!!Génocide à Gaza: J415!! 'Israël' a transformé la bande de Gaza en couloir de la mort
Le misérable territoire a subi des destructions immenses et les morts s’enchaînent au gré des bombardements quotidiens sans que le monde ne réagisse
Les journalistes étrangers y sont toujours interdits par l’occupant israélien, mais les informations sortent du petit territoire. Tous les jours. Grâce aux journalistes gazaouis, pourtant décimés (plus de 130 tués en un an), grâce aux vidéos envoyées par la population, grâce aux agences de l’ONU ou grâce aux quelques ONG présentes sur le terrain. Et ces informations se révèlent effarantes.
À la tête du Norwegian Refugee Council, Jan Egeland, ancien ministre et ex-diplomate, a pu se rendre sur place, et tweetait le 6 novembre: «J’ai vu une destruction défiant l’imaginable, de Rafah jusqu’à Gaza-ville. La destruction d’une société entière de plus de 2 millions de personnes, dans un territoire restreint, densément peuplé. Il ne s’agit en aucun cas de légitime défense.»
On peut accumuler indéfiniment les témoignages. Comme celui de Philippa Greer, cheffe du département juridique de l’Unrwa à Gaza, commentant des images terribles qu’elle envoyait sur X ce 9 novembre: «Aujourd’hui, en entrant dans la ville de Gaza. Les ruines de la vie. Un âne gisant mort attaché à une charrette avec les biens de quelqu’un. Des groupes de personnes traversant vers le sud, avec trop de choses vu la longueur du voyage, à marcher sous le soleil. Un homme portant un drapeau blanc devant sa famille. Des femmes sur le point de s’effondrer, traînant des sacs sur le sol, marchant à reculons, s’arrêtant et fermant les yeux. Un homme par terre en sous-vêtements, avec des soldats près du poste de contrôle. Une femme traversant probablement avec lui, désemparée, désespérée.»
Les chiens errants mangent des cadavres
Le journal israélien Haaretz a interrogé Georgios Petropoulos, chef du bureau de Gaza de l’OCHA (coordination des affaires humanitaires à l’ONU). Ses propos sont plus que dérangeants. Extrait:
«Petropoulos affirme que l’odeur des cadavres en décomposition imprègne toute la bande de Gaza. Elle émane des décombres, sous lesquels des personnes ont été enterrées, et des chiens courent avec des restes humains dans la gueule. “Les chiens sauvages sont partout. Lorsque vous voyez une meute de chiens, il y a de fortes chances qu’ils se tiennent autour d’un cadavre. Un de mes collègues a poursuivi un chien qui tenait dans sa gueule le pied d’un enfant mort. Parfois, lorsque nous passons devant des postes de contrôle militaires, nous ramassons les corps des personnes qui y ont été abattues et nous les remettons à la Croix-Rouge”.»
Le Grec a accumulé les expériences traumatisantes. «Il y a six mois, M.Petropoulos a assisté à une frappe contre un haut responsable du Hamas à Khan Yunès.
“Cela ressemblait à Nagasaki”, se souvient-il. “Ils ont compté les corps et 70 personnes se sont évaporées. Lorsqu’ils ont bombardé Mawasi le 10 septembre, je suis tombé de mon lit et les dix ou vingt personnes qui se trouvaient dans des tentes avant l’attaque ont disparu. J’étais aussi à l’hôpital après le bombardement, et cela ressemblait à un abattoir. Il y avait du sang partout”.»
Sur le réseau X le 7 novembre, Jonathan Witthall, chef ad interim de l’OCHA pour les territoires occupés, fait ce constat lugubre: «Tous les habitants de Gaza ont l’impression d’être dans le couloir de la mort. S’ils ne sont pas tués par des bombes ou des balles, ils suffoquent lentement par manque de moyens de survie. La seule différence est la vitesse à laquelle on meurt. Le monde a échoué à Gaza.»
«Notre travail consiste à aplatir Gaza»
Le gouvernement israélien souligne qu’il ne fait que se défendre, qu’il combat et veut annihiler le Hamas à Gaza, l’organisation palestinienne islamiste qui avait commis les atroces attaques terroristes (? - nous mettons un point d’? - ndlr-MCP) en ‘Israël’ le 7 octobre 2023. Mais l’ampleur des pertes civiles (évaluées à plus de 47.000 – chiffre mis à jour par MCP - et sans doute bien plus encore) et des destructions dans la bande de Gaza donne à penser que d’autres desseins se cachent derrière les buts officiels.
En atteste entre autres le comportement de l’armée israélienne à Gaza. Car, en dépit des affirmations de l’armée qui dit traquer les éventuels excès des soldats, ces derniers envoient toujours fièrement – et cela depuis un an – des vidéos de leurs «exploits» à Gaza. Le site dropsitenews.com a collecté les histoires diffusées sur Instagram et les messages quotidiens partagés par les soldats d’une unité, le bataillon de génie de combat israélien 749. Cet extrait en dit long:
«Notre travail consiste à aplatir Gaza», lit-on dans la légende d’une vidéo publiée par un soldat de la compagnie D9 en septembre. «Dans la vidéo, l’unité est en train de raser plusieurs maisons du quartier de Zaitoun (à Gaza). Le commentaire de la compagnie sur le billet dit: “Personne ne nous arrêtera.”»
