’initiative de ce changement non pas du fait des pressions américaines mais parce qu’il s’agissait là d’une « politique stupide, contraire aux intérêts israéliens ». Les représentants européens ont rapporté à leurs citoyens que, d’après le coordinateur des actions dans les Territoires, le général Mishlav, c’est le Ministère de l’Intérieur qui a décidé d’empêcher l’entrée de citoyens américains et européens. Au Ministère de l’Intérieur, on dit que la responsabilité de l’entrée des touristes dans les Territoires a toujours été entre les mains du Ministère de la Défense et du coordinateur des actions dans les Territoires, et que la décision de refuser l’entrée a été prise lors d’une réunion commune des représentants du Ministère de l’Intérieur, du Ministère de la Défense et le coordinateur des actions dans les Territoires.

(Traduction de l'hébreu : Michel Ghys)

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