FREE PALESTINE
6 décembre 2006

L’espoir s’estompe

Ghassan Khatib
publié le mercredi 6 décembre 2006.

http://www.bitterlemons.org/issue/p...woman1_small

" Le cessez-le-feu récemment déclaré entre Palestiniens et Israéliens était différent et intervenait dans un contexte différent des nombreux cessez-le-feu de ces six dernières années de confrontations violentes entre les deux côtés. Malheureusement, il a de commun avec les précédents cessez-le-feu sa fragilité et il n’est pas considéré comme durable."

Quand il a été annoncé, il a été accueilli avec optimisme non seulement par les Palestiniens et les Israéliens mais aussi par le monde extérieur. La principale inquiétude venait du fait qu’il ne se fondait pas sur un processus politique qui pourrait le soutenir et le faire évoluer.

C’est toujours le même problème. Il est démontré par une longue et amère expérience qu’il ne faut laisser aucun vide dans les relations Palestiniens/Israéliens. Ou il y a confrontation, ou il y a négociation. La raison en est que les deux côtés ont des objectifs fermes pour lesquels ils oeuvrent indépendamment de tout contexte.

Les Palestiniens veulent la fin de l’occupation coûte que coûte. Quelquefois, ils poursuivent cet objectif par la résistance armée et quelquefois, dans le cadre d’un processus politique. Dans les deux cas, les Palestiniens ne renonceront pas à leur indépendance et leur liberté. Les Israéliens, de leur côté, veulent consolider l’occupation et exercer différents niveaux de contrôle sur les Palestiniens. Ceci est imposé soit directement par l’armée soit, de préférence et à chaque fois que c’est possible, par la mise en œuvre d’un processus politique. Pour ces raisons, de nombreux dirigeants politiques et analystes étaient inquiets ; si le cessez-le-feu intervenait en dehors d’un contexte politique qui pourrait persuader les parties de la primauté des négociations sur la confrontation, alors il ne tiendrait pas longtemps. Malheureusement, c’est exactement ce qui semble se produire en ce moment.

Hors de tout contexte politique, les autres aspects des rapports entre les deux côtés ne sont pas considérés. Du siège de Gaza qui provoque pauvreté et frustration on ne parle pas, pendant qu’en Cisjordanie, non seulement les arrestations et les meurtres se poursuivent, les restrictions aux déplacements n’ont jamais été aussi draconiennes, mais les colonies juives continuent de s’agrandir en violation du droit international. Pour les Palestiniens, le cessez-le-feu se transforme ainsi en un outil permettant à Israël d’imposer son occupation et ses mesures sans que ça ne lui coûte rien. Pour les Israéliens, cependant, l’absence de processus politique accroît leur crainte d’un réarmement des groupes palestiniens et d’un retour à une nouvelle période de combats.

Un aspect nouveau dans ce cessez-le-feu était que pour la première fois, le Hamas était le pendant politique et militaire d’Israël. Le Hamas était partie prenante au cessez-le-feu après avoir reçu l’engagement de sa direction extérieure, en partie pour affirmer son pouvoir en montrant qu’il était capable de faire respecter un cessez-le-feu. En cela, avec le cessez-le-feu, le Hamas réalisait partiellement un gain sur le plan politique à court terme.

C’est aussi vrai du côté israélien. Les tirs continus de roquettes sur le sud d’Israël avaient contribué à faire monter la pression sur le gouvernement du Premier ministre, Ehud Olmert, et pour faire relâcher cette pression, Olmert avait besoin d’un cessez-le-feu.

Régionalement, dans le même temps, le peuple avait espéré que le cessez-le-feu offrirait une occasion à la communauté internationale pour s’engager davantage. Ce fut certainement un signal pour les ministres des Affaires étrangères d’une dizaine de pays dans le monde pour venir dans la région.

Etonnamment cependant, la plupart de ces représentants sont simplement venus pour s’enquérir de la situation et « encourager » les parties à aller de l’avant. Le peuple fut déçu qui s’attendait à ce que les représentants du Quartet, du G8 et autres, insistent de tout leur poids auprès des parties pour les obliger à reprendre les négociations politiques. Le peuple avait aussi espéré que ces représentants oeuvreraient activement à faire cesser les souffrances de caractère humanitaire qui lui étaient imposées et obligeraient les parties à reconnaître et appliquer le droit international.

Mais avec de telles activités diplomatiques, limitées à explorer la situation, les rapports Palestiniens/Israéliens vont continuer à se détériorer et la fin du cessez-le-feu semble imminente. Liée à tout cela, les relations entre Palestiniens, surtout après l’échec du dialogue interne pour former un gouvernement d’unité nationale, vont-elles aussi se détériorer.
------------------------------------------------------------------------

Ghassan Khatib est le co-éditeur de bitterlemons.org et de bitterlemons-international.org. Il a été ministre de la Planification de l’Autorité palestinienne et a été analyste politique et le contact pour les média pendant de nombreuses années.
Ghassan Khatib
publié le 4 décembre sur bitterlemons.org

Commentaires
Derniers commentaires
Recevez nos infos gratuites
Visiteurs
Depuis la création 865 225
Archives