La volonté d’oblitération de la bande de Gaza exprimée par nombre de soldats ne semble pas aller à l’encontre des ordres donnés. Dès début janvier, l’historien français Vincent Lemire faisait ce constat dans Le Monde: «Ce n’est plus une guerre pour “éradiquer” le Hamas, c’est une dévastation volontaire, systématique et délibérée, pour extirper les civils de la bande de Gaza, par la mort ou par l’exode, par la famine ou par l’épidémie.» Tout se passe comme si l’armée israélienne s’était acharnée à lui donner raison.
Les plus enthousiastes pour cette solution radicale en ‘Israël’ vont plus loin. Ce que constatait récemment pour le dénoncer l’ancien ministre et ex-membre du cabinet de guerre Gadi Eizenkot à la Chaîne 12 israélienne: «Une partie centrale de la coalition [gouvernementale] travaille à la réalisation des objectifs cachés, à savoir l’arrivée d’un gouvernement militaire dans la bande de Gaza et le retour des colonies à Gaza.»
«Nettoyage ethnique» dans le Nord
Le gouvernement a en tout cas décidé qu’un nettoyage ethnique – l’expression est sur bien des lèvres et figure d’ailleurs dans le dernier rapport de l’ONG américaine Human Rights Watch consacré aux déplacements forcés qui concernent 90% de la population du territoire de Gaza – serait mené dans le Nord, où les agglomérations Jabalia, Beit Hanoun et Beit Lahia sont soumises à un traitement de choc pour en chasser toute la population qui y réside encore.
Les trois derniers hôpitaux qui fonctionnaient encore tant bien que mal dans le Nord ont subi des assauts en règle. L’agence de presse américaine Associated Press (AP) a récemment publié une enquête à ce propos. «Certains patients craignent maintenant les hôpitaux, refusant d’y aller ou partant avant que le traitement ne soit terminé», conclut l’article. “Ce sont des lieux de mort”, a déclaré Ahmed al-Qamar, un économiste de 35 ans du camp de réfugiés de Jabalia, au sujet de sa peur d’emmener ses enfants à l’hôpital.
L’AP évoque «une guerre dans laquelle les hôpitaux ont été ciblés avec une intensité et une transparence rarement vues dans les conflits modernes». L’enquête contredit les assertions israéliennes selon lesquelles les hôpitaux servent de bases opérationnelles au Hamas, fondées sur «peu ou pas de preuves».
Il relaie aussi des témoignages glaçants, comme à propos de l’hôpital El-Awda: «Les survivants et les administrateurs de l’hôpital racontent qu’au moins quatre fois, des drones israéliens ou des snipers ont tué ou grièvement blessé des Palestiniens essayant d’entrer. Deux femmes sur le point d’accoucher ont été abattues et sont mortes en saignant dans la rue, selon le personnel. Salha, l’administrateur, a vu des tirs tuer sa cousine, Suma, et son fils de 6ans alors qu’elle amenait le garçon pour traiter ses blessures.»
Haaretz: «Une tache morale pour le pays»
Malgré une approbation assez générale des actions de leur armée à Gaza au sein de la population israélienne, des voix s’élèvent contre ce consensus. Ainsi en est-il du journal Haaretz, dans son éditorial du 6 novembre:
«La guerre est menée sans considération pour le droit international. C’est comme s’il n’y avait pas de civils à Gaza, pas d’enfants et pas de conséquences pour nos actions. Le désir de se venger de l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 s’est transformé en une guerre brutale et débridée constituant une violation flagrante des lois de la guerre et, pire encore, qui sera retenue comme une tache morale pour le pays.»
Le mot ‘génocide’ est encore quasi tabou en ‘Israël’. Pas à Gaza, ni à l’ONU. En tout cas pour Francesca Albanese, rapporteure spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés, par exemple dans son constat le 5 novembre: «’Israël’ détruit les Palestiniens de Gaza de bien des manières. La plus complexe et la plus cruelle est de créer des conditions de vie intenables et inhumaines. Il ne faut pas appeler cela une “guerre”. C’est un génocide. Les motifs n’ont aucune importance. L’intention (c’est-à-dire la détermination) de détruire est évidente et sans équivoque. La complicité d’autres Etats est tout aussi évidente.»
En effet, face à l’accumulation des crimes de guerre et contre l’humanité, les Etats-Unis et les Européens restent comme tétanisés, incapables de dire les choses. A une rarissime exception près, unique par sa franchise et qui ne sera sans doute pas répétée, celle d’Emmanuel Macron, qui évoquait l’action d’’Israël’ au Liban, mais a fortiori aussi dans la bande de Gaza puisqu’elle y est encore plus dramatique: ’’On parle beaucoup, ces derniers jours, de guerre, de civilisation ou de civilisation qu’il faut défendre’’, a dit le président français le 24 octobre, avant d’ajouter: ’’Je ne suis pas sûr qu’on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie.’’
Baudouin Loos -
13.11.24
Source: lesoir.be